Dans cette première partie de notre interview avec Johan Rathieuville, le directeur sportif de l’EAB, nous allons revenir sur son arrivée au club et nous allons aborder concrètement son rôle, les multiples missions qu’il doit accomplir pour le bien-être de l’effectif.

Bonjour Johan, après votre carrière de basketteur en 2018, vous êtes directement allé à l’EAB. Au moment de la signature, l’objectif était déjà de devenir directeur sportif ?

“Oui, c’était mon objectif. Quand tu démarres une carrière professionnelle à 18 ans, tu arrêtes tes études tôt, donc l’objectif à la fin de celle-ci était de rentrer dans un club. On m’a d’abord proposé un poste de commercial au club, ensuite, je suis passé responsable administratif, et il y a deux ans maintenant, j’ai fait une formation de directeur sportif. Mais j’avais déjà prévenu les dirigeants du club que si je n’avais pas cette évolution-là, je partirais de la structure.”

Vous connaissiez déjà le club en plus comme vous aviez joué à l’ABC et à l’Etoile d’Or Saint-Léonard ?

“Oui, je connaissais la structure, mais elle avait changée. J’ai joué entre 2003 et 2006 à l’ABC en Pro B, et j’ai joué entre 2007 et 2010 à Saint-Léonard en N1 et N2. Donc oui, ça a changé, mais beaucoup de personnes sont encore présentes. Angers, ça reste ma ville de cœur donc j’ai suivi le lancement de l’EAB en sachant qu’il n’y a eu que l’année de N2 avant que je n’arrive au sein du club.”

“J’étais très proche de mes coachs et du staff technique quand j’étais joueur donc je connaissais les rouages du métier”

Le poste de directeur sportif est un poste qui est souvent sous-estimé dans un club et donc on n’en entend pas beaucoup parler. Est-ce que vous pouvez décrire votre fonction au sein du club ?

“Avant la saison, je dois la préparer. C’est-à-dire que je dois trouver le staff sportif, comme l’année dernière avec la recherche d’un nouveau coach. Ensuite, en corrélation avec le coach, on travaille sur la construction d’un effectif. Je dois faire le maximum pour pouvoir construire une équipe compétitive tout en reliant cet objectif au point de vue financier. Après, on retrouve également tout ce qu’il faut faire en amont de la saison, de la préparation avec les matchs amicaux à la relation avec le staff médical. Je dois m’occuper aussi du bien-être des joueurs dans le sens où quand les joueurs viennent à Angers, il ne faut pas qu’ils aient à se poser d’autres questions que celles en rapport avec leurs performances sur le terrain. Donc je m’occupe par exemple du logement et de leurs déplacements, soit tout ce qui peut être anticipé sur leur bien-être. Enfin, je dois gérer les relations avec les agents des joueurs et avec la Ligue. Donc il y a une multitude de tâches différentes hors du terrain. Sur le terrain, j’ai le droit de donner mon avis, mais en aucun cas, je prends des décisions.”

Ça vous aide votre passé de joueur de haut niveau dans votre métier ?

“Oui, bien sûr, puisque j’ai vécu toutes ces étapes-là en tant que joueur. J’étais meneur de jeu et surtout, sur quinze ans de carrière, j’ai été capitaine pendant treize ans. J’étais très proche de mes coachs et du staff technique quand j’étais joueur donc je connaissais les rouages du métier. Je pense que c’est essentiel d’avoir un passé de sportif pour comprendre et anticiper certaines prises de décision.

C’est plus compliqué de construire un effectif quand on a le plus petit budget de Pro B ?

“Je dirai que oui, c’est plus dur parce que dès qu’on fait une proposition, il ne faut pas qu’elle soit surévaluée parce qu’on ne pourra pas suivre les offres des clubs concurrents.”

Donc ça demande beaucoup plus de scouting (observation de joueur) ?

“Il faudrait en faire plus, mais comme je le disais avant, quand on est directeur sportif, il y a énormément de missions. Donc le problème, c’est que pendant la saison, je le fais quand je le peux, mais je n’ai pas forcément le temps. Il faudrait beaucoup plus de temps pour aller voir des matchs, me déplacer, sentir l’atmosphère d’un joueur et échanger avec des coachs et d’autres directeurs sportifs. Autre mission dont je ne t’ai pas parlé, c’est aussi de choisir les hôtels, le mode de déplacement ou encore les restaurants. Ça demande énormément de temps parce qu’en fait, comme on n’a pas beaucoup d’argent, il faut faire énormément de devis. Donc si on compte bien, ça fait 23 matchs extérieurs et donc ça prend beaucoup de temps, en plus des autres missions. Donc j’arrive à trouver du temps pour scouter, mais c’est compliqué.”