La première semaine de la 107ᵉ édition du Tour d’Italie 2024 s’est achevée dimanche, après une neuvième étape et une arrivée dans les rues de Naples. Avec la première journée de repos hier pour les coureurs du peloton, et la deuxième semaine qui s’est lancée aujourd’hui avec la 10ème étape, voici l’occasion de revenir sur ce qu’il s’est passé et d’en tirer les premiers enseignements.

Étape 1 (Venaria Reale > Torino, 140 km) : Narvaez prive Pogacar du maillot rose

Quelques semaines avant le début du Giro, les organisateurs ont rajouté une ascension dont le sommet se situait à trois kilomètres du but lors de cette première étape. Beaucoup étaient déjà convaincus que cette première étape était difficile (140 km, et 1800 mètres de dénivelé positif), mais le Bivio di San Vito, un véritable mur (1,4 km à 9,8% de pente moyenne), situé dans les derniers hectomètres allait clairement favoriser les puncheurs, voire même un certain Slovène, Tadej POGACAR. Grandissime favori de ce premier Grand Tour de la saison, « Pogi », comme il est surnommé, a fait rouler ses hommes dans le Colle della Maddalena (7,1 km à 6,6%), et déjà, des premiers dégâts apparaissaient, puisque Romain BARDET ou encore Thymen ARENSMAN notamment étaient distancés, pas dans un grand jour. Alors que Nicola CONCI était encore en tête dans la dernière ascension du jour, POGACAR mettait tout de suite une attaque, suivi de Jhonatan NARVAEZ et de Julian ALAPHILIPPE. Si le français n’est pas parvenu à suivre le duo, c’est au contraire Maximilian SCHACHMANN qui s’est accroché. Au sprint, c’est finalement l’Equatorien NARVAEZ qui a pris le meilleur sur l’Allemand et le Slovène, et qui a revêtu le premier maillot rose de cette 107ème édition.

Étape 2 (San Francesco al Campo > Santuario di Oropa, 161 km) : POGACAR met tout le monde d’accord et s’adjuge sa première victoire d’étape

Après avoir raté la victoire la veille, Tadej POGACAR avait à cœur de se rattraper sur cette deuxième étape, promise aux grimpeurs et aux leaders du classement général. Avec une arrivée au sommet du Sanctuaire d’Oropa, connu notamment pour la remontée du Pirate, Marco PANTANI en 1999, mais également pour la victoire de Tom DUMOULIN, le néerlandais, qui portait le maillot de leader à cette époque, en 2017. Après avoir fait rouler ses équipiers comme la veille, Tadej POGACAR s’en est allé à un peu moins de cinq kilomètres du sommet, pour aller chercher sa première victoire sur le Tour d’Italie lors de sa première participation. De ce fait, il est allé chercher le maillot de leader du classement général, et a signé son entrée dans le cercle fermé des vainqueurs sur les trois Grands Tours.

Étape 3 (Novara > Fossano, 166 km) : Tim MERLIER vainqueur du premier sprint

Entre Novara et Fossano, les nombreux sprinteurs présents au départ de ce Giro allaient pouvoir s’exprimer pour la première fois après trois étapes, ce qui est assez rare pour un Grand Tour. D’habitude, la première ou deuxième étape leur est réservée ! Si finalement, c’est bien un sprint qui a eu lieu dans les rues de Fossano, il n’en était pas moins sûr, puisque deux ascensions étaient présentes dans le final, notamment celle de Fossano (1,8 km à 4,2%). Dans cette ascension, le danois Mikkel HONORE a attaqué, suivi par POGACAR et par Geraint THOMAS. Si le premier n’a pas tenu la roue des deux autres solides gaillards, ils ont bien failli aller au bout ! Mais grâce au travail des équipes de sprinteurs, c’est finalement le Belge Tim MERLIER qui s’est imposé.

Étape 4 (Acqui Terme > Andora, 190 km) : Jonathan MILAN remet les pendules à l’heure lors du deuxième sprint

190 kilomètres au programme de cette quatrième étape, à nouveau réservée aux sprinteurs, même si, comme la veille, des ascensions seront placées dans le final. Mais ces dernières seront bien moins dures, puisque les coureurs ont emprunté, après avoir passé le Colle del melogno (7,5 km à 4,8%) en milieu d’étape, la même route que sur Milan-San Remo, le premier Monument de la saison. À la différence près que c’est au bas de la descente du Capo Mele (1,8 km à 4,4%) qu’avait lieu l’arrivée. Comme la veille, un coup amorcé par Filippo GANNA dans la dernière ascension du jour a bien failli une nouvelle fois piéger les sprinteurs, mais les équipiers de l’Italien Jonathan MILAN ont fait un gros travail dans le final, pour permettre finalement à son sprinteur d’aller s’imposer, presqu’un an après sa première victoire sur le Giro l’an dernier.

