Pour sa première participation au Tour d’Italie, Julian ALAPHILIPPE n’avait pas caché sa volonté de vouloir aller chercher une victoire d’étape. S’il a tenté, sans réussite, sur la première et sur la sixième étape, hier, il est allé au bout, au terme d’un raid en duo d’abord, puis terminant finalement en solitaire, dont lui seul a le secret.
Des années de galère, pour essayer d’entrevoir le bout du tunnel
« Elle fait du bien celle-là ! » Tels étaient les mots prononcés par Julian ALAPHILIPPE, au moment où le Français retrouvait certains membres du staff de son équipe qui l’attendaient, après que ce dernier ait franchi la ligne en solitaire. Elle lui fait énormément de bien à Julian ALAPHILIPPE, lui a connu des mois, voire même plutôt des années de galère depuis deux, trois ans maintenant. Entre les chutes, dont celle terrible sur Liège-Bastogne-Liège en 2022, où il avait été « sauvé » par Romain BARDET, qui lui a valu pléthore de blessures, les blessures (encore tout récemment, il a couru sur les flandriennes avec une blessure au ménisque qu’il a tu), ou encore les problèmes sportifs avec son Team Manager Patrick Lefevère, qui avait eu des mots très durs à l’encontre du Français, et aussi envers sa femme Marion ROUSSE en début d’année, ALAPHILIPPE se demandait quand est-ce que tout cela allait le lâcher.
Au micro d’Eurosport, après l’arrivée, le Français était soulagé, évidemment : « La victoire est belle, parce qu’il y a de la manière, parce que je l’ai attendue. Je pense qu’elle est méritée, parce que je suis allé la chercher. Et cela fait vraiment du bien ! Je pense à plein de choses, mais je suis vraiment content et, chapeau à Mirco Maestri (en échappée avec le Français pendant toute l’étape) qui méritait de gagner aussi aujourd’hui, et qui n’a pas hésité à collaborer. Je veux vraiment savourer le moment, parce que je reviens de loin et, il y a des hauts et il y a des bas dans une carrière, je ne me suis pas retrouvé ici par hasard, donc je suis content. J’étais dans une bonne journée, pour aller chercher des victoires comme ça, je pense qu’il faut être dans une grande journée, et je n’ai rien lâché, donc, je suis vraiment content. Il y a quelques jours, j’ai loupé les premiers jours d’école de mon fils, et ce n’est pas pour rien que je suis ici, je vais pouvoir lui ramener la médaille. »
Une étape complètement folle et un scénario indécis jusqu’au bout
Sur le papier, l’étape était trop dure pour les sprinteurs, mais pas assez pour que les leaders du classement général puissent faire des différences. Tout semblait donc correspondre à une pure étape pour les baroudeurs et les puncheurs, et c’est exactement ce qui s’est passé. Comme aucune équipe ne semblait vouloir prendre la responsabilité de la poursuite, énormément de coureurs ont tenté de sortir du peloton dans les premiers kilomètres, qui étaient tout plats. La moyenne de la première heure était supérieure à 55 kilomètres/heure, ce qui prouve la rapidité et l’enchaînement des attaques de nombreux coureurs. Finalement, c’est dans la première difficulté du jour que plusieurs groupes se forment, dont le premier initié par Julian ALAPHILIPPE. S’ils sont un temps une vingtaine à l’avant, un autre gros groupe d’un nombre similaire de coureurs tentent de rejoindre les premiers échappés. Mais le Français ne l’entend pas de cette oreille, puisque derrière, des gros poissons comme Jhonatan NARVAEZ (vainqueur de la première étape) ou Quinten HERMANS revenaient. Il a donc remis un coup d’accélérateur, à 126 kilomètres du but et seul l’Italien Mirco MAESTRI (Polti-Kometa) l’a suivi. Un duo, qui, sur le coup, paraissait totalement suicidaire, aussi loin de l’arrivée, mais qui s’est finalement révélé payant, parce que derrière, à trente-six exactement dans un groupe, la poursuite était désordonnée, et personne ne voulait collaborer. Le duo de tête a donc rapidement pris de l’avance, comptant même jusqu’à plus de deux minutes à un moment de la course. Si cet écart se réduisait au fur et à mesure que les kilomètres avançaient, le duo collaborait bien, et dans la dernière ascension, à dix kilomètres du terme, ALAPHILIPPE ne pouvait plus attendre MAESTRI, comme il l’avait fait auparavant sur les montées précédentes, puisque derrière, neuf coureurs revenaient rapidement. Finalement, le Français a résisté au retour de NARVAEZ et d’HERMANS, les deux plus forts dans le groupe de derrière, pour aller chercher la première victoire de sa carrière sur le Giro, sur sa première participation.
Une victoire en quelques chiffres
42 : C’est la 42ème victoire de Julian ALAPHILIPPE en carrière.
346 : Cela faisait presque un an que le Français n’avait plus levé les bras sur une course, puisque son dernier succès remonte au Critérium du Dauphiné l’an passé, où il avait devancé Richard CARAPAZ lors d’une arrivée au sprint sur la deuxième étape.
109 : Il devient le 109ème coureur à remporter une victoire sur les trois Grands Tours, et entre ainsi dans ce cercle très fermé.
10 : C’est le dixième coureur Français à réaliser cet exploit de gagner sur les trois Grands Tours. Il rejoint Jean STABLINSKI, Jacques ANQUETIL, Bernard HINAULT, Laurent FIGNON, Jean-François BERNARD, Charly MOTTET, Thierry MARIE, Laurent JALABERT et Thibault PINOT.
37 : Cela faisait 37 ans, et depuis 1987 précisément, que trois Français n’avaient plus levé les bras sur le Tour d’Italie.
Tour d’Italie, 12ème étape.
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