Dès 9h30 ce vendredi, les 55 Class40 faisaient le show devant les remparts de la Cité Corsaire pour leur parade et ouvraient de la plus belle des manières une journée dédiée à l’Océan. À neuf jours du départ, le temps s’accélère à Saint-Malo mais La Route du Rhum – Destination Guadeloupe fait aujourd’hui une pause pour réfléchir à la préservation de son terrain de jeu favori. Un terrain de jeu et une course hors normes résumés en dix chiffres clés.
491 sillages, une préoccupation commune.
Sous les 138 carènes qui tirent encore sur leurs aussières dans les bassins de Saint-Malo, se cachent 491 quilles, dérives, safrans et autres foils. Ces appendices vont se frayer un chemin sur l’Atlantique Nord à partir du 6 novembre. « En Ultim 32/23, le vainqueur sera celui qui aura pu les garder intacts jusqu’à l’arrivée » disait Thomas Coville hier, conscient de la part aléatoire d’une compétition disputée sur un océan de plus en plus encombré.
Cinq conférences sur le thème de l’océan engagé.
Surfrider Foundation Europe, ONG Partenaire de La Route du Rhum – Destination Guadeloupe organisait aujourd’hui une journée de conférences passionnantes sur le thème de “l’Océan Engagé””. Une trentaine d’intervenants se sont relayés pour témoigner de leur engagement à protéger et défendre cet écosystème essentiel pour l’humanité mais ô combien fragile ! Cinq thématiques ont été partagées au grand public :
– La voile engagée dans la recherche plastique ;
– Un transport maritime de marchandises engagé dans la transition écologique ;
– Financer un océan en bonne santé ;
– La voile un sport engagé/d’engagement ;
– Des territoires engagés pour un sport durable et des usagers en bonne santé.
Paul Meilhat (Biotherm), ambassadeur de l’ONG Surfrider Foundation Europe a déclaré : “Pour nous skippers, la protection de l’environnement et de l’océan est un réflexe presque naturel. Notre “exposition” est un excellent moyen pour transmettre et partager ce message.”
“L’océan est un bien commun de l’humanité ; le corollaire du bien commun c’est de mobiliser la responsabilité individuelle et collective parce que nous sommes tous un petit bout de la solution” soulignait à son tour Catherine Chabaud, skipper de Formatives ESI Business School pour Ocean As Common.
Trois marques de parcours : la liberté d’un terrain de jeu immuable.
Bouée CIC – Cap Fréhel, Tête-à-l’anglais (îlot au Nord de la Guadeloupe), Bouée Basse-Terre à l’entrée du canal des Saintes, le parcours de La Route du Rhum – Destination Guadeloupe n’a jamais vraiment dévié. La reine des transats offre une totale liberté pour rallier Pointe-à-Pitre, distant de 3542 milles sur l’orthodromie (la route directe).
7 jours, 14 h, 27 min., … le record sera-t-il battu ?
Info ou intox ? Certains skippers pensent possible de rallier Pointe-à-Pitre en… six jours. Entre le monde idéal des routages d’avant-course et la réalité climatique du départ, le record établi par Francis Joyon en 2018 sera-t-il battu ? « Probablement » répondent les intéressés. Idem en IMOCA où le record de François Gabart établi en 2014 (12 jours 4 h) semble bien fragile tant les nouveaux foilers ont progressé à toutes les allures. Dans les autres catégories, les paris sont ouverts ; même si quel que soit le temps de course, c’est le premier à franchir la ligne d’arrivée qui l’emporte.
81 % de récidivistes : pour l’amour du Rhum !
C’est dans la catégorie Rhum Multi que la part de récidivistes est la plus importante, 81% : Treize sur seize des marins engagés remettent sur le métier et cumulent 31 participations à La Route du Rhum – Destination Guadeloupe !
Sur l’ensemble des engagés, 51% des coureurs ont déjà participé à La Route du Rhum – Destination Guadeloupe. Et c’est dans la catégorie Class40 que le nombre de bizuths culmine logiquement avec 63% des 55 engagés.
2,179 km de coques cumulées !
