Le mardi 28 mai dernier, de nombreuses personnes ont eu l’honneur de porter la flamme olympique dans l’agglomération angevine. Parmi elles, Dorothée MERIAU, ancienne athlète paralympique en équipe de France de basket fauteuil. Ayant participé aux Jeux de Londres en 2012, elle reviendra avec nous sur cet événement, son parcours avec la flamme et son travail de sensibilisation autour des personnes en situation de handicap.

Bonjour Dorothée, est-ce que vous pourriez vous présenter, vous et votre parcours ?

“Je m’appelle Dorothée Meriau, j’ai 41 ans, je suis maman de 2 enfants et auto-entrepreneur. J’ai été 7 ans en équipe de France de basket fauteuil entre 2010 et 2017 où j’ai participé à deux championnats d’Europe et aux Jeux paralympiques de Londres en 2012 où nous avons fini 10e. À côté de ça, je suis élu dans le comité départemental olympique et sportif du Maine-et-Loire. Ce sont eux qui m’ont désigné comme porteuse de la flamme. Je suis également responsable de la section basket fauteuil d’Angers Handisport.”

Comment avez-vous découvert le basket fauteuil ?

“Par hasard. En fait, j’ai rencontré mon coach par hasard à une soirée et il m’a demandé quelle activité je pratiquais. À l’époque, je faisais du Hand Fauteuil, il m’a dit de venir à l’entraînement de basket fauteuil et je ne suis jamais parti. C’est une main tendue que j’ai su saisir à un moment donné.”

Vous avez subi à grave accident lors d’un cours de gymnastique qui a bouleversé votre vie puisque aujourd’hui, vous êtes en fauteuil roulant. Comment on se relève d’un accident pareil ?

“C’est l’entourage. J’ai eu cette chance d’avoir un entourage familial, amical, très soutenant et qui n’était pas dans l’assistanat, mais très présent, très soutenant et qui m’a beaucoup encouragé. Ils n’ont jamais rien fait à ma place, à l’exception des choses que je n’étais, physiquement, plus capable de faire de moi-même. Ça, ça a été une vraie force, car j’ai très vite compris que j’étais capable de faire beaucoup de choses. Il y a eu aussi le sport qui a été pour moi une ressource importante parce qu’avant cet accident, j’étais sportive. Je me destinais à un métier dans le sport, professeur d’EPS. Le fait de pouvoir continuer une activité sportive, même si elle était différente et qu’elle se pratiquait de manière différente, ça a été pour moi une continuité. Ça a été essentiel pour moi dans ma reconstruction.”

Quelques années plus tard, en 2012, vous participez aux Jeux Paralympiques de Londres avec l’équipe de France de basket fauteuil. Est-ce que la participation à cet événement que sont les Jeux Paralympiques représente, pour vous, une revanche contre ce qui vous est arrivé ?

“Je ne le prends pas comme une revanche, mais plutôt comme un aboutissement. Même si, en tant qu’athlète handisport, j’étais amateur, il faut concilier la vie professionnelle, familiale et sportive, ça demande beaucoup de concession et d’investissement. Je le vois plus comme un accomplissement, la concrétisation d’un rêve et un beau cadeau pour tous ceux qui m’ont encouragé. Les Jeux étaient exceptionnels et ça l’a été d’autant plus que ma famille et mes amis étaient sur place, car ils avaient fait le déplacement. Il y avait cette notion de partage, car je ne me suis pas construite toute seule, ça a du sens et de la valeur si je suis en mesure de le partager.”

Si nous prenons votre carrière sportive dans sa globalité, quels sont vos meilleurs souvenirs ?

“Les Jeux, c’est sûr ! Après, il y en a plusieurs. Il y a le match qui nous a permis de nous qualifier pour les Jeux Paralympiques de Londres lors du championnat d’Europe de 2011 contre l’Espagne parce que ça faisait 20 ans que l’équipe de basket féminine n’avait pas participé aux jeux paralympiques. Je pense qu’il y a la cérémonie d’ouverture parce qu’à chaque fois, quand on fait des compétitions, on est entre basketteurs et basketteuses, là, on représente une nation avec toute une délégation et disciplines confondues. C’était un moment très fort, surtout de se dire que ça y est, on y est !”

