Dès les premiers milles de course, le 7 janvier prochain, les marins seront seuls à bord. Seuls à manœuvrer, à gérer l’effort, à tenir le coup, à résister aux doutes et à avancer coûte-que-coûte. Mais à leur côté, les skippers de l’ARKEA ULTIM CHALLENGE – Brest peuvent compter sur le soutien sans faille de leur équipe. Routage, analyse météo, technique, gestion d’éventuelles avaries… Ils seront au soutien 24 heures sur 24 et communiqueront ensemble en permanence. Alors que le trimaran SVR-Lazartigue a été remis à l’eau ce jeudi, décryptage de ce travail de l’ombre primordial pour la réussite des marins.

Ils s’apprêtent eux aussi à vivre un tour du monde. Les sept équipes des marins participant à l’ARKEA ULTIM CHALLENGE – Brest seront toutes en ordre de marche et mobilisables en toutes circonstances. Une organisation que la majorité des équipes a déjà connue lors de tentatives de records autour du monde ou des dernières transatlantiques. « Notre dispositif sera assez semblable à ce qu’on a pu mettre en place pendant nos précédents tours du monde », atteste Pierre-Emmanuel Hérissé, directeur technique chez Banque Populaire.

« Tous d’astreinte, 24 heures sur 24 »

Chaque team a mis en place une cellule routage. Un météorologue, plusieurs membres de l’équipe et le skipper échangent ainsi régulièrement via WhatsApp. Au programme ? L’étude des fichiers météos, la stratégie, les options à prendre en fonction des conditions et de la progression de la concurrence. Tous les membres de l’équipe sont donc mobilisés. C’est ce qu’explique Jean-Christophe Moussard, Team Manager chez Sodebo : « Nous sommes 22 personnes dans l’équipe et les 22 seront d’astreinte 24 heures sur 24 ».

La marche à suivre est identique pour tous les skippers en cas de problème à bord. « Si Armel a un problème, il se doit d’être le plus précis dans sa description, détaille Pierre-Emmanuel Hérissé. Cela nous permet de mobiliser au plus vite le personnel compétent pour répondre à cette problématique afin qu’on lui transmette rapidement un mode d’emploi, une façon de faire. » Électronique, hydraulique, accastillage… Chaque aspect du bateau a son propre spécialiste dans l’équipe.

Se préparer à intervenir aux quatre coins du monde.

Ainsi, il est fréquent, en course, que les skippers deviennent des bricoleurs. Ça a été le cas tout au long de la Transat Jacques Vabre pour Charles Caudrelier à bord du Maxi Edmond de Rothschild. « Il s’était transformé en MacGyver », expliquait son co-skipper, Erwan Israël. En cas de problème sur l’ARKEA ULTIM CHALLENGE – Brest, les skippers sont autorisés à s’arrêter (voir ci-dessous) soit pour réparer tout seul (l’arrêt technique), soit pour bénéficier de l’aide de leur équipe (l’escale technique). S’ils choisissent cette 2e option, ils devront s’arrêter au minimum 24 heures. « On a le droit en tant qu’équipe d’intervenir sur le bateau », résume Jean-Christophe Moussard.

Par ailleurs, les zones où les Ultims peuvent s’arrêter sans que cela ne prenne trop de temps sont finalement assez limitées. « On a tous identifié ces zones-là qui ne sont pas très loin de là où on passe, confie Charles Caudrelier. Il y a le Brésil, l’Afrique du Sud, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, Ushuaïa… Mais l’objectif, c’est vraiment de ne pas s’arrêter. » « C’est assez conséquent de devoir rester immobilisé au minimum 24 heures lors d’une course d’une cinquantaine de jours, confie Armel Le Cléac’h (Maxi Banque Populaire XI). Ça aura forcément une incidence sur la course ». Néanmoins, pas besoin de s’amarrer dans un port pour que l’équipe puisse intervenir. « Il suffit qu’il y ait un port à proximité et qu’on rejoigne le bateau avec des semi-rigides », précise Jean-Christophe Moussard.

