Après une première saison plus que réussi en tant que coach d’Angers SCO Handball, Issam Tej revient avec nous sur sa finale perdue face à Montpellier puis il nous fait revivre son parcours en tant que sportif. Il nous dévoile aussi ses ambitions pour le futur et nous explique sa volonté de transmettre son savoir à ses joueurs. Portrait du coach de 43 ans qui, après sa grande carrière, vient de terminer sa première saison complète sur un banc.

Quelles sont vos impressions quatre jours après votre défaite en finale face à Montpellier ?

“Nous avons encore un peu de regret parce que c’est un titre que nous avons perdu. On méritait d’être récompensés. Si je rejoue trois fois Montpellier dans l’année, je gagnerai, mais je pense que ce jour-là, nous n’étions pas efficaces. On était aussi fatigué, on a peut-être mal géré notre finale. Maintenant, après quatre jours, on a tourné la page. C’était une soirée réussite pour le club sauf le titre qui nous a manqués.

À la mi-temps, vous étiez déjà mené de six buts, qu’avez-vous dit à vos joueurs pour qu’ils essayent d’inverser la tendance ?

“On est resté calme. Nous avons essayé de trouver des solutions pour la seconde mi-temps. On a eu des matchs plus durs que la finale où nous avons réussi à revenir au score. Je pense que ce sont surtout les quinze minutes avant la mi-temps où on a lâché un peu. On était revenu à moins trois en deuxième mi-temps, mais je pense qu’après on a lâché physiquement. C’était une saison très éprouvante. À la fin, j’ai voulu mettre mes joueurs cadres au repos, mais je n’avais pas beaucoup de joueurs pour les remplacer. C’est une belle saison malgré qu’il nous manque “la cerise sur le gâteau” avec ce titre.”

Que vous a-t-il manqué pour faire déjouer cette équipe montpelliéraine ?

“Pour moi, c’est la fatigue. Si on regarde sur toute l’année, on tourne sur une moyenne de 34-35 buts par match. Ce match montre qu’on a eu de la fatigue et qu’on a manqué de lucidité. On a manqué beaucoup de tirs et seulement marqué que 23 buts. On a essayé de gérer après la mi-temps, mais ils nous ont fait beaucoup courir.”

Les absences d’Hichem Belhareth et Simon Bigard, vous ont-elles beaucoup manqués ?

“Je ne pense pas, ce n’est pas qu’un joueur qui peut faire la différence, mais ils auraient pu nous apporter des solutions. On est dans un sport collectif, nous avons besoin de tous les joueurs. Ils avaient beaucoup manqué à l’équipe pendant huit semaines. C’était dur pour la dynamique de l’équipe. Je n’ai pas préféré les mettre, ils étaient encore blessés. Simon était disponible mais il était blessé et ne pouvait jouer qu’un rôle défensif. Depuis plusieurs semaines, on jouait sans les gars, j’ai préféré garder la continuité.”

Issam TEJ

Pouvez-vous maintenant nous présenter votre carrière ?

“J’ai commencé ma carrière de handball en Tunisie dans un club de quartier qui s’appelle le Club olympique des Transports. Ensuite, je suis parti neuf ans dans mon club de cœur l’Espérance de Tunis. Ils m’ont fait signer mon premier contrat pro en 1998. Ensuite, je suis arrivé en 2003 à Sélestat où j’ai passé trois années. J’ai aussi été neuf ans à Montpellier avant de faire un passage de deux années au Qatar et de revenir à Créteil entre 2017 et 2019. Enfin, j’ai été international tunisien depuis 1998 jusqu’en 2017. J’ai participé à trois Jeux Olympiques Pékin, Londres et Rio et différents championnats du monde jusqu’à celui en France en 2017. J’ai arrêté ma carrière de joueur professionnel en 2019 et de me lancer dans une carrière d’entraîneur de handball. J’ai été accueilli par le club d’Angers SCO et je faisais ma formation de titre 5 à Rennes. Enfin, depuis novembre 2021, je suis l’entraîneur principal de l’équipe et j’ai continué ma formation pour le titre 6 d’entraîneur qui permet d’entraîneur au plus haut niveau français. Aujourd’hui, je l’ai pratiquement validé, il me reste juste à recevoir le diplôme. L’idée est de continuer sur le Master Coach”

Quels sont les différents trophées que vous avez pu remporter ?

