Emmené par le Ballon d’Or africain, Victor Osimhen, les Super Eagles étaient en quête d’un quatrième sacre continental, après 2013, contre le Burkina Faso (1-0). En face, le parcours romanesque des Ivoiriens, repêchés miraculeusement à l’issue de la phase de groupes, les a emmenés jusqu’à leur cinquième finale de la Coupe d’Afrique des Nations, portés par la ferveur d’un pays en liesse qui espérait un troisième triomphe après 1992 et 2015. La Côte d’Ivoire présentait la particularité de ne jamais avoir marqué de but en finale de la CAN, en quatre participations. Ses deux succès avaient été conquis aux tirs au but contre le Ghana, en 1992 et en 2015.

Dans un stade Alassane Ouattara remplit aux couleurs orange des maillots ivoiriens, ce sont les Nigerians qui donnent le coup d’envoi. Les Nigérians jouent de façon directe dans cette entame de match pour se projeter rapidement. Mais ce sont les Eléphants qui vont avoir la première occasion. Adingra, à gauche de la surface nigériane, se met sur son pied droit pour centrer entre le point de penalty et les six mètres. Haller se jette et, du droit, effleure le ballon qui tutoie la base du montant opposé (7e) ! Le Nigeria, en difficulté, hésite à presser au-delà de la ligne médiane, de crainte de libérer des espaces, au contraire de la Côte d’Ivoire qui développe son jeu. Le corner botté à droite par Max-Alain Gradel n’a rien donné, mais la Côte d’Ivoire demeure dans le camp nigérian. Seko Fofana se signale ensuite avec un tir du droit à une vingtaine de mètres, Stanley Nwabali bloque le premier effort cadré de la finale (14e). La domination est à mettre au crédit des Ivoiriens. Nouveau corner pour les Ivoiriens, après une tête hasardeuse de Sanusi. Le centre d’Adingra part du côté droit, Ndicka pique sa tête au second poteau, Gradel est sur la trajectoire et signe un retourné acrobatique à bout portant, qui termine dans le petit filet (21e). Les Nigérians s’évertuent à moins subir en jouant plus haut. Lookman obtient un coup franc, pris en étau entre Gradel et Seri. Sanusi le négocie, à trente mètres, décalé dans l’axe gauche, son centre enroulé du gauche ne trouve pas preneur au second poteau. Haller, servi aux vingt mètres à droite, donne en retrait à Kessié qui renverse intelligemment le jeu à gauche. Sa passe en profondeur alerte Adingra qui arrive dans la zone de vérité, son tir du gauche de près est détourné par Nwabali au premier poteau (34e).

Les Super Eagles ouvrent le score !

Kossonou se jette devant Sanusi pour contrer son centre. Le Nigeria obtient à gauche son premier corner. Seri saute au premier poteau et prolonge, malgré lui, de la tête en cloche au second. Et Troost-Ekong surpasse Aurier pour lober Fofana de la tête (1-0, 38e). C’est le cinquième but en soixante-cinq sélections pour le capitaine nigérian William Troost-Ekong. Les Super Eagles ont ouvert le score contre le cours du jeu à Abidjan. Le Nigeria fait le dos rond pour cette fin de première période. L’Ivoirien Haller, à l’entrée de la surface de réparation, propose un ballon lobé sans contrôle du gauche vers Kessié qui s’avère trop court, près du poteau. La mi-temps se profile, le milieu ivoirien Seko Fofana prend sa chance du droit à trente mètres plein axe et Stanley Nwabali, avec sang-froid, arrête en deux temps au milieu de sa cage (45e+4). Bien que nettement dominé durant l’essentiel de la première période, le Nigeria a pris les devants dans cette finale, contre le cours du jeu grâce au but sur corner du capitaine Troost-Ekong. La Côte d’Ivoire a pourtant eu des occasions (7e, 14e, 21e, 34e, 45e), mais Nwabali assure entre les poteaux.

Dès le retour des vestiaires, les Eléphants vont faire le forcing pour égaliser. Dans la foulée d’un coup franc mal botté par Gradel à droite, Adingra déborde à gauche et centre fort au sol en retrait. Nwabali se couche pour éloigner de la main gauche, vers Gradel dont le tir s’avère freiné par Bassey, à genoux dans ses six mètres (50e). Gradel revient vite à la charge, en transition à droite. Le numéro 15 s’écroule à l’angle de la surface de réparation face à Sanusi ! Un penalty est réclamé ! Gradel a été touché avant d’entrer dans la zone de vérité, pour retomber sur le pied de Sanusi au sol (52e). Seko Fofana oriente l’offensive de la Côte d’Ivoire avec une passe en profondeur à gauche. Adingra en profite, débarque dans la surface de réparation et offre une petite louche astucieuse du droit. Kessié reprend sans élan de la tête au second poteau, Nwabali capte (60e). Ensuite, quelle parade de Nwabali, au pied de son poteau droit pour détourner l’effort, longue distance, de Kossonou ! Le défenseur ivoirien a déclenché du droit à plus de trente mètres (61e).

