Rencontre avec Amélina LEFRANT, la nouvelle coach de Mûrs-Érigné Basket, une jeune femme de caractère, de trente et un ans. Elle nous présentera son parcours sportif et comment elle est arrivée dans le milieu du basket. Ensuite, elle reviendra sur la saison avec le club du Saumur Loire Basket, puis elle nous donnera les raisons d’avoir accepté le challenge du Mûrs-Érigné Basket. Après de nombreux départs dus à une saison dernière compliquée, son premier objectif sera de rebâtir un groupe de joueuses qui sera capable de répondre aux joutes de la Nationale Féminine 3.

Bonjour Amélina, pouvez-vous, nous présenter votre parcours sportif et comment êtes-vous arrivée dans le basket ?

“Mon parcours sportif n’est pas mirobolant ! J’ai commencé à l’Espérance de Sées dans l’Orne en catégorie Benjamine. Pour faire plaisir à mon frère, Wilfried, qui créait une équipe féminine. Nous étions les seules filles au club, on jouait au niveau départemental. Deux années plus tard, un club plus important m’a appelé pour le niveau régional, mais j’ai refusé deux ans de suite. J’étais trop attachée à mes couleurs. Un vrai coup de foudre !

Et puis mes coéquipières sont parties à la fac (elles avaient trois ans de plus que moi), j’ai été chercher des joueuses débutantes, ou anciennes joueuses de basket pour pouvoir continuer de jouer. Je distribuais des flyers sur le marché de Sées !! Très clairement, le niveau n’était pas très bon, mais on s’en fichait, on gagnait nos matchs. Durant trois ans de suite, j’ai reconstruit une équipe, j’ai fait correspondante de club, présidente, puis trésorière… Vous comprendrez que je l’aimais vraiment beaucoup mon club !

Puis, j’ai fini par aller jouer à Alençon, au niveau régional. J’y ai passé une très belle année. J’étais licenciée et dirigeante à l’Espérance de Sées, prêtée à l’UBCUA, et j’entraînais à Bellengreville dans le Calvados !

Ensuite, j’ai joué pour le club dans lequel j’étais salariée pendant deux ans, puis je suis partie à ES Argences Basket en région, puis pré-national : l’esprit de compétition me manquait. Le club m’a embauché après ma première saison avec eux. J’y ai eu de très bons résultats avec mes seniors hommes et surtout de très bons moments.

Puis, j’ai entraîné à l’Avant-Garde Caennaise en NF3. Nous finissons quatrième, à deux points des play-offs… alors que personne ne nous voyait gagner un match… Nous avons dû nous battre, et pas uniquement sur le terrain pour y arriver. Cela a été une année extraordinaire. L’AGC est une vraie famille. Mes anciennes joueuses m’en parlent encore !

Et puis un autre défi m’attendait à Saumur ! J’y suis restée trois ans. Les objectifs étant remplis, j’ai souhaité partir pour un autre challenge.”

Pouvez-vous revenir sur la saison avec Saumur Loire basket et votre collaboration avec Nadir NAÏDJI ?

“La saison passée est plus que satisfaisante, mais elle reste légèrement amère. Je suis une vraie compétitrice, j’en veux toujours plus. Nous étions en position pour jouer les play-offs, mais une véritable hécatombe de blessures est arrivée. Alors, on a fait comme tout le monde, on est tombée, on s’est relevée, puis on a fini comme on a pu. J’espère que Val (Valentine Gautier) et Mona (Mona El Bakkouche) reviendront encore plus fortes pour cette nouvelle saison.

Ma collaboration avec Nadir ? Que dire… ? Avec Nadir, cela fait dix ans que l’on se connaît. Il m’a fait venir en connaissant mon caractère et j’ai accepté l’offre en connaissant le sien. Il y a eu quelques étincelles qui nous ont toujours fait rire après coup. Nadir, il faut le suivre, car cela va vite dans sa tête. Il est connu pour ces “petits” coups de sang pendant les matchs, mais c’est bien plus que cela. Il s’investit tellement dans son équipe, pour ses joueuses, pour son club, je peux vous dire que bien des clubs rêveraient d’un gars qui en fait autant !”

Comment êtes-vous devenue entraîneur de basket ?

“Au début, le basket, c’était les cartes de collection NBA de mon frère, ces magazines et les VHS qu’il enregistrait et regardait en boucle… Puis, j’ai commencé à aider pendant les entraînements. Après, je préparais même les séances d’entraînement du salarié ! Et j’ai fini par entraîner. Cela s’est fait très naturellement. J’allais chercher dans les entraînements que mon frère faisait à ces U15 et U17. Et puis, j’ai arrêté les cours, et j’ai trouvé un club qui cherchait un jeune en contrat aidé. J’ai continué d’apprendre sur le tas, et ensuite, j’ai commencé à me former. Ce fut une très bonne école ! Cela fait maintenant douze ans que je suis entraîneur salariée, dix-sept ans que j’entraîne et tous les jours, j’apprends encore de nouvelles choses ! C’est plutôt cool non ?”

