Ex-champion du monde de boxe “full contact” en 2018, Sébastien CHÂTEAU, actuel coach sportif et entrepreneur, nous a accordé un entretien dans lequel il nous décrit son expérience au plus haut niveau, sa passion pour la boxe, mais également le pourquoi du comment, il s’est lancé dans le monde de l’entrepreneuriat. 

Bonjour Sébastien, est-ce que vous pouvez d’abord vous présenter en quelques mots ?

“Je m’appelle Sébastien CHÂTEAU, je suis ceinture noire cinquième Dan (“Grade” en japonais, utilisé dans les arts martiaux pour signaler un niveau de maîtrise), je suis diplômé du DESJEPS (Diplôme d’État supérieur de la Jeunesse, de l’Éducation Populaire et du Sport), et j’ai commencé la boxe à l’âge de douze ans.”

Qu’est-ce que vous a motivé à pratiquer la boxe aussi tôt ?

“Les gens de mon âge comprendront, mais j’ai été passionné par les films de Bruce Lee. C’est réellement cela qui m’a donné envie de pratiquer la boxe. Et comme je suis quelqu’un basé sur le visuel, j’ai rapidement remarqué que j’avais des facilités, et que j’étais bon.”

Vous qui êtes champion du monde de “full contact”, est-ce que vous pouvez nous dire ce que c’est ?

“C’est une discipline de boxe américaine qui mixe pieds-poings. C’est un mélange de boxe anglaise, pour les techniques de poings, et de karaté, pour les techniques de coups de pied.”

Expliquez-nous pourquoi vous n’avez pas pu boxer entre 1998 et 2014 ? 

“J’ai acquis mon titre de champion de France en 1994, et l’année d’après, je me suis cassé le genou lors de la Journée du Sport lors d’une démonstration à Angers, où je me suis arraché le ménisque. J’ai donc dû arrêter toute activité sportive pendant 2-3 ans, et puis après, quand j’ai voulu reprendre la compétition, on m’a détecté un cancer en 1998. Je me suis fait opérer, et avec tout ce qui s’ensuit, la rééducation, la remise en forme, la reprise à la compétition… Voilà pourquoi, j’ai mis autant de temps à revenir au plus haut niveau !”

Quel est votre meilleur souvenir lors de votre carrière de boxeur ? On imagine que cela doit être votre titre de champion du monde, non ?

“Alors, oui, c’est un de mes meilleurs souvenirs. Mais, je dirais que c’est plus une grande satisfaction personnelle, parce que j’ai réussi à mettre mon adversaire K.O au bout d’1’40”. Et en tant que boxeur, il est vrai qu’il est assez rare que cela arrive, et ce, d’autant plus lorsque c’est une finale de championnat du monde ! C’est aussi une satisfaction, parce que j’ai été malade, comme je vous l’ai dit, j’ai réussi à battre la maladie, j’arrive à remonter sur le ring, à repasser les sélections pour l’équipe de France, et à participer aux deux compétitions européennes suivantes.”

En parallèle à votre pratique sportive, vous avez d’autres cordes à votre arc, notamment au niveau du monde de l’entreprise et du coaching sportif… Pouvez-vous nous en dire plus ?

“J’ai effectivement créé une marque de prêt-à-porter, et plus particulièrement de chemise, qui s’appelle “Empreinte-moi”, et ce depuis une vingtaine d’années. C’est une marque de chemise sur mesure de fabrication française, puisque comme je suis grand, c’était compliqué pour moi à l’époque de trouver des vêtements à ma taille, d’où la volonté de vouloir créer cette marque. J’ai également à côté, le SCO American Boxing Club, où je suis depuis assez longtemps. Il faut dire que j’avais toujours parallèlement quelque chose à côté de mon quotidien de sportif, car je ne voulais pas terminer ma carrière de professionnel sans diplômes… Je souhaitais avoir quelque chose pour mon après-carrière de sportif. Parce que nous, en boxe, c’est totalement différent du football… On n’a pas de possibilité de se mettre à l’abri facilement. Les salaires ne sont pas les mêmes. J’avais également des sponsors, mais c’était important pour moi d’avoir quelque chose à faire à côté.”

Vous entraîniez-vous tout seul lorsque vous étiez sportif de haut niveau ?

“Oui absolument. Je m’entraînais tout seul, et c’est encore le cas sur la préparation physique et mentale. Mais je voulais aller chercher quelque chose d’autre sur la partie résistance à l’effort, sur la musculation, c’est donc pourquoi j’ai choisi de collaborer avec un coach sur cet aspect-là. Pour travailler et garder la puissance et la rapidité, deux compétences essentielles dans notre sport.”

Vous êtes donc coach sportif aujourd’hui, comment cela se passe ? Quels “types” d’athlètes entraînez-vous ?

“Avec ma société “Boxe and Change”, que j’ai monté en parallèle de tout cela, celle-ci me permet de coacher des sportifs dans mon domaine, mais pas que ! Je m’occupe depuis quelque temps de la préparation physique de Gabriel Bordier, qualifié pour les Jeux Olympiques de Paris 2024 en marche athlétique. Je lui apporte mon expérience en tant que compétiteur, j’amène la boxe de plusieurs manières finalement. Le fait de relâcher la pression dans un sac, les techniques de boxe… J’ai également coaché quelqu’un qui a été champion de France en apnée pendant six mois. Sinon, je m’occupe notamment de chefs d’entreprise, qui viennent me voir pour perdre du poids, pour leur gestion du stress, pour leur confiance en soi… Ce sont souvent des gens qui ne sont pas bien au quotidien dans le travail, qui sont atteints de burn-out, qui ont besoin de se défouler, mais également pour venir découvrir et apprendre une nouvelle discipline comme la Boxe, et se faire plaisir dans ce sport.”