La Côte d’Ivoire égalise !

Lors du corner, à gauche, consécutif au missile de Kossonou, Adingra enroule son centre du droit au second poteau, Kessié y est esseulé. Sa tête piquée de près débouche sur l’égalisation de la Côte d’Ivoire (1-1, 62e). Il s’agit du neuvième but de Franck Kessié pour la Côte d’Ivoire. En soixante-dix apparitions avec le maillot des Éléphants. De plus, c’est le premier but en finale d’une CAN pour la Côte d’Ivoire. En cinq participations. Le public est en fusion au stade Alassane Ouattara, alors que la domination écrasante de la Côte d’Ivoire porte enfin ses fruits.

Les Ivoiriens sont contraints de reculer et Ademola Lookman provoque à gauche pour le Nigeria, jusqu’à obtenir un coup franc. L’ailier s’en occupe en expédiant la balle au point de penalty, Troost-Ekong s’élève et sa reprise de la tête fuit la lucarne (68e). Le match demeure à sens unique. Les Ivoiriens, constamment dans les trente mètres adverses, insistent sur les ailes. Un centre part de la droite au second poteau, Adingra remise de la tête, Haller rate le cadre avec son retourné acrobatique du droit (74e).

La Côte d’Ivoire double la mise par Sébastien HALLER !

Adingra, intenable, se joue d’Aina avec un crochet éclair à gauche de la surface et enchaîne un centre à mi-hauteur du gauche. Haller est plus vif que le capitaine Troost-Ekong au premier poteau, tend la jambe et donne l’avantage du bout du pied droit (1-2, 81e). C’est le neuvième but en vingt-trois sélections pour Sébastien Haller avec la Côte d’Ivoire ! Il a bénéficié de la deuxième passe décisive du prometteur Simon Adingra dans cette finale de la CAN ! On joue le temps additionnel. Les Nigérians sont à l’attaque depuis le deuxième but ivoirien, c’est au tour des Éléphants de faire bloc aux abords de leur surface de réparation (90e+2). La percussion d’Oumar Diakité ne lui permet pas d’aller centrer au bout de du couloir droit ivoirien. La balle circule en retrait, Wilfried Singo frappe puissamment du gauche à plus de vingt-cinq mètres… le ballon vole trop loin de la lucarne opposée (90e+4). La Côte d’Ivoire ne se pose plus de question à cet instant de la finale, les ballons sont dégagés au loin sans réfléchir. Kessié tente bien de partir dans l’axe pour la contre-attaque mais se fait reprendre avant la ligne médiane (90e+6). Les Éléphants remportent la troisième CAN de leur histoire après 1992 et 2015 ! Le collectif cornaqué par Emerse Faé, dominateur tout au long du match, a su renverser les Super Eagles qui avaient ouvert le score sur corner. Le coup du marteau final revient à Sébastien Haller, héros national.

Les réactions d’après-match :

Emerse FAE (sélectionneur de la Côte d’Ivoire) : “Il fallait que l’on retrouve un groupe, de la confiance, que l’on mette ce grain de folie, parce que contre la Guinée Equatoriale, lors de notre lourde défaite en poule (4-0), on s’était un peu dissocié. Au fur et à mesure que l’on a gravi les étapes, on a joué de mieux en mieux. En finale, on a fait un superbe match, même si on a été mené un but à zéro à la mi-temps, on n’a rien lâché. Il faut féliciter les joueurs, car ils ont réalisé un truc exceptionnel. Remporter la Coupe d’Afrique des Nations, alors que l’on était presque mort, après trois matchs, c’est extraordinaire. Je suis tellement fier pour le peuple. C’est vrai qu’au début de la compétition, il y a eu une cassure entre nous et le peuple, car ils attendaient tellement de nous, ils voulaient que l’on se batte sur le terrain, que l’on mouille le maillot. C’est vrai que lors du premier tour, on a failli à cette tâche. Mais dès que l’on a eu notre deuxième chance, on s’est dit que c’était terminé, que l’on allait relier le lien avec le peuple. On a joué comme des guerriers. Depuis les huitièmes de finale, ils nous le rendent bien, ils sont tous derrière nous, à l’image de la finale où le stade était rempli en couleur orange. Le public a chanté hymne national, plusieurs fois, durant le match. Le peuple mérite ce titre, car on jouait chez nous. C’est fantastique.”

