Nous sommes allés à la rencontre de Pierre NAUDET, coach emblématique d’Angers NDC, depuis quinze ans. Cette saison, les Angevins ont terminé dernier de leur championnat de Régional 1. Bien que ce soit un échec lors de cette dernière saison, il faut se rappeler qu’il a pris les rênes de l’équipe au niveau départemental. Le tacticien angevin va nous dresser le bilan de cette année avant de parler de sa longue aventure dans son club. Il évoquera son départ imminent vers le Thouars Foot 79 dans les Deux-Sèvres. Un coach mythique qui laissera une empreinte indéniable dans l’histoire de la NDC.
Bonjour Pierre, quel bilan pouvez-vous nous faire de cette saison en championnat, où vous finissez dernier ?
“On a manqué notre fin de saison. On n’a jamais réussi à enclencher une dynamique positive en championnat. D’un bout à l’autre de la saison, on a été dans la zone de relégation. On n’est pas souvent passé loin en matière de score. On aurait pu faire basculer les choses un peu plus positivement à plusieurs reprises. Malheureusement, on n’a pas réussi à enchaîner un cycle favorable qui nous aurait permis de lutter un peu plus longtemps pour le maintien.”
À chaque match, vous inscrivez minimum un but, est-ce dommageable de perdre autant de points par la suite ?
“Oui, bien sûr. On a eu de nombreux moments tout au long de la saison, où on a eu l’opportunité de ne pas perdre ou même de gagner. Nous avons eu quelques matchs clés, où nous étions meilleurs que l’adversaire, mais nous n’avons pas réussi à nous imposer. Je pense à la réception de l’équipe réserve du SO Cholet ou celle de la Suze Roëzé Football Club. Ce sont deux rencontres, où nous avions clairement dominé les opposants et à l’arrivée, c’est dommage, on a encore perdu. Si l’on s’était imposé sur ces deux rencontres, on aurait probablement joué le maintien jusqu’au bout.”
Cette saison, vous arrivez au septième tour de Coupe de France, où vous perdez contre Granville (N2) et vous jouez une demi-finale de coupe de l’Anjou. Est-ce important pour vous de jouer tous les coups en coupe ?
“Oui, nous avons donné le maximum en coupe. C’est sûr que notre saison en coupe est bonne, puisque c’est la première fois dans l’histoire du club que nous atteignons un septième tour de Coupe de France. Par la suite, on fait aussi une demi-finale de Coupe de l’Anjou et un huitième de finale de la Coupe des Pays de la Loire. Notre parcours est bon, car nous perdons contre des équipes de notre niveau ou d’un niveau supérieur. Bien sûr, c’est important pour le club. Ces dernières saisons, le club compte un joli nombre de parcours en coupe et c’est évidemment quelque chose qui nous tenait à cœur.”
La saison dernière, vous étiez quatrième avec seulement trois points de retard sur le deuxième, comment expliquez-vous cette différence avec cette saison ?
“Il y a plusieurs différences. On a, notamment, perdu quelques joueurs. La saison dernière, les choses nous ont tournés plus positivement à de nombreuses reprises, sur de petits détails. La saison précédente, ils nous étaient favorables, là, c’est l’inverse. Aussi, je dirais que le renouvellement de l’effectif a fait émerger un certain nombre de jeunes joueurs, mais au niveau pratique qui est le nôtre aujourd’hui, cela s’est avéré insuffisant. Mon sentiment aussi, c’est que l’on est tombé dans un groupe plus difficile par rapport à l’autre année. Le niveau du championnat de Régional 1 a augmenté et augmentera, probablement, lors des futures saisons. Malheureusement, l’accumulation de ces choses, ne nous a pas amenées à reproduire cette belle saison.”
Exprimez-vous une fierté d’avoir fait monter le club du niveau départemental jusqu’au niveau régional, alors que vous n’aviez pas forcément une grande expérience d’entraîneur, au départ ?
“Bien sûr, c’est une très grande fierté ! Nous ne sommes pas si nombreux comme coach à avoir eu cette chance de vivre une telle évolution dans un club. C’est sûr que le club que j’ai connu en 2008, ce n’est plus le même qu’aujourd’hui. À ma place, j’ai contribué, j’ai aidé et j’ai accompagné le club dans sa progression. Moi, j’ai connu deux présidents. Celui qui m’a fait confiance et qui m’a embauché, c’est Yves DE SINGLY. Puis, celui qui lui a succédé et qui est encore place aujourd’hui, c’est Xavier BAUDOUIN. Le premier m’a donné ma chance, je lui dois beaucoup. Le deuxième a continué de me partager sa confiance et m’a permis de mettre plusieurs choses en place.”
Le club d’Angers NDC compte deux équipes en championnat régional, chez les seniors et en U19. Est-ce important pour vous dans la progression du club ?
“Oui, le club existe au niveau régional, chez les seniors et chez les jeunes. Cette saison, on a été tout près de faire accéder nos U13, nos U14 et nos U17 dans les divisions de Ligue. Malheureusement, cela s’est joué à peu de chose. Mais je suis sûr que si le club continue à travailler de la même manière dans les années qui suivent, il y aura d’autres équipes en Ligue. La structuration d’un club, c’est toujours un travail de longue haleine. Il faut avoir de la constance et de la patience. De la constance pour que l’on accepte que le temps soit long, que l’on construit des choses pour le long terme. Puis de la patience, car on est dans un sport où chaque semaine, il y a des résultats, et parfois, ces derniers peuvent nous rendre impatients dans les décisions que l’on prend. Il faut beaucoup de patience pour construire un club durablement.
