Ce samedi, alors qu’Arthur Le Vaillant (Mieux) est en passe de rallier Pointe-à-Pitre et ainsi de boucler les 3 542 milles du parcours de cette 12e Route du Rhum – Destination Guadeloupe en 6e position chez les Ultim 32/23, les alizés, toujours très instables, continuent de donner fil à retordre aux solitaires en approche de l’arc Antillais. Les leaders des classes Ocean Fifty et IMOCA continuent en effet d’enchaîner les manœuvres et tentent de se frayer le meilleur chemin vers la Région Guadeloupe au gré des grains et des incessantes petites oscillations du vent. La tâche n’est pas facile mais, bonne nouvelle, il sera bientôt l’heure d’un dernier empannage avant d’entamer un dernier long bord tout droit en direction de la pointe nord de l’île Papillon. Un long bord en bâbord amure que, plus au nord, le gros du peloton des Class40 a d’ores et déjà débuté et qui fait la part belle à la vitesse malgré d’importantes différences de pression en fonction des placements des uns et des autres.

Ce qu’il faut retenir :

  • Une arrivée est prévue ce samedi 19 novembre en Région Guadeloupe. Arthur Le Vaillant, le skipper de l’Ultim 32/23 Mieux, est effet attendu à la Tête à l’Anglais entre 7h et 10h (heure de Paris) puis quelques heures plus tard sur la ligne d’arrivée au large de Pointe-à-Pitre.
  • Mikaël Mergui a annoncé son abandon hier en fin de journée. Confronté à divers problèmes techniques qui l’ont conduit à effectuer deux escales techniques à Camaret-sur-Mer puis à La Corogne, le skipper du Class40 Centrakor a définitivement renoncé à la course à la suite de problèmes de batteries.
  • Au total, 27 abandons ont été signalés. Il reste donc 106 bateaux en course.
  • Corentin Douguet (Quéguiner – Innoveo) a résolu le problème de moteur qu’il le contrariait depuis le départ de Saint-Malo. Finis donc les problèmes d’énergie pour le navigateur, qui lutte pour une place sur le podium en Class40, et qui va ainsi pouvoir se concentrer pleinement sur sa course.
  • Très belle nouvelle pour Tanguy Le Turquais. Le skipper de l’IMOCA Lazare et sa femme Clarisse Crémer sont désormais parents d’une petite fille.

Ce samedi matin, si Arthur Le Vaillant est en approche de l’arrivée et s’apprête, à son tour après Charles Caudrelier (Maxi Edmond de Rothschild), François Gabart (SVR – Lazartigue), Thomas Coville (Sodebo Ultim 3), Francis Joyon (IDEC Sport) et Yves Le Blévec (Actual Ultim 3), à boucler le parcours de cette 12e Route du Rhum – Destination Guadeloupe, tous les regards sont avant tout tournés sur le joli duel qui se joue chez les Ocean Fifty entre Quentin Vlamynck (Arkema) et Erwan Le Roux (Koesio) que seuls 18 milles séparent ce matin, à moins de 30 heures de leur arrivée à la Tête à l’Anglais. Jamais depuis le début de la course le match n’a été aussi serré dans cette classe. Les dernières longueurs s’annoncent donc sous haute-tension pour les deux marins, ce qui n’est évidemment pas pour déplaire aux observateurs. « C’est un peu énervant d’avoir Erwan sur les talons d’autant que la météo est compliquée. Depuis quelques heures, les grains sont très réguliers. Toutes les demi-heures, il y en a un qui passe. Ça rajoute beaucoup de manœuvres. La navigation dans les alizés n’est vraiment pas simple. J’essaie de me reposer tant bien que mal et surtout, je contrôle mon adversaire. Pas question de le laisser partir dans un coin », a commenté Quentin Vlamynck qui compte ainsi conserver l’avantage d’ici à l’atterrissage sur la Guadeloupe, mais qui redoute naturellement le tour de l’île prévu dans la journée de demain. « La trajectoire est assez claire pour rejoindre les Antilles. Dans la matinée, on va empanner et filer plein sud vers la pointe nord de Grande Terre. Ensuite, il faudra être patient et faire gaffe. Il va y avoir du match jusqu’à l’arrivée. Ces dernières 30 heures, il va falloir y aller à fond ! », a complété le skipper d’Arkema qui rêve plus que jamais de la victoire à Pointe-à-Pitre, mais qui va devoir contenir les attaques de son rival jusque dans les derniers milles.

