Charles Caudrelier a franchi la ligne d’arrivée, au large de Brest, ce mardi 27 février à 08 h 37 42″. Leader sans discontinuer depuis le 17 janvier dernier, le skipper du Maxi Edmond de Rothschild remporte la première course autour du monde en solitaire en multicoque après 50 jours 19 heures 7 minutes et 42 secondes de mer.
Ce succès s’est bâti sur trois piliers : un potentiel de vitesse renforcé par la maîtrise du vol hauturier, la fiabilité technique, fruit d’une solide expérience acquise pendant six ans, et la gestion du risque. Au final, ces 51 jours de mer auront été autant marqués par la capacité du Maxi Edmond de Rothschild à accélérer que par les choix de l’équipe de freiner à des moments-clés.
La consécration d’un marin, d’une équipe et d’une idée.
Ce titre récompense à la fois le métier d’un marin qui a pris le temps de progresser, étape par étape, jusqu’à se constituer un des plus beaux palmarès de la course au large internationale, et l’ambition d’un armateur, qui, depuis près de 150 ans, n’a cessé de chercher à armer des bateaux capables de gagner tout en contribuant à la progression de l’état de la science.
Intégré en 2019 dans le Gitana Team en même temps que Franck Cammas, Charles Caudrelier a apporté sa connaissance des exigences d’un tour du monde. Double vainqueur de la Volvo Ocean Race notamment, il a su accompagner la progression technologique de ce bateau né pour voler. En quatre saisons, il s’est constitué le palmarès le plus fourni de la classe Ultim avec de sacrées victoires : Brest Atlantiques (2019), Rolex Fastnet Race (2019 et 2021), Transat Jacques Vabre (2021), Finistère Atlantique (2022) et Route du Rhum – Destination Guadeloupe (2022).
Faire naître le premier bateau à voler au large, c’était l’ambition du baron Benjamin de Rothschild et son épouse Ariane de Rothschild, créateurs de l’écurie de course Gitana Team en 2000. En 2011, l’équipe quitte les circuits monocoques pour renouer avec l’aventure des multicoques, acquérant un MOD70, un vivace trimaran de 70 pieds. Deux ans après la naissance du maxi-trimaran Edmond de Rothschild, en 2017, les incertitudes sont chassées et, avec à la barre Franck Cammas et Charles Caudrelier, le vol hauturier fait la démonstration de sa pertinence.
La victoire de la maîtrise et de la fiabilité.
Ces derniers mois encore, la fiabilité du Maxi était encore le sujet des préoccupations, tandis qu’approchait l’échéance du tour du monde. Après une Transat Jacques Vabre frustrante à l’automne dernier, marquée par de nombreuses avaries (système de barre, foil) et terminée à la 3e place, l’équipe s’était employée pour réparer et repartir de l’avant.
Dès les premiers jours, malgré un départ dans le bon tempo, il a dû composer avec une brèche dans son carénage avant. Il n’empêche, Charles a tenu bon, a résisté au rythme de Tom Laperche (SVR-Lazartigue) jusqu’à l’avarie de ce dernier, avant de s’envoler en tête de course. S’il s’est offert le record de l’océan Indien en solitaire et en multicoque (8 jours et 8 heures) et s’est attaché à gérer son avance, le marin n’a pas été épargné.
Il y a eu l’attente avant de franchir le cap Horn, veiller à ne pas croiser des icebergs, résister aux conditions toujours changeantes de l’Amérique du Sud avant de se résoudre à s’arrêter aux Açores la semaine dernière pour laisser passer une nouvelle dépression. De son retour en course samedi à son arrivée ce mardi, les plus de 1 200 milles n’ont pas été faciles non plus, tant les conditions étaient exigeantes. Désormais, Charles peut enfin exulter. Il boucle en vainqueur son premier tour du monde en solitaire, remporte sa troisième circonvolution (avec ses deux victoires à la Volvo Ocean Race) et s’affirme un peu plus comme un des meilleurs skippers de l’époque.
La victoire de Charles Caudrelier en chiffres.
Heure d’arrivée : 08 h 37 min 42 sec
Temps de course : 50 jours 19 min 37 min 42 sec
Milles parcourus : 28 939.03 milles
Vitesse moyenne réelle : 23,74 nœuds
Vitesse moyenne sur l’orthodromie : 19,93 nœuds