Dans la première partie de cette interview avec David Maillochon, coureur d’ultra-trail, nous verrons avec lui ce qui l’a poussé à quitter son métier de professeur d’EPS pour monter son entreprise de coaching sportif, dont la spécialité est la préparation d’ultra trail.

Bonjour David, pour commencer, j’aimerais revenir sur le début de votre passion sur les ultra-trails. Avant, vous faisiez du foot, mais est-ce que vous couriez déjà de longues distances en parallèle du foot ?

“Alors, oui, j’étais au foot, mais j’étais également professeur d’EPS. Mais oui, j’ai commencé à courir de longues distances alors que je jouais toujours au foot et que j’étais entraîneur.”

Et donc comment êtes-vous tombé amoureux de l’ultra-trail ?

J’ai participé à la Diagonale des Fous par hasard et ça a représenté le début d’une longue histoire.”

Comment ça par hasard ? Vous ne l’aviez pas préparé ?

“Non, pas vraiment. En fait, j’ai un ami qui est le photographe officiel de la Diagonale des Fous. En 2000, il m’a raconté le déroulement de la course et puis je lui ai demandé de me prendre un dossard. Je ne savais vraiment pas ce que c’était et je ne savais pas vraiment où je mettais les pieds, mais j’y suis allé. Évidemment, inutile de préciser que ça a été un calvaire du début à la fin. Mais je l’ai fini et j’y suis retourné plusieurs fois. Comme je le disais juste avant, ça a été le début d’une belle histoire puisque j’ai démissionné en 2009 pour monter ma boîte de coaching sportif sans trop savoir où ça allait m’emmener. Et finalement, j’ai eu de plus en plus de personnes qui m’ont contacté pour se préparer à faire des trails, notamment pour la Diagonale des Fous. Donc petit à petit, c’est devenu ma spécialité, et maintenant la préparation aux ultra-trails, ça représente 95% de mon travail.”

“Ce passé de professeur d’EPS, ça vous sert dans votre métier aujourd’hui ?”

“Oui sans doute sur le fait d’enseigner et de transmettre des savoirs, mais je ne sais pas si ça m’aide vraiment dans mon travail. L’ultra-trail, c’est une discipline que j’ai apprise tout seul à une époque où il n’y avait pas d’Internet et pas de réseaux sociaux. Je prenais des notes, je marquais dans un cahier ce que je faisais à l’entraînement et si ça marchait ou pas. Au fur et à mesure, j’ai élaboré des méthodes d’entraînement. En plus, quand l’ultra-trail est devenu une discipline populaire entre 2007 et 2009, il y a eu l’apparition de magazines et de spécialistes de la discipline, et donc j’ai pu mettre en perspective ma méthode d’entraînement avec tout ce qui se faisait au niveau scientifique.”

“Rien ne me fait plus plaisir que de les voir franchir la ligne”

Il y a des techniques d’entraînements différentes en fonction de quel trail on choisit de faire ?

“Oui, bien sûr, la préparation sera forcément différente si on veut faire la Diagonale des Fous ou si on veut faire un UTMB (Ultra Trail du Mont Blanc). Chaque course a des particularités bien spécifiques donc si on n’étudie pas ça en amont de la course, on passe à côté de beaucoup de détails importants. Par exemple, je vais souvent en montagne donc je commence à être vraiment calé sur les trails en montagne.”

“Vous dîtes que vous allez souvent en montagne pour vous entraîner, mais alors comment peut-on s’entraîner sur Angers ?”

“C’est vrai qu’à Angers, ce n’est pas du tout le même environnement que tous les ultra trails qu’on peut faire. Mais ça fait aussi partie de mon travail de trouver des méthodes d’entraînement pour les gens qui habitent dans des environnements urbains. À Angers par exemple, il y a des parcs, il y a l’étang St Nicolas, mais effectivement, on vit dans un endroit où il n’y a pas de dénivelé.”

“C’est une fierté de terminer une course avec d’anciens élèves et de voir que la préparation a marché ?”

“Non, ce n’est pas de la fierté, je suis simplement content pour eux. Je sais que c’est le genre de sport qui sort de la norme. C’est un sport où il faut aller puiser très loin dans les ressources physiques et mentales. Ce sont des préparations très intenses et donc nous sommes obligés d’articuler nos vies autour de ça. Je sais que pour certains, ça change leur vie, donc oui, je dirai qu’il n’y a rien qui ne me fait plus plaisir que de les voir franchir la ligne, surtout quand ils ne s’en croyaient pas capable. Ces performances montrent bien qu’avec de la motivation, de la rigueur et de l’envie on peut faire pratiquement n’importe quoi.”