Pourquoi avoir accepté le challenge de Mûrs-Erigné Basket et comment cela s’est passé ?

J’ai entendu pas mal de rumeur à la fin du championnat, alors j’ai pris mon téléphone et j’ai appelé Christophe, le président. Je lui ai dit ce que j’avais entendu et j’ai demandé ce qui était vrai et faux (rire). Ce fut aussi simple que cela. Je lui ai fait savoir que je recherchais un club, que je souhaitais coacher à nouveau.”

Et pourquoi avoir le club de Mûrs-Érigné basket ?

“Je ne sais pas si je devrais le dire (rire). Sincèrement… l’équipe redescendait en National 3, beaucoup de joueuses quittaient le navire, et beaucoup avaient vécu une saison difficile. Sur le papier, cela ne vend pas du rêve. Et j’aurais pu accepter d’autres défis qui ont de quoi faire briller les yeux. Mais parfois, il y a des choses qui ne s’expliquent pas… Les personnes que j’ai rencontrées portent beaucoup d’affection pour leur club. Les joueuses m’ont fait rire.

Je me suis souvenue de mes années à l’ESAB et l’AGC. Il n’y avait pas de gros moyens, mais beaucoup de cœur…Et ce gros gloubi-boulga qu’il y a à Mûrs-Érigné m’y a fait penser. Et puis, plus le défi est grand, plus la victoire est belle ! (sourire)

Il y a aussi le projet club qui me plaît. Je retrouve l’aspect formation du joueur et entraîneur que j’affectionne beaucoup et la compétition avec l’équipe NF3. Je pense m’y retrouver.”

Quels seront vos objectifs sportifs pour cette nouvelle saison ?

“Ah ! C’est là qu’il faut être prudent ! Il y a du cœur, il y a de l’envie, mais il ne faut pas brûler les étapes. Tout le monde aimerait retourner vite en National 2, et on aurait pu être repêché. Mais avant, il faut évidemment beaucoup de travail, mais surtout de la patience. Je vais devoir me canaliser également. Il y a beaucoup de changements : l’équipe est jeune, l’entraîneur arrive et l’effectif a été pas mal chamboulé. La priorité sera de se maintenir, évidemment. Notre poule est très dense, et de très bonnes équipes nous attendront, le dimanche. Cette saison, ce n’est pas faire son Guy Roux de dire qu’il faudra prendre les matchs un par un et voir ce que cela donne.”

Pouvez-vous nous parler de votre nouveau club et si vous connaissiez du monde avant de vous engager ?

“Absolument pas ! Enfin, si je connaissais l’équipe NF2 comme adversaire. J’avais étudié l’équipe, puisque l’on se rencontrait. Voilà tout. J’ai découvert le club au fur et à mesure, et je le découvre encore.”

Pouvez-vous nous parler de votre mercato estival ?

Les départs, il y en a eu plus d’un ! Claire Lainé est partie voir plus haut au Poinçonnet (coaché par un autre Normand ! (sourire)), plusieurs joueuses ont arrêté, car elles n’ont pas bien vécu leur saison passée et parce que je n’ai pas réussi à les convaincre de rester. D’autres avaient d’autres projets non compatibles.

Pour les arrivées, Carole Naudin avait déjà signé et j’en étais ravie ! Ensuite, j’ai souhaité de jeunes joueuses qui avaient les crocs ! On a regardé dans les niveaux inférieurs et nous avons signé Louise Garreau et Marine Duveau de Pommejeannais. Pour moi, l’état d’esprit des joueuses est très important. C’est ce qui fait la différence entre un rassemblement de personnes et une équipe.

Et puis, il y a aussi Jade Braud (seize ans) et Adèle Saudeau (quatorze ans), deux jeunes joueuses qui évolueront avec le groupe des cadettes en championnat, mais qui font partie intégrante de l’équipe. Elles joueront en cas d’absence ou de blessure d’une des trois mutées.

Il y a les “anciennes” avec Marine Bernard, Camille Malinge (qui fait également partie du groupe U18F), Amandine Chemineau, Élise Vieira et Chloé Naudin.

On souhaite garder une place pour les U18 filles, et nous cherchons toujours une joueuse non mutée qui corresponde au profil recherché.”

Pour conclure, avez-vous un mot pour les supporters qui vous suivront cette saison ?

“Bien sûr ! Quand j’étais à Saumur, le club de supporters des Horsons était vraiment présent et bruyant ! Quand on jouait contre Mûrs-Érigné, il y avait la bataille sur le terrain, mais aussi dans les tribunes. C’est cool de jouer dans des ambiances comme celle-là. Et les joueuses se sentent vraiment soutenues et se transcendent encore plus. Alors on compte sur vous, joueuses, staff pour continuer de venir nous encourager, car cela fait vraiment la différence.”