Étape 5 (Genova > Lucca, 178 km) : Benjamin THOMAS surprend les équipes de sprinteurs

On attendait, pour la troisième étape consécutive, un sprint dans les rues de Lucca, mais c’est finalement une échappée qui est allée au bout, pour la première fois de ce Giro 2024 ! Une étape qui était pourtant moins casse-pattes dans le final que les deux auparavant ! Et pourtant, l’équipe Alpecin-Deceuninck de Kaden GROVES, qui a roulé et a littéralement anéanti les espoirs de la première échappée du jour, en revenant sur elle à plus de 60 kilomètres du but ! Et le risque de voir un autre coup s’échapper arriva : après le sprint intermédiaire à Camaiore, à un peu plus de 20 kilomètres de l’arrivée, Enzo PALENI, Benjamin THOMAS, Michael VALGREN et Andrea PIETROBON sont sortis. Et ils ont même résisté au peloton, en s’alliant jusque proche de la ligne d’arrivée, ce qui leur a permis de se jouer la victoire. Et à ce jeu-là, à 79 jours du début des Jeux Olympiques, et le jour de l’arrivée de la flamme olympique en France, Benjamin THOMAS de la Cofidis apportait la première victoire française sur le Giro, et la première pour son équipe depuis le début de la saison.

Etape 6 (Viareggio > Rapolano Terme, 180 km) : Pelayo SANCHEZ bat Julian ALAPHILIPPE en échappée

Cette sixième étape entre Viareggio et Rapolano Terme était piégeuse, puisqu’elle ne comportait pas moins de 12 kilomètres de chemins blancs et empierrés, chers à la classique italienne du mois de mars des Strade Bianche, étaient présents dans les 50 derniers kilomètres. Si le début d’étape fut musclé, notamment, car beaucoup de coureurs voulaient prendre l’échappée, ils sont finalement six à y figurer, puis bientôt plus que trois dans le final : Julian ALAPHILIPPE, Luke PLAPP et Pelayo SANCHEZ. Avec le Serre di Rapolano (700 mètres à 10%) dans les derniers kilomètres, on s’imaginait ALAPHILIPPE être capable de décramponner ses deux compagnons d’échappée. Mais le français avait fait trop d’efforts en début d’étape pour pouvoir y arriver, et cela lui a porté préjudice pour le sprint, puisqu’il a été battu par l’espagnol Pelayo SANCHEZ.

Etape 7 (ITT – Foligno > Perugia, 40,6 km) : Tadej POGACAR assomme le contre-la-montre individuel

Le premier contre-la-montre individuel de ce Tour d’Italie 2024 (sur deux) avait donc lieu lors de cette septième étape. Long de plus de 40 kilomètres, les spécialistes de la discipline étaient forcément très attendus. Même si une bosse dans le final, pas spécialement difficile, mais surtout longue, pouvait permettre aux grimpeurs de ne pas perdre trop de temps. De quoi donner des idées à Tadej POGACAR, qui, tout de rose vêtu, mais avec un cuissard aux couleurs du maillot de meilleur sprinteur, a écrasé la concurrence sur cet effort qu’il apprécie tout particulièrement. Près de 16 secondes d’avance sur Filippo GANNA, ex-double champion du monde de la discipline, et pas moins de deux minutes de collées à Geraint THOMAS, alors deuxième du Classement Général au matin de cette étape.

Etape 8 (Spoleto > Prati di Tivo, 152 km) : POGACAR remet ça et s’impose au sprint au sommet de Prati di Tivo

Après avoir assommé la concurrence la veille, on ne pensait pas que Tadej POGACAR souhaiterait s’emparer d’une troisième victoire en huit jours de course. Et pourtant, c’est ce que le Slovène a fait au terme de cette étape, et de cette nouvelle arrivée au sommet, cette fois à Prati di Tivo (14 km à 7%), haut lieu du cyclisme italien là aussi. Alors qu’une échappée composée de beaux noms était partie, le Slovène a une fois de plus mis ses hommes à contribution toute la journée, maintenant un écart maximum de 2’30″ sur les 14 coureurs de tête, dont Romain BARDET ou Julian ALAPHILIPPE faisaient partie.

Etape 9 (Avezzano > Naples, 214 km) : Nouveau vainqueur différent au sprint grâce à Olav KOOIJ

Pour la dernière étape avant la journée de repos, les coureurs avaient affaire à l’une des étapes les plus longues de ce Tour d’Italie, puisqu’entre Avezzano et Naples, pas moins de 214 kilomètres étaient au programme. Avec à nouveau un enchaînement d’ascensions dans le final, les équipes de sprinteurs n’étaient pas sûrs à 100% de pouvoir maîtriser les différents coups qui allaient sortir. D’autant que Julian ALAPHILIPPE attaquait à 28 kilomètres du terme, lorsque son sprinteur maison, Tim MERLIER, ne pouvait plus suivre le rythme imprimé par les Alpecin-Deceuninck, souffrant. Accompagné notamment par Ewen COSTIOU, les deux français roulaient à bloc en tête de la course, mais leur avance ne dépassait pas les 30 secondes. Finalement, le Breton du laisser l’ex-double champion du monde devant, le rythme étant trop important. ALAPHILIPPE ne put aller au bout, puisqu’il vit le peloton revenir sur lui dans la dernière côte du jour, celle de Posillipo (2 km à 4,4%), avec notamment Jhonatan NARVAEZ qui attaquait. En tête jusqu’à 25 mètres de la ligne, moment où il fut repris par les sprinteurs, l’Equatorien n’a pas été loin d’aller chercher sa deuxième victoire sur cette édition. Il a donc été repris par MILAN et Olav KOOIJ, qui se jouèrent la victoire, et c’est finalement ce dernier qui alla chercher son premier succès sur un Grand Tour, à 22 ans.

Retrouvez ici le classement du Giro d’Italia 2024.