“En club, j’ai remporté six fois le championnat de France, six fois la Coupe de la Ligue, cinq fois la Coupe de France, deux fois le trophée des Champions. En sélection, j’ai gagné quatre championnats d’Afrique.”

Vous êtes resté plus de 18 ans au sein de votre sélection et êtes le joueur qui a le plus de sélections. Que retenez-vous de votre passage ?

“C’est un honneur de défendre les couleurs d’un pays. On essaye de se donner à fond et d’être toujours le meilleur. Ce que je retiens, c’est que j’ai commencé à un jeune âge et j’ai fini à presque 38 ans. C’était une belle carrière pour moi. J’aimerais bien et je souhaite que d’autres fassent le même parcours.”

Comment est venue cette idée de devenir entraîneur ?

“C’est ma volonté de transmettre mon expérience qui m’a donné envie de lancer une carrière d’entraîneur. Au début, je n’ai pas voulu arrêter ma carrière de joueur mais les blessures qui m’ont obligé à stopper. Après sa carrière comme la mienne, c’est difficile de s’éloigner directement du hand, on n’a pas envie d’arrêter. On a envie de transmettre, de continuer dans le métier et dans le handball.”

Pourquoi avoir accepté le challenge du SCO pour vos débuts ? 

“J’ai été adjoint au départ parce que je n’avais pas les diplômes nécessaires pour être entraîneur principal. Ensuite, le projet et l’aventure du SCO me plaisaient beaucoup. J’ai accepté Angers parce qu’il y a beaucoup de challenges et de défis.”

Comment s’est passée votre intégration au sein du club ? 

“Le président et les joueurs m’ont directement, bien accueillis. L’expérience que j’ai acquise dans ma carrière professionnelle à faciliter mon intégration au sein du club. Tout le monde m’a aidé pour que je m’adapte au mieux au club et que ma première expérience se passe bien.”

Vous avez joué en Starligue et en sélection nationale, qu’est-ce que votre expérience à apporter en plus à l’équipe ? 

“Tout d’abord, c’est le professionnalisme parce que le club évolue en N1 et il avait l’objectif de montée en Proligue. J’ai donc apporté toute mon expérience passée et vécue dans des clubs de haut niveau pour essayer de le réussir. Je veux aussi essayer de bien structurer le club.”

Que retenez-vous de votre première saison complète au sein du club Angevin ?

“J’ai beaucoup de satisfaction sur la saison parce que c’est la première fois dans ma carrière d’entraîneur que j’ai construit l’équipe. Je suis satisfait d’avoir réussi l’objectif de la montée et d’avoir fait cette saison-là. Je vais m’appuyer sur cette saison pour le futur.”

Avez-vous envie d’entraîner les plus grands clubs et pourquoi pas un jour entraîner la sélection tunisienne ?

“Je ne veux pas griller les étapes. D’abord, il faut passer par l’étape de la formation pour gagner en expérience. Ce n’est pas facile au début, c’est un poste et un effectif que je découvre. Oui, pour plus tard, j’ai envie d’entraîner le plus haut niveau, mais aujourd’hui, j’aimerais bien gagner en expérience pour construire des projets. Pour la sélection Tunisienne, oui pourquoi pas mais c’est un projet sur le long terme.”

Quels sont vos motivations et vos ambitions pour les prochaines saisons ? 

“Aujourd’hui, l’objectif c’était la montée et dans le moyen terme, c’est de pérenniser le club en ayant une stabilité dans la structure. On veut continuer à travailler financièrement pour dans quelques années on puisse être un club qui joue les play-offs d’accession en D1.”

Quels sont vos meilleurs souvenirs en tant qu’entraîneur et joueur ?

“Mon meilleur souvenir en tant qu’entraîneur, c’est cette première année parce qu’on a fait une saison presque parfaite. Et, si je devais en choisir une en tant que joueur, je dirais la quatrième place lors du mondial de 2005 avec la Tunisie.”

Pour terminer, quels sont les joueurs et entraîneurs qui vous ont marqués durant votre carrière ?

“Il y a deux entraîneurs qui m’ont marqué : Sead Hassanefendic avec la Tunisie et Patrice Canayer, avec Montpellier. Et, les deux joueurs qui m’ont marqué dans ma carrière sont Nikola Karabatic et Mladen Bojinovic, deux joueurs avec qui j’ai joué à Montpellier. Le premier m’a marqué par son professionnalisme et sa rigueur et le second par ses valeurs humaines.”