Quelques années après les Jeux, vous décidez de créer une association, Handizan, est-ce que vous pouvez nous en dire plus ?

“J’ai créé Handizan en 2018 parce que depuis que j’ai eu mon accident, j’ai toujours effectué de la sensibilisation auprès des clubs, des écoles, des entreprises, des centres de formation. Dans le cadre de mes anciennes missions de travail, j’en faisais de façon plus spécifique dans l’activité dans laquelle j’étais salariée. Cela ne s’est pas très bien terminé donc je ne voulais plus de l’activité salariale, mais je savais que j’avais toujours cette envie de partager mon parcours de vie. Pas pour parler de moi, mais pour montrer que même si on a une différence, dans mon cas, un handicap, on est en capacité de faire et de réaliser de belles choses et, que ce ne soit pas parce qu’on a eu une épreuve dans sa vie, un accident ou autre, que notre vie s’arrête. Donc, j’ai créé cette auto-entreprise qui me permet d’intervenir auprès de tout public pour justement montrer qu’on peut vivre dans une société où le vivre-ensemble prédomine. Je ne parle pas d’inclusion ni d’intégration, mais de vivre ensemble parce qu’on a tous à s’apporter les uns les autres.”

Pour vous récompenser de tous vos efforts de sensibilisation, vous avez été désigné pour porter la flamme olympique à Angers. Qu’est-ce que vous avez ressenti lorsqu’on vous a annoncé cela ?

“Je n’y croyais pas (rire). La sensation de ce dire que ce n’est pas vrai, que ce n’est pas possible. Après, beaucoup de joie, j’étais comme une dingue, ça me paraissait complètement improbable.”

Est-ce que le moment ou vous avez porté la flamme olympique était encore plus émotionnelle que lorsqu’on vous l’a annoncé ?

“C’était différent parce que je l’avais appris il y a quelque temps. J’ai eu le temps de m’y préparer. Quand ça a été officialisé, j’ai fait beaucoup d’interventions, j’ai beaucoup communiqué. J’ai pu parler de la flamme et du fait que j’étais relayeuse et de ce que ça représente dans de nombreuses écoles angevines et du département de manière générale. J’en avais beaucoup parlé en amont donc j’avais une forte impatience. J’avais hâte que le moment arrive et j’ai eu la chance d’être sur le début du parcours, donc j’ai pu avoir accès à ma famille et mes amis. Là, encore, j’étais dans une notion de partage. Il y avait du monde tout autour du parcours. Je l’ai vécue de façon très intense, mais avec cette envie de partager, car cette flamme n’est pas seulement aux relayeurs, mais elle appartient aux Français, à tous ceux qui s’investissent. Il y a tellement de bénévoles qui travaillent, s’investissent et donnent de leur temps dans les clubs, qui méritent tout autant. Ce sont aussi tous les gens qui m’entourent, qui œuvrent pour le mouvement sportif que ce soit dans le monde valide ou par rapport aux personnes en situation de handicap qui méritent cette flamme. J’étais très fier, c’était très intense, j’avais vraiment cette envie de pouvoir partager et d’être en communion avec tous les gens présents.”

Est-ce que vous êtes toujours impliqué dans la préparation des joueuses pour l’équipe de France féminine de basket fauteuil ?

“J’ai organisé un stage il y a deux ans sur Avrillé dans le cadre de la préparation aux jeux. Je suis encore en contact avec certaines joueuses, mais de moins en moins, car plus ça va plus le temps passe. J’essaye déjà de débloquer au niveau local, de former des nouveaux joueurs, de recruter, de permettre à des personnes d’avoir une activité sportive en étant en situation de handicap. Je ne suis pas impliquée, mais je les suis bien évidemment, mais de loin.”

Quel message aimeriez-vous faire passer à nos lecteurs ?

“On parle beaucoup des jeux, de la flamme olympique, on parle d’une élite. Mais avoir une activité physique, c’est hyper important pour le corps et pour la tête. Je veux inciter les gens à aller vers une activité physique régulière pour se sentir bien, en forme et pouvoir rencontrer des personnes aussi. Ça peut également permettre de sortir de l’isolement, qu’on soit en situation de handicap ou non. Le sport nous permet d’être dans le partage, tout en prenant du plaisir.”