Johan Rathieuville : Le sport collectif, c’est des individus qui s’emboîtent et qui trouvent parfaitement leur place dans l’équipe (2/2)

Dans cette deuxième partie d’interview avec Johan Rathieuville, nous avons abordé le recrutement d’Ali Bouziane, les grandes réussites de la saison dernière et les objectifs de recrutement pour le mercato estival en cours, notamment l’arrivée d’Aurel Brena-Chemille.

C’est vous qui êtes allé chercher Ali Bouziane l’année dernière. Qu’est-ce qui vous avait plu chez lui ?

“En fait, c’est une personne que je ne connaissais pas du tout. Disons que je le connaissais à travers la parole d’autres personnes ou grâce à son passif de joueur pro. Ce qui a fait la différence, c’est son charisme et ce qu’il dégage. C’est pour ça que j’ai démarché son agent assez tôt dans la saison afin de l’avoir en entretien. J’ai galéré parce qu’il était encore en compétition avec les jeunes de Chalon, et finalement, on l’a rencontré le 1er mai, le matin du tournoi du club. Nous avions presque signé un autre candidat, mais Ali Bouziane représentait le coach idéal qui rentrait parfaitement dans nos critères de sélection.”

Quand vous avez construit l’effectif avec Ali Bouziane, vous espériez faire une saison comme celle-là ou ça a dépassé vos attentes ?

“Ça a dépassé les attentes effectivement, mais quand on a construit l’équipe, elle était vraiment bien équilibrée. On voulait des joueurs qui avaient des objectifs personnels, mais dans un objectif collectif. Le sport collectif, ce sont des individus qui s’emboîtent et qui trouve parfaitement leur place dans l’équipe. Si derrière il y a du bon coaching, tout de suite les résultats seront là. Donc nous avons réalisé une magnifique saison.”

Vous vous concertez avec certains joueurs cadres avant de faire signer de nouvelles recrues ?

“On ne pose pas spécialement beaucoup de questions aux joueurs parce que chacun a des idées précises sur comment doit fonctionner un groupe et comment il doit être construit. Il faut emboîter les joueurs en fonction du style de jeu qu’on veut et en fonction du management qui va être mis en place. Et il faut ensuite hiérarchiser les joueurs dans l’équipe, mais ce n’est pas parce qu’il y en a un qui a un statut différent qu’il ne va pas avoir un rôle important dans l’équipe. Il faut donc faire comprendre à tout le monde que le mec qui vient en rotation en tant que neuvième ou dixième joueur est autant impliqué dans l’objectif qu’un joueur majeur.”

“Il faut qu’on utilise cette base d’expérience pour pouvoir performer l’année prochaine.”

Ce rôle est discuté en amont de la signature avec le joueur ?

“On voit ça en début de saison avec le staff en échangeant sur ce qu’on a pu voir sur la prépa et sur ce qu’on a pu voir avant le recrutement. Après, ce n’est pas parce qu’il a un rôle bien défini en début d’année, qu’il aura le même à la fin. On a par exemple Yohan Choupas qui est arrivé en rotation et qui est devenu un joueur majeur en performant sur le terrain. Ce sont des rôles vraiment bien définis, et je pense que la réussite de notre saison est notamment liée à ça.”

Nous avions déjà posé la question à Ali Bouziane il y a quelques jours, mais de votre point de vue de directeur sportif, quels sont vos objectifs pour le mercato estival ?

“C’est évidemment d’avoir une équipe performante pour la Pro B qui est un championnat très dense. Il faut qu’on construise notre équipe dans le but de se maintenir, ce qui représente notre objectif principal. Nous serons une nouvelle fois la dernière masse salariale donc il faut se fixer des objectifs en lien avec les moyens de notre structure. Je pense que c’est quand même plus simple que l’année dernière puisqu’il a fallu recruter un nouveau staff technique composé d’un coach qui n’avait jamais exercé en Pro B, de deux assistants qui n’avaient eux aussi jamais coaché en Pro B, et d’un directeur sportif, moi, qui étais dans sa première année. Maintenant, on a une année d’expérience donc on va s’en servir, et on a un groupe de joueurs qui connaissent la Pro B alors qu’il la découvrait l’année dernière avec Stéphan Gauthier, Kevin Lavieille, Shawn Tanner, Arthur Minkonda et Michael Akuchi qui sortait de l’université et qui était donc un pari. Donc on a quand même cinq joueurs qui restent et qui connaissent le championnat de Pro B. Il faut qu’on utilise cette base d’expérience pour pouvoir performer l’année prochaine.”