Yahia FOFANA (gardien de but de la Côte d’Ivoire) : “Je pense que l’on a fait un match complet. On est content, car on est en train de vivre un moment exceptionnel. On remercie aussi le Maroc qui a joué le jeu, lors de leur dernier match de poule. Les Marocains n’étaient pas obligés de gagner, il l’on fait, ce qui nous a permis de nous qualifier inextrémiste. C’est le football et notre parcours a été exceptionnel. C’était ma première Coupe d’Afrique des Nations, en plus au pays. Gagner ici, c’est énorme. Je suis très heureux. On va faire la fête toute la nuit.”

Sébastien HALLER (attaquant de la Côte d’Ivoire) : “On espérait tous vivre ce genre de moment. Encore une fois, le match n’a pas été facile et n’a pas été un long fleuve tranquille. On mérite cette victoire. J’ai bon espoir que ce succès fasse du bien à beaucoup de monde. On y a cru jusqu’au bout, j’ai la chance de marquer un beau but. Même blessé, mes coéquipiers m’ont poussé à rester sur le terrain le plus longtemps possible. Et aujourd’hui, si j’ai marqué, c’est grâce à eux. Je me devais de montrer l’exemple et d’essayer de donner le maximum et de ramener la coupe à la maison. Après avoir été malade (un cancer), repenser à tout cela, c’est fort à titre personnel. J’ai eu la chance de participer à cette compétition, même si j’étais blessé et que j’aurais dû rester absent six et à huit semaines. Suivant la rapidité des soins, j’aurais pu jouer seulement mon premier match lors de la finale. Aujourd’hui, ma cheville n’est toujours pas guérie, mais cela valait le coup.”

Franck KESSIE (milieu de terrain de la Côte d’Ivoire) : “Nous étions en mission à domicile. Malgré un début de compétition difficile, on a redressé la tête et on s’est dit que l’on avait tout à gagner. Il fallait que le groupe gagne en confiance et qu’il fallait tout tenter, parce que l’on jouait à domicile. Il fallait prendre des risques. Que cela soit les joueurs sur le terrain, les remplaçants, le staff technique et ceux qui étaient en tribune pour nous encourager, tout le monde à jouer sa partition. D’ailleurs, les supporters ont été le douzième homme durant la compétition. Cette victoire leur appartient. En tant qu’ancien, tu te dois de montrer l’exemple. Les jeunes te regardent et te copient. Tu dois faire attention à l’image et à l’exemple que tu donnes. C’est une victoire collective. Aujourd’hui, on a été récompensé.”

Max-Alain GRADEL (attaquant de la Côte d’Ivoire) : “Gagner une Coupe d’Afrique dans son pays n’est pas donné à tout le monde. Surtout pour moi, après tous les moments difficiles que j’ai passés. Je remercie le peuple ivoirien et tous ceux qui nous ont soutenus. Lorsque l’on était vraiment mal, après nos matchs de poule, j’ai dit aux gars que tant qu’il y avait une chance, il ne fallait jamais abandonner. Cela n’a pas été facile, car on a un groupe très jeune. Mais malgré cela, on a réussi à relever le défi.”

Coupe d’Afrique des Nations, finale.

Nigeria – Côte d’Ivoire : 1-2 (MT : 1-0)

Arbitre : Dahane BEIDA.

Buts : William TROOST-EKONG (38e) pour le Nigeria ; Franck KESSIE (62e) et Sébastien HALLER (81e) pour la Côte d’Ivoire.

Avertissements : Stanley NWABALI (53e) et Ola AINA (90e) pour le Nigeria ; Serge AURIER (53e), Seko FOFANA (87e) et Obite Evan NDICKA (90e) pour la Côte d’Ivoire.

Nigeria : Nwabali, Ajayi, Troost-Ekong (cap.), Bassey Ughelumba, Aina, Onyeka (Moffi, 86e), Iwobi (Yusuf, 79e), Sanusi (Aribo, 86e), Chukwueze (Simon, 56e), Lookman (Iheanacho, 79e), Osimhen. Sélectionneur : José PESEIRO.

Côte d’Ivoire : Y. Fofana, Konan, Ndicka, Kossounou, Aurier (cap.) (Singo, 70e), S. Fofana (Sangaré, 88e), Seri (Lazare Amani, 90e), Kessié, Adingra, Haller (Krasso, 88e) et Gradel (Diakité, 70e). Sélectionneur : Emerse FAE.