Nous sommes allés à la rencontre de Nelson BERNARDES, l’entraîneur des Yankees SCO d’Angers. Il nous a fait le point sur la saison de l’équipe. Il soulignera aussi l’importance qu’il accorde à l’intégration des jeunes joueurs au sein de son groupe. Ensuite, il nous partagera des valeurs qui lui sont chères dans ce sport, et nous expliquera les progrès qu’il a pu constater.

Bonjour Monsieur BERNARDES, vous avez fini à la 4ème place de votre poule, pouvez nous faire un bilan de la saison et nous exprimer vos ressentis ?

“La saison aurait pu être meilleure, ça, c’est sûr. On aurait pu et dû en faire davantage, surtout avec un effectif qui le permettait. Maintenant, on sent qu’il y a un palier qui a été franchi. Nous avons été plus proches des équipes, qui par le passé, étaient bien devant nous. Il y a eu des matchs plus serrés où la physionomie a laissé montrer de bonnes choses à l’avenir, pour que le groupe confirme dans la durée. J’ai un peu de frustration puisque dans de multiples rencontres, nous sommes passés à travers. On assure le minimum légal en s’accordant le maintien, avec notamment deux victoires contre les Dockers de Nantes, sur des matchs très défensifs qui ont mis en avant notre défense.”

En début de saison, l’objectif donné était le maintien ?

“Non, le maintien, ce n’est pas tant un objectif, c’est la première étape. La cible sera toujours la même pour un sport de combat, c’est de savoir gagner les matchs. Concrètement, notre désir, c’est d’aller chercher les play-offs. Mais le but, c’est aussi de battre des équipes qui prétendent aux play-offs. Le format actuel offre peu de chances puisqu’il n’y a qu’une équipe par groupe qui peut se qualifier pour ce tournoi. Cependant, les Kangourous de Pessac nous ont vaincus à deux reprises sur trois faits de jeu, alors que les matchs étaient équilibrés. Au final, ils finissent deuxièmes de la poule. On est pas loin, mais il manque encore une étape, ça peut aller très vite.”

Vous parlez de la défense comme un point positif, voyez-vous d’autres aspects positifs ? Quels sont les axes d’amélioration pour les autres années ?

“Oui, notre défense est un point positif. On avait un groupe qui était expérimenté, rapide, réactif, agressif et qui s’est développé sur la ligne défensive. Cette année, nous avons été bien plus efficaces dans le jeu au sol. Par la suite, nous avons eu plusieurs nouveaux joueurs qui étaient très intéressants et qui ont très vite appris. Je pense qu’ils vont pouvoir nous apporter dès la prochaine saison. Ensuite, nous avons un état d’esprit de groupe sur lequel on va pouvoir s’appuyer.”

Vous avez déjà dit que vous mettiez de l’importance dans la formation. Essayez-vous d’intégrer quelques u20 à votre groupe ?

“Oui, tout à fait, on a proposé à quelques joueurs d’être surclassés, qui ont proposé des statuts différents. Cette année, notre quarterback était un U20. On a fait le choix de le faire monter afin de laisser la chance à un autre U20, dans son équipe respective, pour qu’il puisse se former plus tôt. Par la suite, on a intégré d’autres joueurs, certains dans le processus de préparation pour l’année prochaine. On les intègre progressivement.”

Avez-vous des principes ou des valeurs que vous avez particulièrement mis en avant ?

“Pour moi, il y en a au moins trois. Tout d’abord, il y a la solidarité. Pour certains, on est le sport le plus collectif. Le rôle de chacun est essentiel à chaque action. C’est un point qui est primordial pour amener une équipe à la victoire. Chacun doit être prêt à faire des sacrifices que ce soit sur des actions ou sur l’ensemble de l’année, dans les entraînements et le temps de visionnage vidéo. Par la suite, je parlerais d’abnégation. C’est un sport exigeant qui peut se jouer jusqu’à la dernière minute. On insiste beaucoup là-dessus, car il demande encore une fois, énormément de sacrifices et d’investissements. Pour finir, je dirais la combativité. Il y a de l’opposition, des fois, on rencontre des personnes plus fortes que nous, mais il faut chercher à les dépasser, par le travail tactique, technique ou physique. C’est donc essentiel.”

