Entraîneur professionnel depuis le début des années 2000 et véritable expert de la course à pied, Sylvain CESBRON cumule maintenant plusieurs activités professionnelles toujours en lien avec l’athlétisme. Il a d’ailleurs eu l’occasion d’accompagner un athlète lors des Jeux de Paris 2024. Lors d’un entretien, Sylvain nous parle du coaching à distance, une de ses fonctions et nous délivre quelques conseils pour se lancer dans la course à pied. 

Bonjour Sylvain, tout d’abord, pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel ? 

« J’ai fait une formation plutôt industrielle à la base. Ensuite, fin 2000, j’ai eu l’opportunité d’être embauché dans un club et de me former, c’était l’Intrépide Athlétisme à l’époque. On m’a donné la chance de passer le diplôme d’entraîneur. J’ai été entraîneur dix-sept ans en tant que salarié et depuis fin 2017, je suis indépendant. » 

Vous êtes multi-casquettes, quelles sont vos différentes activités professionnelles ? 

« On va dire que mon travail se divise en trois parties. J’ai un tiers de mon activité qui est consacrée à l’enseignement en STAPS à l’IFEPSA. J’y enseigne l’athlétisme et le management. Le deuxième tiers est la partie coaching avec des groupes. J’ai des créneaux avec Angers Triathlon où je m’occupe de la partie course à pied et j’ai aussi un groupe de sportifs de bon niveau composé d’une dizaine de garçons et filles que j’entraîne également sur Angers. Je les appelle la Pro Attitude Académie. Le troisième tiers correspond au coaching à distance qui est une partie de plus en plus importante de mon activité. Je coache des sportifs aux profils extrêmement variés, cela va du quasi-débutant en marathon à l’expert en marathon, des coureurs de trail tout comme de 10km ou de demi-fond. Mes clients viennent d’un peu partout sur la planète, certains habitent en Australie ou à La Réunion, même si l’écrasante majorité résident en France. Le coaching à distance permet d’accompagner les personnes qui n’ont pas forcément de structure accessible près de chez eux. Je travaille avec une plateforme qui s’appelle Nolio, cela me permet de créer le contenu des séances d’entraînement de manière très précise avec les allures à suivre, le sportif récupère ensuite sur sa montre la séance qu’il a à faire. Il est guidé dans sa séance avec les allures et après, je récupère toutes les données de son entraînement : sa fréquence cardiaque, sa cadence de pas, et tous les autres paramètres imaginables. Si je ne peux pas les voir, je les appelle une fois par semaine pour faire un bilan avec eux sur leurs séances et sur ce qui gravitent autour de la course. Une semaine type dans ma vie est donc en général très variée. J’exerce aussi une autre activité plus ponctuellement, avec la fédération française d’athlétisme sur la formation d’entraîneur et l’encadrement des équipes de France jeunes de demi-fond. Je m’occupe alors des stages nationaux deux fois par an et de l’encadrement lors des compétitions internationales lorsqu’on les emmène en sélection. » 

Est-ce que vous continuez à pratiquer la course à pied ? 

« Je pratique la course à pied depuis 39 ans sans interruption. J’ai parfois dû faire quelques pauses à cause d’opération au genou ou à l’épaule. En ce moment, je cours au moins deux fois par semaine, mais il y a eu des périodes où je courais 12 fois par semaine. Cela m’arrive parfois de prendre des dossards pour des trails moyennes distances pour me faire plaisir. » 

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui veut se lancer dans la course à pied ? 

« Le plus important, c’est déjà de prendre son temps, de ne pas aller regarder sur Strava pour s’inspirer de ce que font les autres et d’y aller progressivement. Je lui conseillerai aussi de se rapprocher de quelqu’un de très expérimenté ou d’un professionnel pour avoir quelques conseils au départ. Le début est très important, il ne faut pas faire n’importe quoi et surtout savoir pourquoi on le fait. Il faut aussi bien s’équiper, il n’y a pas besoin d’acheter tous les accessoires, la course à pied est un sport accessible, il suffit d’une paire de chaussures adaptée. Il ne faut pas se laisser avoir par le marketing. » 

Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir entraîneur ? 

« L’athlétisme et la course à pied m’ont beaucoup apporté. J’ai découvert cette discipline quand j’étais très jeune, j’avais 10 ans. Cela m’a beaucoup appris déjà d’un point de vue connaissance sur soi-même parce que quand on fait un petit peu de compétition, on s’intéresse à sa santé, son alimentation, comment gérer nos douleurs et nos émotions. J’ai voulu partager mes connaissances et mon expérience, c’est pour cela que je suis devenu entraîneur. » 

Quel est votre plus beau souvenir en tant qu’entraîneur ?

« J’ai un esprit compétiteur donc j’ai tout de suite des images de compétition qui me viennent en tête. Le premier jeune que j’ai accompagné sur des championnats du monde U18, c’était un super souvenir. Et puis évidemment, l’accompagnement d’Alexandre, qui est un pentathlète, lors des jeux de Paris l’année dernière a été un événement marquant dans ma carrière. »

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ? 

« J’aime faire gagner du temps aux personnes. Souvent, quand on débute, on tombe dans plein de travers. L’avantage d’un entraîneur comme moi qui a déjà coaché des centaines de coureurs, c’est que je leur évite de tomber dans ces travers tout en accélérant leur progression. Je me vois comme un accélérateur. Il y en a qui veulent expérimenter par eux-mêmes et il y en a d’autres qui veulent faire des performances rapidement et c’est là que j’interviens. Ce qui me plaît surtout, c’est de voir les gens progresser peu importe leurs niveaux et leurs résultats. » 

Quel a été le plus grand défi que vous avez rencontré dans votre parcours ? 

« Mon passage du salariat au statut d’indépendant a été accompagné quasiment un an après du covid. Ça a été un défi avec pas mal d’interrogations sur la façon d’en quelques sortes survivre à cela. Avec du recul, ça a été complexe, car à ce moment-là, les personnes qui étaient salariées avaient à peu près l’assurance de conserver leur salaire, mais ce n’était pas mon cas. C’était l’inconnu total. »

Pour terminer, pouvez-vous me parler de la préparation d’Alexandre DALLENBACH pour les jeux de Paris 2024 ? 

« Alexandre est un athlète qui représentait la Suisse et que j’ai entraîné sur la partie course à pied du pentathlon. Il est réunionnais à la base, c’est un ami depuis longtemps. Avant de se décider à essayer de se qualifier aux jeux, il avait fait appel à moi pour faire une saison de demi-fond. Naturellement, quand il a décidé de tenter la qualification pour les jeux, c’est moi qui ai continué à le suivre. On a fait cela à distance, car il a beaucoup voyagé entre les stages et les compétitions. On s’appelait toutes les semaines pour faire le point. Je l’ai accompagné lors des championnats d’Europe en Pologne lorsqu’il s’est qualifié pour les JO et ensuite, je l’ai accompagné pendant les jeux. C’était l’opportunité de vivre les jeux de l’intérieur, j’ai été au village olympique avec lui et j’étais avec lui sur les épreuves. » 

Où retrouver Sylvain CESBRON :

https://pro-attitude.fr/academie-demi-fond/

http://courir-comme-un-pro.fr/

[themoneytizer id= »22957-16″]