Dans ce premier acte, nous sommes partis à la rencontre d’Hichem MOLINA, l’ancien coach de la Croix-Blanche d’Angers qui est maintenant directeur régional sur le pôle F.F.F Academy. Il nous parlera de son rôle ainsi que de l’organisation des écoles de foot et des projets qu’il a réalisé avec son Academy.

Bonjour Hichem, pouvez-vous nous présenter votre parcours ?

“Je suis arrivée dans le milieu du football en 2009, suite mes années post bac. Depuis cette période, j’ai évolué dans deux clubs différents, à l’intrépide d’Angers et à la Croix Blanche, tout en étant parallèlement éducateur sportif pour la mairie d’Angers. Je suis resté une dizaine d’années dans mon premier club, où j’ai été responsable de plusieurs catégories (des U6 à U17) et j’ai passé mes trois dernières saisons à la Croix Blanche sur l’encadrement des U19 et des seniors.”

Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de devenir coach ?

“Depuis ma période à la faculté des sports, j’ai commencé à m’intéresser au coaching en effectuant d’abord mes stages de première année de licence, dans des associations sportives angevines. Puis, au fil des années, j’ai décidé de continuer à me former pour enfin me consacrer uniquement à ce métier.”

En quoi consiste votre rôle au sein de la F.F.F Academy ?

“Le rôle de directeur régional sur le pôle F.F.F Academy est très simple. Nous (il existe plusieurs postes identiques au mien sur tout le territoire) avons comme principale mission de développer notre localité (nombre de licenciés, organisation des entraînements, formation des éducateurs et des joueurs, etc…), mais également accompagner le développement du football local avec l’aide de la fédération saoudienne. Toutes les tâches et les fonctions que l’on pourrait attribuer à un président d’association et d’un directeur sportif font partie de mes missions au quotidien.”

Au niveau du coaching, comment sont repartis les jeunes ?

“Ici, nous avons deux pôles sur Jeddah : un pôle « development / advance » et un pôle “Elite”. Le premier pôle est orienté vers les joueurs qui débutent la pratique ou le sport de manière générale. Il a pour objectif de permettre à nos adhérents de pratiquer une activité sportive régulière sous forme de jeu (trois séances par semaine). Le pôle élite, lui, est dédié aux joueurs arrivant à l’Academy avec un bagage (footballistique et sportif). L’objectif est de les amener vers la performance et la compétition.”

Pouvez-vous nous en dire plus sur l’organisation des écoles de foot en Arabie Saoudite ?

“Il faut déjà savoir que tout ce qui existe en France avec les plateaux le samedi après-midi, cela n’existe pas ici. Les jeunes s’entraînent dans les différentes Academy présentes, plus ou moins compétentes. Certaines sont aussi plus ou moins bien dotées en termes d’infrastructures et d’éducateur même si cela reste très pauvre (en matière de niveau) de manière générale.

Tout ce qui est en lien avec l’impulsion d’une politique technique fédérale (à la française) n’existe pas. C’est-à-dire qu’il n’y a pas de matchs le week-end, pas de compétitions et pas de coupe. Il n’y a absolument rien de ce que l’on connaît en France. Pourtant, les moyens sont colossaux. Les Academy et les clubs ont une vraie force financière, mais il n’y a pas les compétences pour tout mettre en place.”

Vous nous expliquez qu’il n’y a pas de match le week-end, mais quand jouent-ils des rencontres ?

“Ce sont un peu des “Free Games” qui s’organisent chaque semaine. Les Academy se contactent entre elles et essayent d’organiser des matchs amicaux tout au long de la saison. Tu n’as pas de classement et pas de championnat. Il n’y a pas non plus de cadres réglementaires, certaines Academy viennent aux matchs avec des U15 pour jouer contre des U13 et tu n’as pas les moyens de le vérifier. Tout ce qui est de l’ordre de l’aménagement des pratiques, taille des terrains, nombre de joueurs, règles spécifiques par catégorie n’existent pas, mais tout ceci est en passe de changer. A partir de la rentrée prochaine, un nouveau championnat jeune ultra réglementé va voir le jour.”

Par quoi, expliquez-vous cette différence avec la France ?

“La fédération saoudienne n’a entrepris que récemment la volonté de structurer ces championnats amateurs. L’arrivée de Nasser LARGUET, à la direction technique nationale, a impulsé une dynamique sur un travail de fond. Il y a aussi énormément de coachs français au sein de Fédération Saoudienne, preuve que notre savoir-faire en matière de football s’exporte bien. Pour ma part, je suis entouré de quatre coachs français et des coachs locaux (des Sud-Africains, des Irlandais…). Toutes les conditions humaines et matérielles sont réunies. Maintenant, il ne reste plus qu’à bosser.”

Comment se passe la gestion des licenciés ?

“Nous avons des licenciés de U6 à U17 (masculins et féminins). L’Arabie Saoudite a beaucoup évolué, ces cinq dernières années. Le pays est en train de s’ouvrir, mais il reste beaucoup à faire. Les parents attendent des résultats et très vite. Il y a une grosse différence de mentalité et de suivi (niveau parentalité) entre la France et l’Arabie Saoudite.”

Concernant l’évaluation fédérale au sien de votre fédération, pouvez-vous nous en dire plus ?

“Nous avons la chance de recevoir Jean-Claude LAFARGUE (ancien directeur de l’INF Clairefontaine), qui est en charge d’évaluer toutes les F.F.F Academy sur les différents continents (New-York, Montréal, Singapour, Arabie). Nous avons eu un audit en mars derniers, l’occasion pour nous d’être orientés, aidés et de recevoir des conseils, afin de nous améliorer dans nos missions.”

Enfin, quels sont les différents projets que vous avez ou que vous allez mener avec la F.F.F Academy pour ses adhérents ?

“Cette année, nous avons eu la chance d’aller Qatar pour aller voir les matchs de poule de l’équipe de France, pendant la Coupe du Monde. C’était une expérience inoubliable. Nous avions aussi un voyage à Clairefontaine prévu en avril. Malheureusement, il a été annulé à cause des mouvements sociaux en France. Pour les perspectives, nous aurons l’opportunité d’aller voir la Coupe d’Asie qui est organisée au Qatar, en janvier 2024, et très probablement, nous devrions également aller au prochain Euro en Allemagne. D’autres projets sont en passe d’être finalisés avec des clubs de Ligue 1. Nos licenciés auront une saison 2023/2024 riche en football et en voyages également.”