Comment allez-vous aborder le mercato estival ? Quels sont les aspects clés que vous recherchez lors du recrutement de nouveaux joueurs pour votre équipe ?

“C’est un peu particulier parce que l’on reste dans un niveau amateur. Moi, je suis le directeur sportif du club et ma démarche, c’est de chercher à former les joueurs du club, pour qu’ils arrivent à un niveau de technicité plus élevé. Après, on a des contacts avec certains joueurs, mais on reste un sport où nos concurrents sont à plus d’une heure de route. Donc, ça reste des choix de vie. On ne souhaite pas aller chercher des joueurs, on préfère qu’ils fassent la démarche eux-mêmes afin qu’ils démontrent leur envie. Notre méthode n’est pas juste de recruter des joueurs pour compenser l’équipe. Après, ce sont des choses courantes dans ce football, mais cela nécessite d’avoir des arguments. Nous, on propose une structure solide avec un encadrement et des infrastructures de qualité.”

Avez-vous vu une progression dans cette équipe, depuis que vous y êtes coach ?

“J’ai constaté une progression dans le niveau d’exigence pour la compétition. On a beaucoup plus d’athlètes qui prennent le temps d’aller dans les salles de musculation et de s’intéresser aux analyses vidéo. Nous avons fait franchir un palier au club, depuis plusieurs années. C’est une culture de club et de sport, qui s’est développée. Les joueurs ont bien compris qu’il y a un développement physique et de temps de travail supplémentaire à prendre en individuel. On peut le remarquer en défense comme en attaque. On reste une structure solide dans tous les niveaux de compétition où l’on se présente. On a un niveau technique bien établi.”

Vous avez grandi au sein du football américain Parisien, diriez-vous que c’est très différent de celui pratiqué à Angers ?

“Je n’aime pas forcément comparer les deux puisque ce n’est pas la même époque. Mais, par exemple, quand vous parliez de mercato. À Paris, il y a une facilité à recruter et de motiver des joueurs à nous rejoindre, car ils vont faire 30 minutes de trajet pour aller dans le club. En fonction des encadrements et des dynamiques, les effectifs peuvent vite prendre un bon niveau. Nous, nous ne sommes pas dans cette configuration. Notre club travaille avec des passionnés de ce sport, donc, ça reste limité. On est un bassin moins étendu de joueurs et d’encadrants. En matière de niveau, à Paris, il reste supérieur, mais quand nous parlons d’infrastructure, il n’y a pas de réelles différences. Nous avons des encadrements et des terrains de qualité. En Île de France, il y a de tout, on retrouve des structures qui sont bien évidemment supérieures, mais d’autres, où à Angers, on a rien à leur envier. Après, j’ai pu remarquer des changements dans le style de jeu et dans les règles, qui rendent la comparaison incomparable. Avant, on était un peu plus libre. Par la suite, j’ai connu de très bonnes équipes dans l’histoire du championnat de France, mais dire qu’elles sont meilleures que celles d’aujourd’hui, je ne pourrai pas vous le dire.”

Quels sont vos meilleurs souvenirs dans le football américain ?

“Personnellement, sur mon premier souvenir, je vais jouer la carte locale. Quand, j’ai fait ma première saison chez les Yankees, on arrive à décrocher une place pour les play-offs. C’est l’une des rares fois où le SCO est allé à ce stade, en troisième division National. C’est un beau souvenir, car on avait accompli l’objectif de compétition, sur un match. On savait quand gagnant le dernier match, on se qualifiait, donc, ça a été l’un de mes meilleurs souvenirs. Ensuite, à titre personnel, j’ai eu la chance de gagner un titre régional en ouverture de la finale du championnat élite. C’est marquant par les émotions que j’ai traversées.”