Recordwoman française et européenne du marathon dans la catégorie 70 ans et +, Laurence ALNET nous raconte de quelle manière elle a préparé le Marathon de la Loire à Saumur, au terme duquel elle a battu le record français et européen. Cependant, malgré l’obtention de ses 70 ans le 18 juillet prochain, elle compte bien aller battre les records du monde sur le marathon et le semi-marathon en mars et avril 2025.
Bonjour Laurence, depuis combien de temps pratiquez-vous la course à pied ?
“Je pratique la course à pied, depuis plus de cinquante ans !”
Qu’est-ce qu’en pensent vos proches de vos participations à ces courses à pied ?
“Ils sont très fiers ! Mes deux enfants pratiquent la course à pied, mon ex-mari faisait également de la course à pied, donc, oui, ils sont très fiers de moi. Ils avaient quand même un peu peur, puisque je n’avais pas participé à un marathon depuis quinze ans, à la suite d’une rupture partielle du tendon d’Achille. Je restais donc sur des 10 km et des semi-marathons. Mais comme il s’agissait de l’année de mes soixante-dix ans, je me suis dit que devais me lancer. Je me suis entraîné sur 3h25, j’ai réussi. Ensuite, ils m’ont vite soutenu et ils étaient tous très contents que j’y arrive.”
Vous avez décidé de participer à ce marathon de la Loire, car c’était l’année de vos soixante-dix ans ?
“Oui, c’est cela. Avec mon coach, Jean-Pierre GUITON, ne sachant pas si j’allais pouvoir finir le marathon vu mon âge, je savais tout de même que je pourrais faire un super chrono de 3h25, mais on ne sait jamais. Avant la course, on ne s’était pas renseigné sur les records du monde et en fait, au podium, la ville de Saumur s’est excusée, car au vu de la très belle performance que j’ai réalisée, ils n’ont récompensé que jusqu’au M5 alors qu’avec la M6, elles ont réalisé un moins bon chrono que moi. Malheureusement, pour le record du monde (meilleur chrono en catégorie 70 ans et +), ma performance ne compte pas, puisque je n’ai pas encore eu mes soixante-dix ans… Cependant, j’ai tout de même les records de France et d’Europe qui ont été validés (les records du monde prennent la date de naissance, alors que la France et l’Europe prennent l’année de naissance).”
Combien de temps a duré votre préparation pour le Marathon de la Loire ?
“J’ai commencé au mois de janvier en faisant des cross, des 10 km, un semi-marathon et six semaines d’entraînement. J’avais quand même mon expérience derrière moi qui m’a bien aidé. J’ai fait le semi-marathon de Brière en 1h, 36 minutes et 28 secondes, qui est un super chrono, alors que le record du monde (pour les plus de 70 ans) est de 1h 39 minutes. Donc, il faut qu’en 2025, j’aille valider ce record. À quelques mois près, je loupe mes records du monde. C’est comme cela, c’est le règlement qui est comme ça. Il faut donc que j’attende le 18 juillet pour pouvoir valider mes records.”
Lorsque vous avez passé la ligne d’arrivée du Marathon de la Loire, est-ce que vous saviez que vous aviez battu le record du monde, ou est-ce que vous l’avez appris ultérieurement ?
“Non, je l’ai appris après le podium par mon fils. Une fois rentré, il a regardé et il a vu que j’avais battu le record du monde de quelques secondes.”
Qu’est-ce que vous avez ressenti en l’apprenant ?
“C’était une sensation étrange, beaucoup d’émotion et je pense que je ne réalisais pas trop. Aujourd’hui, je cours pour le plaisir. Évidemment, avec mon entraîneur, on a fixé des objectifs pour 2025. On a regardé sur quel marathon et semi-marathon, je vais pouvoir me préparer pour le mois de mars et avril prochains. Il faut que je fasse un marathon ou un semi-marathon “World Athletic”, pour être sûr d’avoir mon chrono validé. Malheureusement, cela risque d’être différent parce que j’aurai pris un an de plus, donc ce n’est pas gagné.”
Quelles courses allez-vous préparer pour vos soixante-dix ans ?
“Normalement, je devrais faire le marathon de Paris, même si je n’aime pas trop la capitale. J’irais certainement effectuer le semi-marathon de Lisbonne pour également avoir le record. Donc, je vais devoir me préparer mentalement pour cela.”
Durant vos cinquante années de courses à pied, quel est le meilleur souvenir que vous pourriez nous partager ?
“Mon meilleur souvenir, c’est mon titre de vice-championne de France en 2000, sur le championnat de France de marathon à Reims, en 2h 54 minutes et 06 secondes. C’était en octobre 2000, c’est mon meilleur souvenir, car la première, Nicole Lévêque (athlète française multiplement récompensée), l’avait couru en 2h 54 minutes. Donc, à six secondes près, j’avais le titre de championne de France. Il y a également ma belle performance au mois de mars 2000 sur le semi-marathon d’Orvault, ou j’avais fait 1h et 22 minutes. L’année 2000, c’était mon année !”
Est-ce que vous vous voyez arrêter la course à pied, un jour ?
“Pas du tout ! Pour le moment, je n’y pense pas. Déjà, je ne réalise pas que je vais avoir soixante-dix ans. Le jour où j’arrêterais, c’est que je me serais blessé. Et puis surtout, je suis dans un groupe d’entraînement, de tous les âges, avec un super coach, Jean-Pierre GUITON, qui va toujours chercher la performance, donc, je ne suis pas près d’arrêter. Après, c’est la santé et mon corps qui me diront, à un moment donné, si je dois m’arrêter.”
Pour préparer votre marathon, vous couriez 100 km par semaine, c’est bien cela ?
“En effet, c’est bien cela. On répartissait le travail sur cinq jours. Le lundi, c’était la VMA courte, le mercredi, le footing de régénération, le jeudi, un footing avec une allure marathon. Pour le samedi et le dimanche, on faisait les plus grosses séances puisqu’on réalisait un marathon en deux jours. Le samedi, on courait des gros volumes (4×2000, 4×6000) sur piste, puis le dimanche, on effectuait des sorties de 2h30 avec des rappels d’allure marathon. Je ne peux pas dire que j’ai eu le “mur” (expression signifiant une fin de course très compliquée lors d’un marathon). C’est normal, à partir du 37e km de commencer à fatiguer, mais grâce à mon expérience et mon mental, on ne peut pas dire que j’ai eu le mur. Je suis une battante, je cours encore pour les chronos !”
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