Je tiens personnellement à intégrer les jeunes dans le groupe senior. Mais la difficulté que l’on a eue à la NDC, c’est que l’équipe fanion est montée très vite et plus rapidement que nos effectifs de jeunes. Evidemment, quand nous sommes arrivés au plus haut niveau régional, le gap est parfois trop important avec nos catégories inférieures. Il faut réduire cette distance petit à petit. Je dirais même qu’aujourd’hui, un jeune joueur de la NDC, qui a un volume de niveau en régional, est faible. Si un joueur fait toutes ses catégories jeunes en région, il sait naturellement que quand il sera en senior, il aura un vécu de six à huit ans à ce niveau, et cela l’aidera pour pouvoir passer des caps. Là, aujourd’hui, il n’y a pas ce vécu chez nos jeunes.”
Quelles sont les leçons les plus importantes que vous avez apprises en tant qu’entraîneur de ce club ? Y a-t-il des principes ou des valeurs que vous avez particulièrement mis en avant ?
“D’abord, j’ai beaucoup aimé travailler avec l’équipe technique et les éducateurs qu’ils soient avec les jeunes ou les seniors. On a souvent formé, comme j’aime le dire, “la première équipe du club”. C’est-à-dire, celle qui voulait entreprendre, se côtoyer au quotidien et mettre des choses cohérentes en place. Pour moi, j’ai eu la chance d’être entouré sur le plan technique de personnes que j’aimais bien et qui partageaient le même football que moi. Je retiendrais que l’on a été un club qui n’a pas eu peur d’innover, de casser les codes et de ne pas se contenter d’une logique assez classique de club, où l’on est sur un enchaînement d’entraînement/match. La NDC s’est développée sur le plan sportif et extra-sportif, et c’est quelque chose que je retiens.”
Avez-vous des regrets à la NDC ?
“Je ne vis pas avec des regrets, mais bien sûr que finir sur une descente, ce n’est pas ce que j’espérerais. Les choses ne se commandent pas. J’ai donné le maximum pendant quinze années comme entraîneur de l’équipe première, avec toujours un enthousiasme et la même envie de faire progresser cette équipe. On a réussi des choses, on en a manqué d’autres, c’est comme ça, cela fait partie de la trajectoire d’un club.”
La saison prochaine, vous rejoignez le club de Thouars foot 79, dans les Deux-Sèvres, pourquoi avez-vous choisi ce club et ce nouveau projet ?
“C’est juste que les contacts que j’ai eus avec Thouars m’ont directement plu, à la fois les contacts humains et les structures. Très vite, j’ai eu les sentiments, que cela allait marcher et manifestement, cela a été réciproque puisque le club m’a choisi. Parfois, il y a un peu des choses inexplicables quand on rencontre des personnes. À la fin de mon premier entretien, je me suis dit que c’était ici que je voulais être manager général pour les prochaines années. On n’a pas fixé d’objectif. La saison prochaine, on sera en Ligue Nouvelle Aquitaine. Il y aura trois groupes et seulement, les six premiers se maintiendront en Régional 1, puisqu’il y aura le passage à deux groupes. Ce sera un championnat très relevé où chaque match sera important. Pour moi, l’objectif sera de faire évoluer la structure et le résultat arrivera dans un second temps.”
Connaissez-vous déjà des joueurs là-bas ?
“Oui, j’y suis allé à de très nombreuses reprises pour rencontrer les éducateurs, les joueurs et les dirigeants. Aujourd’hui, j’ai, quasiment tous les jours, des joueurs au téléphone avec lesquels j’échange. Ma connaissance du club et du staff augmente un peu plus chaque jour.”
Avez-vous des conseils pour les futurs entraîneurs qui souhaiteraient s’engager à long terme avec un club ? Quelles sont les clés pour maintenir une relation fructueuse et durable avec une équipe ?
“C’est une alchimie compliquée. D’abord, parce que l’attraction dans le sport et dans le foot, en particulier, n’est pas dans la durée. Les clubs ont tendance à parfois changer rapidement le staff, lorsque les résultats sont moins bons. Les entraîneurs, parfois eux-mêmes, au bout de trois ou quatre ans, ont envie de voir autre chose. Je dirais que pour durer, il faudrait accepter de se remettre en cause soi-même, c’est-à-dire, que l’on ne peut pas être le même pendant quinze ans, car sinon on s’ennuie et on tombe dans une routine. Si c’est le cas, le club vous le fait savoir. Il faut essayer d’innover, de se remettre en question et d’accepter que ses propres méthodes soient modifiées. C’est un travail au quotidien. Puis, l’autre aspect, c’est d’être dans une logique qui m’est chère, c’est l’acceptation de l’erreur. Evidemment, pendant quinze ans, on ne fait pas tout bien, mais il faut construire autour de soi avec les gens qui nous entourent. On est dans une atmosphère, où on a le droit de se tromper où ce n’est pas grave. Pour progresser, il faut faire des erreurs. Je ne suis pas fan des personnes qui n’acceptent pas l’erreur, car ils ne progressent pas. Moi, j’aime bien l’idée que l’on fasse confiance à des individus, de leur permet de se tromper, mais on les cadre et les aide dans leur gestion de la faute. Je compte bien dans les années qui viennent faire des erreurs, parce que je n’ai pas envie d’être le même demain.”