La Fédération Française d’Athlétisme a enregistré l’an passé de nouveaux records de participations aux différentes courses de trail dans l’Hexagone, et s’est dotée des dispositifs et des outils pour répondre aux attentes des coureurs et des organisateurs, à toutes les échelles.

Le trail français est en pleine forme, et la barre du million de résultats enregistrés sur l’ensemble des courses de France a été atteinte en 2024, comme l’a montré le baromètre finishers, une étude menée de concert par la FFA et l’Union Sport & Cycle. Le dynamisme de la course en nature se mesure également au nombre d’évènements recensés dans l’Hexagone en douze mois : pas moins de 2006 (pour plus de 4900 courses au total) , soit un nouveau record, et une progression de 11% par rapport à 2023.

Forte de ces chiffres, la Fédération Française d’Athlétisme entend consolider son rôle clé dans l’encadrement et le développement de cette pratique plébiscitée par les Français. « Notre mission de service public est de fédérer et d’apporter de la sécurité et de la qualité aux pratiquants et aux organisateurs », explique Emmanuelle Jaeger, présidente déléguée de la FFA. Pour que chacun puisse s’épanouir sur les sentiers, la Fédération a lancé il y a quelques mois des programmes de coaching pour les jeunes traileurs. « Des écoles de trail se sont mises en place, pour répondre aux besoins des enfants comme des adultes, partout en France, dans le cadre d’une pratique sécurisée. L’objectif, c’est que nos clubs puissent adapter leur offre pour accueillir tous les runners, qu’ils courent sur la route ou en nature. La force de nos structures, ce sont la convivialité, la qualité des contenus, l’expérience de nos coaches, et les valeurs qui sont les nôtres », reprend Emmanuelle Jaeger.

Une activité à la portée de tous, partout en France

Par sa simplicité, puisqu’il s’agit par définition de courir sur un chemin, quel qu’il soit, le trail est accessible au plus grand nombre, partout ou presque. « Cela ne demande pas nécessairement des infrastructures comme une piste d’athlétisme en tartan, un sautoir de perche ou des cages de lancer. Le trail peut être un levier de développement touristique sportif pour certains territoires, à des coûts très abordables pour des populations nouvelles. Le développement de stations Univer’trail est au cœur de notre politique dans ce cadre. Aujourd’hui, il en existe vingt à travers toute la France, les dernières ayant été inaugurées en Bourgogne-Franche-Comté, Grand-Est et Normandie, et bien d’autres projets fourmillent partout en France », recense la présidente déléguée de la Fédération. « Ces parcours représentent aussi une alternative à l’offre évènementielle traditionnelle, moins contraignante et moins gourmande en ressources », complète Adrien Tarenne, responsable du développement des pratiques au sein de la FFA.

Si des millions de Français courent régulièrement, que les courses se multiplient et que les pelotons grossissent sans cesse, il convient toutefois de mesurer les effets sur des espaces parfois fragiles. « Nous avons une responsabilité environnementale, pour réguler l’impact des évènements et faire en sorte que la pratique du trail se fasse dans le respect des espaces naturels qui composent notre terrain de jeu. Il faut trouver le bon compromis entre l’animation des territoires et la rationalisation de notre présence humaine dans ces milieux », préconise Emmanuelle Jaeger. L’intégration de critères d’écoresponsabilité dans la labellisation des épreuves est un levier possible afin de positionner la Fédération comme un acteur responsable du respect des normes environnementales par les organisateurs et les pratiquants auprès des pouvoirs publics et des acteurs de la préservation des espaces naturels protégés.

Un travail de concert avec les organisateurs au service de tous

Dans un monde très concurrentiel où les circuits privés richement dotés côtoient des organisations de clubs quasi familiales, la FFA contribue à donner des clés de soutien et de visibilité aux différentes épreuves inscrites au calendrier. « La labellisation d’épreuves entamée il y a plusieurs années offre une certification technique des tracés, de leur distance et du dénivelé. Les courses labellisées deviennent qualificatives pour les championnats de France, et il y en a de plus en plus sur l’ensemble du territoire national, ce qui permet de limiter les déplacements pour obtenir sa qualification », présente Adrien Tarenne.

Le challenge national trail, relancé en 2024, a aussi permis de valoriser, via des primes offertes par les partenaires de la Fédération, les résultats des meilleurs coureurs français sur les plus belles courses de l’Hexagone. L’édition 2025 bat son plein, et un certain Hugo Deck, qui faisait partie de l’équipe de France championne d’Europe en 2024, pointe actuellement en tête du classement du trail court. Les championnats de France, prévus les 12 et 13 juillet prochains dans le majestueux cadre de Val d’Isère, seront décisifs pour l’attribution des places en équipe de France lors des championnats du monde en Espagne fin septembre.

Trois questions à Julien Rancon

L’ancien vice-champion du monde de trail en 2019 a remplacé Olivier Gui, parti à la retraite, en tant que responsable national du trail et de la course en montagne.

Julien Rancon, pouvez-vous présenter votre parcours sportif ?

« Je baigne depuis très longtemps dans l’athlétisme, et plus particulièrement dans les course en nature. J’ai participé à une édition des championnats du monde de course en montagne au cours d’un autre siècle, en 1999, chez les juniors. J’ai pratiqué la course en montagne et le trail à haut niveau jusqu’en 2024, avec 34 sélections internationales, mais j’ai aussi beaucoup couru en cross, sur la route et même un peu sur la piste lors de mes années espoirs. Cela me donne une vision large de la course à pied. »

Depuis quand avez-vous basculé de l’autre côté de la barrière, en tant que coach ?

« J’ai obtenu un Master Staps en ingénierie de l’entraînement sportif à Bordeaux en 2003 et j’ai rapidement commencé à entraîner en parallèle de ma carrière sportive : des particuliers, mais aussi au sein de mon club, l’AL Echirolles, et dans un des premiers teams privés de trail destiné aux jeunes, dès 2013. Accompagner les jeunes m’a toujours intéressé. La formation, la planification à long terme, le développement des qualités, c’est une réflexion profonde qui me plaît beaucoup. J’ai rejoint l’encadrement national à partir de 2018, alors que je n’étais que remplaçant en équipe de France pour les Europe de course en montagne en Andorre. Olivier Gui m’a ensuite proposé de m’intégrer progressivement au suivi des jeunes, avec Laurence Vivier et Antonio Gallego. »

Quelles sont vos ambitions et vos principaux chantiers pour les mois à venir ?

« D’un point de vue sportif, nous voulons rester la meilleure nation des championnats internationaux, comme c’était le cas aux Mondiaux à Innsbruck en 2023 et aux Europe à Annecy en 2024. La tâche est ardue, parce que le niveau monte : de plus en plus d’équipes sont présentes, avec des athlètes très compétitifs. Pour maintenir notre standing, il faut accompagner les athlètes pour les mettre dans les meilleures conditions dans tous les registres : sportif, logistique, et socio-professionnel. J’ai aussi envie que nos disciplines soient encore plus reconnues, et qu’elles se dotent d’une organisation globale qui englobe le haut niveau, les compétitions nationales et l’accès à ces compétitions par des championnats et des challenges. Le haut niveau ne dépend pas que des athlètes présents à l’instant T en équipe de France. Il nécessite une bonne détection, une formation de qualité et une organisation générale pour une obtenir pyramide équilibrée. »

 

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