Avec les départs des leaders que sont Jonathan Augustin-Fairell et Akaemji Williams, vous allez tenter de retrouver des leaders ?

“Il faut savoir qu’avant cette année, Jonathan Augustin-Fairell n’avait jamais été leader d’une équipe de Pro B. C’était donc un pari pour lui et un pari pour nous, qu’il a plus réussi. Nous sommes contents qu’il trouve un club qui pourra lui proposer plus d’argent que chez nous. C’était l’objectif pour lui et pour nous qu’il nous aide à nous structurer et à nous maintenir. Il va falloir qu’on trouve des joueurs avec un certain charisme et sur qui nous pourrons avoir des garanties. On a parlé de Jonathan Augustin-Fairell et d’Akaemji Williams, mais il y a aussi Youri Golitin qui part alors que c’est quelqu’un qui nous avait apporté de la stabilité dans le jeu. Donc on va devoir trouver des joueurs qui vont pouvoir combler ces trous-là, mais je n’ai pas de doute qu’on trouvera la bonne alchimie et la bonne construction d’équipe pour performer l’année prochaine.”

Aurel Brena-Chemille est un joueur qui avait un gros potentiel en sortant du Pôle France et qui en était l’un des leaders avec Rayan Rupert et Melvin Ajinca. Il vient de signer à l’EAB, mais avec la grave blessure qu’il a subi l’année dernière, vous êtes quand même confiant sur son développement ?

“Nous sommes très confiants. Nous avons de bons signes sur sa rééducation. Il reprend les entraînements normaux depuis quelque temps. Il aurait pu aller en équipe de France, mais il ne l’a pas fait et j’estime que c’est une bonne chose pour l’année prochaine. C’est un joueur qui travaille et qui est très investi dans son projet individuel, mais aussi dans un projet collectif puisqu’il a signé deux ans. Il va représenter un très bon joueur de rotation. Il ne faut pas oublier que cette année, on a joué sans deuxième meneur avec la blessure et les sous-performances de Rosaire Malonga, dont on s’est séparé en janvier. Finalement, c’est Yohan Choupas qui a dépanné en deuxième meneur. Donc, maintenant, on repart sur un équilibre d’équipe comme en fin de saison lorsqu’on a battu Lille et Chalon. Nous avions beaucoup plus d’équilibre collectif quand Raijon Kelly et Louis Rucklin sont arrivés pour remplacer à la mène. Avec l’arrivée d’Aurel Brena-Chemille on rééquilibre ce poste avec de la qualité.”

Comment va se passer la prépa cette année ?

“Pour l’instant, les joueurs sont au repos même si certains commencent déjà à s’entraîner. Les entraînements collectifs reprendront le 16 août et nous ferons une ouverture à la presse le 17 au soir.”

Les matchs amicaux sont déjà planifiés ?

“Nous allons en disputer quatre. On va jouer face à Lorient, une équipe de N1, et face à Nantes, La Rochelle et Orléans qui sont en Pro B. Le but de ces matchs, c’est de ne pas trop perdre d’argent sur la prépa en jouant face à des équipes qui ne sont pas loin, mais qui sont compétitives. Nantes va vouloir se relever après une saison catastrophique, La Rochelle, c’est une équipe promu de l’année dernière, mais qui a des ambitions de montée, et enfin Orléans qui fait partie des favoris pour la montée.”

Pour terminer, votre objectif l’année prochaine, c’est donc d’essayer de se maintenir tout en visant plus haut ?

“On voit souvent en Pro B que les équipes qui veulent jouer le maintien en début de saison finissent par se qualifier pour le playoffs. Il y a tellement peu d’écart entre l’équipe qui se maintient et la dernière équipe qualifiée pour les playoffs que la huitième place reste atteignable. En plus, l’année prochaine, il n’y aura pas de montée directe, il n’y aura qu’une montée pour le vainqueur des playoffs, donc toutes les équipes vont vouloir se situer dans les huit premières places. Notre objectif est donc clairement défini, nous devons nous maintenir. Si à sept ou huit journées de la fin, on a réussi à valider notre maintien, ça veut dire qu’on sera dans la course aux playoffs, sinon dans tous les cas, nous bataillerons pour garder notre place en Pro B.”