En somme, les équipes se préparent donc à être mobilisables aux quatre coins du monde en un minimum de temps. « Il y a eu un travail conséquent pour établir la liste de tout le matériel qu’on pourrait transporter tout en prenant en compte les contraintes liées au transport », abonde Pierre-Emmanuel Hérissé. « On sait que certaines pièces ne seront pas possibles à transporter comme les foils, poursuit Charles Caudrelier. Mais on a anticipé tout ce qui peut l’être ». Au-delà de l’aspect matériel, certains membres d’équipe auront leurs sacs et passeports prêts « au cas où », et ils seront sur le qui-vive en permanence. Pierre-Emmanuel Hérissé résume, sourires aux lèvres : « Nous aussi, on va tous vivre au rythme de la course ». Rendez-vous donc au départ, dimanche prochain !

Arrêt en course, que dit la règle ?

« Les nombreux aléas que les skippers peuvent rencontrer et l’impératif de sécurité nous ont poussés à définir des règles si l’un d’entre eux est dans l’obligation de réparer, précise Guillaume Rottee, le directeur de course. Il convient de distinguer deux aspects : l’arrêt technique et l’escale technique. L’arrêt technique, c’est la possibilité pour le marin de s’arrêter, de jeter l’ancre, de se mettre à la cape sans aide extérieure. L’escale technique, en revanche, permet de s’arrêter et de bénéficier d’une aide extérieure dont celle de leurs équipes. La contrepartie de l’escale technique, c’est qu’elle doit durer 24 heures minimum, une procédure sera d’ailleurs mise en place pour le contrôler. À noter que si un skipper revient à Brest après le départ, cela ne sera pas perçu comme une escale technique, donc la règle des 24 heures ne sera pas en vigueur ».

Qui compose les cellules de routage ?

  • Actual Ultim 3 : Christian Dumard, Clément Bourgeois et Thierry Chabagny et Arthur Le Vaillant
  • Sodebo Ultim 3 : Philippe Legros, Will Oxley et Dominic Vittet
  • SVR-Lazartigue : Jean-Yves Bernot, Corentin Douguet et François Gabart, Antoine Gautier, Émilien Lavigne (MerConcept)
  • Maxi Edmond de Rothschild : Erwan Israel, Chris Bedford, Benjamin Schwartz et Julien Villion
  • Maxi Banque Populaire XI : Marcel Van Triest, Nicolas Lunven et Sébastien Josse
  • ULTIM ADAGIO : David Lanier

CE QU’IL S’EST PASSÉ AUJOURD’HUI. SVR-Lazartigue bientôt de retour sur l’eau.

Ils seront bien six au départ ce dimanche. Si Tom Laperche et son équipe se sont montrés confiants ces derniers jours, rien de mieux que les actes. Depuis cette fin d’après-midi, les manœuvres ont débuté à Concarneau afin de mettre à l’eau SVR-Lazartigue. « La mise à l’eau a été légèrement retardée à cause du vent, on attendait une accalmie », nous explique-t-on dans l’équipe. Tous vont s’activer jusqu’à tard dans la nuit pour procéder à l’ensemble des opérations nécessaires. Le team prévoit d’appareiller en début de matinée, ce vendredi, pour une navigation technique. Samedi, SVR-Lazartigue devrait quitter Concarneau vers 8h30, l’horaire étant encore à confirmer. Tom Laperche et le team espèrent que les Concarnois viendront nombreux pour les encourager. Ce sera le cas aussi quelques heures plus tard à Brest où les visiteurs du village de l’ARKEA ULTIM CHALLENGE – Brest auront la chance de voir l’ULTIM faire son entrée dans le port et contempler, enfin, les six bateaux alignés à la veille du grand départ.