Trouver le bon chemin et préserver la machine jusqu’au bout.

Si le jeu est serré en Ocean Fifty, il l’est tout autant du côté des IMOCA où, en tête de flotte, Thomas Ruyant (LinkedOut) et Charlie Dalin (Apivia) se rendent coup pour coup avec un léger avantage pour le nordiste qui compte, ce matin, un bonus de quinze milles sur son principal concurrent et un matelas de 70 milles sur la paire Jérémie Beyou (Charal) – Kévin Escoffier (Holcim – PRB), en embuscade. « Ça continue de tirer des bords. Une chose est sûre : on va être au point sur les empannages en arrivant à Pointe-à-Pitre ! », a plaisanté Beyou lors de la vacation matinale. Comme les autres, ce dernier tente de se frayer la meilleure trajectoire possible vers les Caraïbes mais l’exercice reste complexe, à l’image des jours précédents. « On essaie de trouver le bon chemin dans les alizés mais ils sont très changeants. Ils sont montés d’un cran en termes d’intensité, mais ils ne sont toujours pas super stables. On joue à prendre les petites bascules, les petites accélérations, les nuages… Il y a de quoi faire ! », a relaté le skipper de Charal qui continue de rivaliser dans le trio de tête et joue des coudes, ce matin, avec Kévin Escoffier. « Je suis à vue avec lui. Je viens d’empanner, il a suivi. Il est à une petite dizaine de milles. C’est stimulant mais ça oblige à pousser fort pour essayer de le distancer », a ajouté le marin de la baie de Morlaix, tout de suite très à l’aise lorsque le vent devient un peu plus consistant. « Dans le medium, j’ai du mal à trouver la vitesse mais ça va mieux à mesure que la brise rentre. Le bateau devient plus facile », a concédé Jérémie Beyou qui compose, dans l’immédiat, avec un flux oscillant entre 16 et 18 nœuds sur une mer relativement désordonnée, mais qui s’attend à un renforcement du vent dans les prochaines heures. « Il va falloir continuer de faire attention au bateau car il ne faudrait pas tout gâcher en faisant une bêtise, en tirant trop dessus ou en réglant mal le mât, notamment lors du dernier bord tout droit, demain, qui s’annonce capital. En attendant, il reste un peu de travail, avec des derniers recalages à faire. Ça n’a rien d’évident », a terminé le navigateur.

Continuer d’y croire.

Même constat du côté d’Antoine Carpentier (Redman) en Class40, pourtant situé bien plus au nord. « C’est très instable en force et en direction depuis quelques jours. Même à quelques milles d’écart, on n’a pas forcément les mêmes vents. Chacun fait avec ce qu’il a », a commenté le vainqueur en titre de la Transat Jacques Vabre, alors pointé en 5e position avec un écart au leader, Yoann Richomme (Paprec-Arkea), qui ne cesse de s’accentuer, pour lui comme pour les autres. « Ça fait mal de le voir se barrer comme ça. On est un peu impuissant. J’ai tout essayé aujourd’hui, avec plein de combinaisons de voiles différentes. Je me suis bien pris la tête mais le fait est qu’il y a plus de pression devant », a expliqué le marin. « C’est un peu frustrant d’être dans cette situation où la course semble nous échapper », a ajouté Antoine Carpentier. D’ici à l’arrivée, les perspectives de recoller au score ne sont pas flagrantes même si tout reste toujours possible. C’est d’autant plus vrai que sur les 1 400 milles qu’ils restent à parcourir, la vitesse va primer sur la stratégie. « Comme on est très nord, on va rester en bâbord amure jusqu’à l’arrivée. On est sur un long bord un peu tout droit qui va durer quatre jours, tantôt sous spi, tantôt sous gennaker en fonction des petites variations du vent. Dans ce contexte, le but est de faire marcher le bateau le plus rapidement possible, en espérant que ça s’effondre un peu devant et qu’on puisse revenir. Les fichiers ne sont pas exacts et si ça se trouve, demain ou après-demain, ce sera à notre tour d’avoir plus d’air ! », a conclu le skipper de Redman.