La deuxième semaine du Tour d’Italie 2024 s’est achevée dimanche, après une quinzième étape et une arrivée au sommet sur les pentes de Mottolino, station de ski de Livigno. Avec la deuxième journée de repos hier pour les coureurs du peloton, et la troisième et dernière semaine qui s’est lancée aujourd’hui avec la 16ème étape, voici l’occasion de revenir sur ce qu’il s’est passé durant cette deuxième semaine.
Etape 10 (Pompei > Bocca della Selva, 142 km) : Valentin PARET-PEINTRE s’empare de sa première victoire chez les professionnels
Au retour de la première journée de repos, les coureurs encore en lice sur ce Tour d’Italie 2024 ont pris le départ depuis Pompéi en direction de Bocca della Selva, et la troisième arrivée au sommet de ce Tour d’Italie 2024, après le Sanctuaire d’Oropa (2ème étape), et l’arrivée à Prati di Tivo (8ème jour de course), toutes les deux remportées par POGACAR. La question était donc de savoir si le Slovène allait vouloir s’emparer de cette étape au départ de la ville du Vésuve. Le profil, avec près de 50 kilomètres de plat sur la première partie, semblait présager une très grosse bataille pour l’échappée. Et celle-ci a eu lieu, même si la bonne échappée s’est extirpée du peloton dans la première ascension du jour. Ils sont finalement 26 coureurs à composer le groupe de tête, dont quatre français : les deux frères PARET-PEINTRE (Aurélien et Valentin), mais également Romain BARDET (bien classé au général), et Julian ALAPHILIPPE. Le peloton décide de laisser partir ce gros groupe d’échappée, qui va finalement se jouer la victoire, alors que derrière, les coéquipiers d’Antonio TIBERI roulent à l’avant du peloton, car BARDET revient trop facilement dans le jeu à leur goût pour le Classement Général. Dans la dernière ascension, Jan TRATNIK a pris quelques longueurs d’avance cinq hommes, qui ne seront bientôt plus que deux, un duo français entre Valentin PARET-PEINTRE et Romain BARDET. Le premier attaquera le second pour aller chercher le Slovène, qui terminera même troisième de l’étape, et prendre sa première victoire d’étape chez les professionnels, qui plus est sur un Grand Tour !
Etape 11 (Foiano di Val Fortore > Francavilla al Mare, 207 km) : Jonathan MILAN, bis repetita au sprint
Au lendemain d’une étape difficile, les sprinteurs seront mis à l’honneur à Francavilla al Mare, même si le profil pourrait voir une échappée aller au bout, avec notamment plusieurs grosses ascensions dans la première moitié de course. Si trois hommes tentent le coup, avec Tim VAN DIJKE, Thomas CHAMPION et Edoardo AFFINI, les équipes de sprinteurs parviennent à gérer l’échappée du jour, et les trois fuyards seront repris à 40 kilomètres du terme. Dans un sprint houleux, avec vent de face sur la dernière ligne droite, c’est finalement Jonathan MILAN qui remporte une deuxième victoire sur le Giro, devant Tim MERLIER, avant que ce dernier ne soit déclassé du groupe pour comportement dangereux dans le sprint final. À noter également une grosse chute dans les derniers hectomètres, impliquant notamment trois coureurs : Fabio JAKOBSEN, Tobias Lund ANDRESEN et Jenthe BIERMANS.
Etape 12 (Martinsicuro > Fano, 193 km) : Julian ALAPHILIPPE, le héros qui ne meurt jamais
Il l’avait annoncé en début de Giro, Julian ALAPHILIPPE venait sur ces routes pour tenter d’aller chercher une victoire, et ainsi rentrer dans l’Histoire en gagnant sur les trois Grands Tours. S’il avait coché la première étape, où il n’a malheureusement pas pu rivaliser avec POGACAR et NARVAEZ dans le mur final, il avait également coché cette 12ème étape, dite l’étape « des murs ». Puisque effectivement, entre Martinsicuro et Fano, les coureurs allaient emprunter un enchaînement de bon nombre de petites ascensions plutôt difficiles. Alors que ça a énormément bataillé dans la première heure de course, sur un profil plat, un premier gros groupe s’échappe finalement sous l’impulsion d’ALAPHILIPPE dans la première difficulté répertoriée. Suivi par une quinzaine de coureurs, et alors qu’un autre groupe d’une vingtaine était en train de rejoindre le premier groupe, le Français relance avec Mirco MAESTRI dans sa roue, à 126 kilomètres du but. On se dit alors que c’est suicidaire, mais le duo compte jusqu’à près de 2’30″ d’avance sur un groupe de 40 coureurs, qui ne collaborent pas bien ! Le Français ira donc chercher sa première victoire d’étape sur le Giro lors de sa première participation, lorsqu’il partit, seul, dans l’ultime côte de la journée, et résistant aux poursuivants derrière. Une libération pour le natif de Saint-Amand-Montrond, qui n’avait plus gagné depuis presque un an !