C’est bel et bien la longueur totale que l’on obtiendrait si on mettait bout à bout les 138 bateaux participants à La Route du Rhum – Destination Guadeloupe, soit 21 terrains de football. Il manquerait donc 200 mètres à l’avenue des Champs Elysées pour accueillir la totalité de la flotte ! Au-delà de son caractère anecdotique, cette donnée est essentielle car elle détermine la longueur de la ligne de départ. Celle de La Route du Rhum – Destination Guadeloupe mesure 3 milles, soit 5,5 km. “Il n’y a pas de règle écrite en la matière, mais il s’agit de rendre la ligne visible et surtout de permettre aux bateaux de manoeuvrer en toute sécurité, précise Jean Coadou, Président du Comité de course. Ici, nous avons donc doublé la longueur des bateaux pour arriver à cette ligne de 3 milles au total”.
Vingt-cinq étrangers et quelques bons clients.
Vingt-cinq skippers étrangers (douze en IMOCA, onze en Class40, un en catégorie Rhum, un en Ocean Fifty) viennent se frotter cette année à la plus française des transats en solitaire. Des marins venus de l’Europe entière mais pas seulement puisque l’on compte également un Australien (Henry Rupert), deux Américains (Leonard Greg et Alex Merhan) un Chinois (Jingkun Xu), un Sud africain (Alexander Donald), un Japonais (Kojiro Shiraishi) et un Néo-Zélandais (Conrad Colman). 20% de la flotte portera donc haut les couleurs de nombreux pays de la planète, chaque skipper ayant des ambitions bien différentes. Le Britannique Sam Goodchild (Leyton) demeure l’un des favoris en Ocean Fifty, l’Italien Ambrogio Beccaria sur ALLAGRANDE PIRELLI et son tout nouveau Class40 vont probablement jouer aux avant-postes, tandis que la Suissesse Justine Mettraux sur Teamwork.net (l’ancien Charal de Jérémie Beyou) peut largement performer en IMOCA. D’autres s’élancent par goût de l’aventure, du challenge et de la découverte. L’Américain Alex Mehran (Polka Dot) explique : « Je me souviens des courses qu’on suivait en famille et qui se disputaient à l’autre bout du monde, cela me fascinait ! ». Alex souhaite avant tout arriver de l’autre côté…
20/68 : Il n’y a pas d’âge pour aimer le Rhum.
Le plus jeune skipper de l’édition 2022 se prénomme Martin Louchart. Du haut de ses vingt ans, le jeune Granvillais est loin d’être un bleu en course au large. Martin a déjà deux Transat Jacques Vabre dans les bottes (2019 et 2021) en Class40 et va courir sa première Route du Rhum – Destination Guadeloupe sous les couleurs de Randstad-Ausy (Class40).
Quant à Philippe Poupon, le doyen de la course, il prendra le départ à 68 ans pour la cinquième fois d’une course qu’il a remporté lors de la terrible édition 1986. Sur un trimaran de légende puisque Flo n’est autre que l’ex-Pierre 1er de son amie Florence Arthaud, derrière laquelle il termina deuxième de l’édition 1990.
200 En KVA, la puissance des groupes à hydrogène d’Energy Observer.
La grande roue à l’extrémité du village de La Route du Rhum – Destination Guadeloupe n’a pu échapper à aucun visiteur présent à Saint-Malo. Elle est alimentée par les deux groupes électro-hydrogène d’EODev (Energy Observer Developements) de 100 kva chacun. Energy Observer explore des solutions concrètes et développe des technologies pour accélérer la transition écologique. “Nous sommes présents sur La Route du Rhum – Destination Guadeloupe comme sur d’autres événements d’envergure, que nous essayons de décarboner tout en touchant des publics différents”, explique Louis-Noël Vivies, directeur général d’Energy Observer. “Nous consommons en moyenne une vingtaine de kg d’hydrogène par jour, ce qui ne génère ni émission ni bruit. Notre présence ici permet de montrer que le GEH2 d’EODev fonctionne avec pour objectif, entre autres, d’inciter un maximum d’organisations à remplacer les groupes électrogènes diesel par des groupes électro-hydrogène“.