Depuis le milieu de la semaine dernière, la flotte s’est fortement distendue. Tom Laperche (SVR Lazartigue) et Charles Caudrelier (Maxi Edmond de Rothschild) ont creusé leur avance, eux qui vont bénéficier de conditions optimales pour les mener jusqu’au cap de Bonne Espérance. Derrière, Thomas Coville (Sodebo Ultim 3) contourne seul l’anticyclone de Sainte-Hélène alors que son compagnon d’infortune, Armel Le Cléac’h (Maxi Banque Populaire XI) s’est arrêté à Recife ce matin et devrait repartir mardi, après 24h d’arrêt. Anthony Marchand (Actual Ultim 3) a, de son côté, passé l’équateur alors qu’Éric Péron (ULTIM ADAGIO) a enfin dépassé le Cap Vert et retrouvé des vents porteurs.
Armel Le Cléac’h, les réparations ont commencé.
Le Maxi Banque Populaire XI est arrivé dans le port de Recife au petit matin ce lundi. Une équipe du Team Banque Populaire l’attendait afin de pouvoir débuter des réparations dès le bateau immobilisé à quai. Le team avait communiqué dimanche soir sur cet arrêt, le premier d’un concurrent à l’ARKEA ULTIM CHALLENGE-Brest.
En cause ? Une succession de problèmes qui ne permettait pas d’envisager la suite – et surtout la traversée des mers du Grand Sud – avec confiance et sécurité. Lors du passage de la dépression en milieu de semaine dernière, son gennaker s’est décroché de son point d’ancrage et a arraché le balcon avant. « Continuer la course sans le balcon qui me sécurise lors des manœuvres, c’est impossible », confie le skipper. Par ailleurs, il a aussi dû faire face à un souci hydraulique : « je ne pouvais plus remettre mon foil tribord en position basse ».
Néanmoins, l’équipe technique se montrait plutôt confiante sur ses capacités à réparer rapidement. « On va reprendre la mer demain matin, assurait le skipper. Il peut encore se passer plein de choses, la course est loin d’être finie ». Les instructions de course stipulant qu’une escale technique doit durer minimum 24 heures, le Maxi Banque Populaire XI ne pourra pas repartir avant 7 h 38 TU demain matin.
Laperche-Caudrelier, un sacré duel.
Ils ne se quittent plus, se livrant à un duel de chaque instant, aussi impressionnant qu’ébouriffant. Tom Laperche (SRV-Lazartigue) et Charles Caudrelier (Maxi Edmond de Rothschild) ne sont séparés que d’une cinquantaine de milles en tête de course. « Le fait d’être aussi proche, ça joue dans notre rythme (…) C’est assez grisant et fascinant », expliquait Tom ce matin. « Ça met de l’intensité, ça pousse au crime parfois… Mais c’est une belle bagarre », a confié Charles vendredi. « On continue à descendre vers le Sud », s’enthousiasmait le skipper du Maxi Edmond de Rothschild ce matin.
« Il y aura peut-être un petit ralentissement dans la soirée mais sinon, les conditions sont idéales, s’enthousiasme Guillaume Rottée, le directeur de course. Ils sont tous les deux dans le bon timing pour faire la jonction, sans doute à partir de mercredi, avec la dépression qui va les propulser jusqu’aux Kerguelen ». Au programme ? Du vent au portant de 25 à 35 nœuds de moyenne ce qui les mènera au premier cap, celui de Bonne-Espérance, vraisemblablement vendredi. Même si les incertitudes sont nombreuses, la suite pourrait être complexe. « La dépression qui va les emmener va venir buter contre la ZEA (zone exclusion de l’Antarctique), assure Guillaume Rottée. Ça va les obliger à faire pas mal de manœuvres, ce sera très intense ».
Derrière, à plus de 400 milles, Thomas Coville (Sodebo Ultim 3) est leur premier poursuivant. Longtemps côte-à-côte avec Armel Le Cléac’h, Thomas est désormais seul pour s’attaquer au contournement de l’anticyclone. Et rien ne sera facile puisqu’il ne pourra pas bénéficier de la même dépression que les deux premiers. « La porte va se refermer, l’anticyclone va reprendre de la place, ce qui ne sera simple », précise Guillaume Rottée.
Anthony Marchand vient de passer l’équateur.
C’est un symbole qui a le don de ravir les marins. Anthony Marchand est le cinquième skipper de cet ARKEA ULTIM CHALLENGE-Brest à passer l’équateur. Le skipper d’Actual Ultim 3 l’a franchi à 10 h57 après 7 jours, 22 heures et 27 minutes en mer, soit 1 jour, 16 heures et 14 minutes après Tom Laperche. Ce weekend, Anthony a dû batailler dans le Pot-au-Noir où il a eu légèrement moins de vent qu’espéré. « C’était un peu plus laborieux que les leaders qui, eux, ne se sont pas arrêtés », décrypte Guillaume Rottée. Désormais, le skipper met le cap vers les côtes brésiliennes. « Il ne devrait pas ressortir devant le Maxi Banque Populaire XI mais c’est toujours mieux pour le moral d’avoir un bateau à proximité de soi », ajoute le directeur de course.
Éric Péron retrouve de l’allant.
Il s’en est enfin sorti ! Éric Péron, qui pointe à plus de 1 800 milles de la tête de course, dû s’employer à prendre son mal en patience et manœuvrer entre la zone d’exclusion des cétacés du Cap Vert et une zone de petit temps qui ralentissait sa progression. Désormais, tout ça est de l’histoire ancienne. Ce matin, le skipper d’ULTIM ADAGIO a empanné tribord amure pour prendre la direction de l’Ouest. L’enjeu du moment, c’est le contournement du Pot-au-Noir qui s’annonce « plus favorable » dixit la direction de course.