Etape 13 (Riccione > Cento, 179 km) : Jonathan MILAN puissance trois
Au départ de Riccione, personne ne voyait une échappée aller au bout, tant le profil (179 kilomètres, à peine 150 mètres de plat), était favorable aux équipes de sprinteurs. Les leaders du Classement Général allaient quand même devoir se méfier, car du vent de côté était attendu dans la dernière partie de l’étape. Il fallait donc garder son calme et être attentif, pour ne pas se faire piéger dans le final. Et pourtant, le maillot de meilleur sprinteur de cette 107ème édition ou maillot cyclamen, Jonathan MILAN, s’est fait avoir, lors d’une accélération de l’équipe Ineos-Grenadiers, qui a coupé en trois groupes le peloton initial. À l’inverse de bon nombre coureurs du Classement Général qui figuraient bien dans le premier groupe, l’Italien de 23 ans n’était pas content et très nerveux quant à l’idée de ne pas pouvoir sprinter à Cento. S’il a tenté de boucher le trou lui-même, c’est finalement grâce à ses coéquipiers qu’il a pu rentrer, et aller s’offrir une troisième victoire sur ce Tour d’Italie, une quatrième en tout dans sa carrière. Il est décidément le plus fort des sprinteurs de ce Giro.
Etape 14 (ITT – Castiglione delle Stiviere > Densenzano del Garda, 31,2 km) : Filippo GANNA prend sa revanche sur le contre-la-montre individuel
Il attendait cette étape comme un enfant attend le jour de Noël. Filippo GANNA, après avoir été battu par Tadej POGACAR sur le premier contre-la-montre individuel lors de la 7ème étape, rongeait son frein depuis sept étapes. Le voilà enfin et de nouveau sur son terrain de jeu favori : le contre-la-montre. Véritable machine à rouler, l’Italien, vêtu de son maillot de champion national de la discipline, s’en est allé cueillir sa 7ème victoire d’étape sur son Grand Tour national, la première de cette édition 2024. Lui qui, par le passé, avait déjà porté le maillot rose lors de prologues ou de contre-la-montre inauguraux, a battu le Slovène de 29 secondes, alors que ce dernier l’avait battu de 17 lors du premier chrono. Soulagé, il peut repartir heureux de ce Giro, avec une victoire d’étape sur au moins deux possibles.
Etape 15 (Manerba del Garda > Livigno, 222 km) : Tadej POGACAR assomme un peu plus le Giro en allant chercher sa 4ème victoire d’étape
Cette 15ème étape entre Manerbal del Garda et Livigno était l’étape reine de ce Giro 2024 (222 kilomètres pour 5400 mètres de dénivelé positif). Et comme toute très grande étape de montagne, Tadej POGACAR la voulait celle-là. Il l’avait déjà annoncé au départ du Tour d’Italie, mais le Slovène souhaitait s’imposer au sommet de Mottolino, la station de ski de Livigno, à plus de 2300 mètres d’altitude. Il est allé la chercher comme un grand celle-là, alors qu’une échappée était partie au préalable dans les premiers kilomètres, POGACAR a fait rouler ses hommes toute la journée, pour finalement s’envoler du groupe des favoris dans la dernière ascension du jour, à plus de 12 kilomètres de l’arrivée, et avec un débours d’1’30″. Il a repris l’homme de tête, Nairo QUINTANA, après la dernière ascension répertoriée, dans le mur final, où il y avait des passages à plus de 16%, à quatre kilomètres du terme. Au final, il aura encore agrandi son avance au Classement Général, en reprenant près de 2’50″ à Geraint THOMAS et Daniel FELIPE MARTINEZ, les deux autres hommes sur le podium. À noter également la très belle fin d’étape de Romain BARDET, qui s’est extirpé du groupe des favoris après que POGACAR ait attaqué, et a finalement terminé juste devant THOMAS et FELIPE MARTINEZ.
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