Rencontre avec Jean-François JODOIN, qui nous explique son choix de quitter ses fonctions d’entraîneur des Ducs d’Angers. Il nous fait aussi le bilan de la saison en Ligue Magnus et revient sur les deux saisons passées à Angers. Entretien.
Bonjour Jean-François, pouvez-vous, nous faire le bilan de la saison des Ducs d’Angers en Ligue Magnus et sur sa nouvelle formule ?
“Je pense que la nouvelle formule avec ses quarante-quatre matchs a été positive pour le hockey en France. Cela lui a donné plus de crédibilité, vu de l’étranger. Il a fallu adapter les entraînements par rapport aux matchs. Le rythme a changé et les organismes ont souffert. Cela a aussi ouvert les yeux aux joueurs s’ils voulaient durer sur toute une saison, à savoir qu’une bonne condition physique était nécessaire pour tenir le rythme et qu’il ne fallait pas négliger les entraînements spécifiques, pendant la période estivale.”
Justement, comment avez-vous géré votre effectif ?
“Gérer une équipe n’est jamais évident, car avec le grand nombre de matchs, cela engendre des problèmes de blessures. Il a bien fallu planifier les temps de repos, par rapport au calendrier des rencontres. On a manqué de profondeur de banc, avec un effectif limité en nombre. L’aspect d’avoir cinq blocs et huit arrières est important pour jouer quarante-quatre matchs.”
Cela est dû à une situation économique ?
“Il est sûr qu’à Angers, nous n’avons pas le budget des grosses équipes du championnat. L’aspect économique, par rapport à l’aspect sportif, a pu être un frein cette saison, pour nous.”
Cette saison, vous aviez misé sur deux gardiens de buts français ?
“On avait fait aussi le choix de partir avec deux jeunes gardiens de but français. Ils ont eu le défaut de leur qualité, à savoir le manque d’expérience, qui nous a engendré des buts sur des erreurs. Ils ont parfois eu de l’inconstance. Certains buts casquettes ont joué dans la tête des joueurs. Angers a toujours eu des objectifs élevés avec une certaine pression. Cela n’est jamais facile à gérer lorsque l’on est gardien de but. Cependant, malgré tout cela, je pense que le bilan de la saison est plutôt positif, car nous avons fini sixième de la saison régulière et nous avons atteint les play-offs.”
Le club des Ducs d’Angers a annoncé officiellement votre départ du club. Pouvez-vous nous donner les raisons de votre départ ?
“J’ai annoncé ma décision définitive au club, dimanche, et cela a été officiellement annoncé, hier, aux médias (lundi). C’est une décision familiale et j’ai préféré donner ma priorité à ma famille. Le club m’a fait une belle proposition de deux saisons supplémentaires, qui était correcte. Le club souhaitait que je reste, mais je voulais retourner au Québec. On restera à Angers, jusqu’à la fin de l’année scolaire pour mes filles, avant de repartir au Canada. Je garde de bonnes relations avec le club, donc s’ils ont à nouveau besoin de moi, dans le futur, je ne ferme pas la porte à un retour.”
Avez-vous un club en vue pour la saison prochaine ?
“Pour le moment, je suis à nouveau sur le marché. Je suis libre et en recherche d’un nouveau challenge au Canada. J’espère en retrouver un rapidement, car depuis mes huit saisons d’entraîneur, je n’ai jamais connu de période d’inactivité.”
Avez-vous des regrets ?
“Mon plus grand regret est d’avoir perdu la finale de la Ligue Magnus, la saison dernière, contre Rouen (0-4). Cela a été dur à digérer, car cela n’arrive pas chaque année.”
Et que retiendrez-vous de positif de votre passage aux Ducs d’Angers ?
“Très humblement, je pense avoir contribué à la progression du jeune Gauthier GIBERT (U20), en tant que joueur et humainement. Je suis très content de son potentiel. Pour ma part, on fait ce métier pour être entraîneur, mais aussi pour être formateur. J’ai été aussi très heureux d’avoir en charge un groupe très sympa, uni, engagé et très compétiteur à chaque match. Le vestiaire a toujours été saint et solidaire.”
C’est une marque de fabrique du club, mais aussi dans son recrutement ?
“Le recrutement d’un joueur passe aussi par ces valeurs, qui sont aussi l’identité du club. C’est comme l’aspect du jeu physique et de l’engagement, qui sont importants aux Ducs d’Angers.”
Avez-vous un joueur, qui vous a marqué, cette saison, en Ligue Magnus ?
“Je dirai Alexandre TEXIER, le jeune attaquant grenoblois des Brûleurs de Loup. A dix-sept ans, c’est déjà un joueur exceptionnel. D’ailleurs, il est sûr qu’il sera drafté en NHL, cette année.”
Et concernant une équipe en Ligue Magnus ?
“Les Dragons de Rouen m’ont impressionné, autant dans la qualité individuelle des joueurs, que dans leur jeu rapide.”
Vous qui avez été joueur avant d’être entraîneur, vous servez-vous de votre expérience, dans votre management ?
“Il est évident que je me sers de mon expérience de joueur, dans le management de l’équipe. Aujourd’hui, je pense que les entraîneurs, qui ont été joueur, ont plus de respect et plus de crédibilité vis-à-vis de leurs joueurs.”
Pour finir, avez-vous un petit mot à dire au club des Ducs d’Angers et à ses supporters ?
“Je remercie le club et ses supporters pour ces deux belles saisons. Les supporters ont toujours été un soutien envers le club et envers moi, même pendant les moments les plus difficiles de la saison. D’ailleurs, j’ai eu l’occasion d’échanger avec certains et ce fut très agréable. Et puis au niveau sportif, je souhaite au club de gagner, un jour, la Ligue Magnus.”
Jean-François JODOIN
Né le 12 Décembre 1970 à Saint-Hyacinthe (Canada)
Nationalité : Franco-canadienne
Carrière d’entraîneur : Collège Antoine-Girouard Gaulois (Canada) (assistant-coach : six saisons), Les Ducs d’Angers (deux saisons).
Carrière de joueur (poste d’arrière) (1994 à 2009) : Sun Devils de Daytona Beach, Ours de Villard-de-Lans, Les Gothiques d’Amiens, ERC Hassfurt, Les Dragons de Rouen, ASG Tours, Les Diables Rouges de Briançon, Les Ducs d’Angers.
Palmarès (en tant que joueur) : Champion de France de la Ligue Magnus (en 1999 avec Amiens), vainqueur de la coupe de France (en 2002 avec Rouen et en 2007 avec Angers).