Alors que les skippers disputent leur 39e jour de compétition, les forces en présence sont inchangées. Charles Caudrelier (1er) devrait passer l’équateur demain, Armel Le Cléac’h (2e) (qui a annoncé être victime d’une avarie sur son safran central ce matin) et Thomas Coville (3e) remontent le long des côtes sud-américaines, Anthony Marchand (4e) et Éric Péron (5e) progressent dans le Pacifique. La flotte s’étire donc sur 6 600 milles et les conditions météorologiques comme les réserves de nourriture ne sont pas vraiment identiques d’un bateau à l’autre. Explications.

Le contraste est saisissant. D’un côté Éric Péron, smartphone fixé sur une perche et vêtu de son manteau rouge, qui sort de l’habitacle d’ULTIM ADAGIO et qui filme un panorama gris, sombre et une mer bleu nuit. De l’autre, Charles Caudrelier, torse nu, lunettes de soleil à l’occasion, obligé de calfeutrer son cockpit pour se protéger du soleil. Ainsi va la réalité du bord, décidément très différente pour chacun des skippers à l’heure de disputer ce 39e jour de compétition.

Côté fraîcheur, il faut aller dans le Pacifique, là où progressent Anthony Marchand (Actual Ultim 3) et donc Éric Péron. Il y a « les grosses déferlantes, l’écume, la grisaille et la pluie » résumait ‘Antho’ mardi dernier. Et il y a aussi ce mercure qui baisse et qui oblige à bien se couvrir… Ou à éviter au maximum de sortir dehors. Les bonnets et les polaires sont donc de sortie. Le mercure oscille entre 6°C et 11°C. Même si Éric progresse « à l’avant d’un front chaud », il faut donc se couvrir. Il l’a démontré dans une vidéo récente, en filmant le panorama autour d’ULTIM ADAGIO. Là-bas, c’est cinquante nuances de gris sans les rayons réconfortants du soleil.

Dans l’Atlantique Sud en revanche, l’ambiance est toute autre. « On s’écarte de la zone des glaces et les conditions sont totalement différentes, décrit Thomas Coville (Sodebo Ultim 3, 3e). Je n’ai quasiment jamais vu le soleil dans l’océan Indien et le Pacifique ». Il s’enthousiasme à l’idée d’avoir vu son premier poisson volant, « ça veut dire que l’eau se réchauffe ». Et puis le marin évoque la lumière : « ici, elle est très intense, très forte, c’est très photogénique ». Armel Le Cléac’h qui le précède de 750 milles apprécie, lui aussi, « aller vers le meilleur, vers le soleil et la chaleur ». Néanmoins, la progression du skipper du Maxi Banque Populaire XI a été brutalement ralentie ce matin alors qu’il a été victime d’une avarie sur son safran central.

Le Maxi Edmond de Rothschild “comme un camping-car”

En matière de température, Thomas Coville qui se rapproche de la latitude de Buenos Aires bénéficie d’une vingtaine de degrés et Armel Le Cléac’h, non loin de Rio de Janeiro, de près de 26°C. Le leader Charles Caudrelier, lui, a dépassé Recife à la pointe Nord-Est du Brésil. Et là, les températures avoisinent les 30°C. C’est donc torse nu que Charles se filme pour donner des nouvelles. Et tout est bon pour se prémunir de la chaleur : des seaux d’eau froide qu’il se met sur la tête depuis le pont, du matériel pour calfeutrer l’intérieur de l’habitacle « comme dans un camping-car » s’amuse le skipper du Maxi Edmond de Rothschild. “Je souffre vraiment de la chaleur pendant la journée, expliquait-il il y a deux jours. Ça tire sur l’organisme, je sens des crampes… Mais c’est les tropiques, c’est sympa !”

Par ces températures estivales, Charles doit aussi veiller à son stock de nourriture. « J’ai pris 45 jours de nourriture mais il me reste encore 10 jours de course », confiait-il hier. L’heure était donc à l’inventaire. « Je crois que Thomas (Coville) a pris 42 jours, donc je ne suis pas le plus à plaindre ! »  Éric Péron, qui est attendu au cap Horn dans une semaine (jeudi 22 février), attend de son côté « la remontée de l’Atlantique pour faire le point en matière d’avitaillement ». Et le skipper de sourire : « j’ai peut-être mangé un peu plus certains plats que je préférais… Je ne suis pas inquiet mais je vais peut-être m’en mordre les doigts ! » Affaire à suivre, sur la cartographie comme dans l’assiette !

DERNIÈRE MINUTE – Armel Le Cléac’h vers une nouvelle escale.

En fin de matinée, le team Banque Populaire a annoncé que son skipper avait « une avarie sur le safran central ». Par conséquent, le Maxi Banque Populaire XI fait route vers un port brésilien. Le team assure que « plusieurs options sont à l’étude afin de diagnostiquer l’incident et de réfléchir à la suite de la course ». Armel Le Cléac’h avait déjà dû s’arrêter au Brésil, lors de la descente de l’Atlantique après la casse du balcon avant, de l’amure de gennaker et un problème hydraulique sur le foil tribord. Il était ensuite reparti en course et occupait la 2e place de la course depuis la traversée de l’océan Pacifique.