L’équipe de France féminine a réalisé dimanche le plus gros exploit de son histoire en se qualifiant pour les quarts de finale du Championnat du monde, grâce à sa victoire pleine de maîtrise face à la Chine à Bangkok (25-20, 27-25, 22-25, 25-20). Elle affrontera jeudi le Brésil ou la République dominicaine.
« Mission I’m possible », tel était le message inscrit par Cesar Hernandez sur une image montrée à ses joueuses avant le coup d’envoi du Championnat du monde féminin en Thaïlande, pour bien leur faire comprendre que si elles y croyaient, elles pouvaient renverser des montagnes sur ce premier Mondial joué par la France depuis 1974.
Et c’est la montagne chinoise – triple championne olympique, double championne du monde – que ces dernières ont renversée ce dimanche à Bangkok au prix d’un match qui s’est déroulé comme dans un rêve, avec un scénario qui était exactement celui imaginé par l’entraîneur espagnol et son staff. A savoir faire douter l’adversaire en lui mettant beaucoup de pression au service et en défense, rester au contact au score dans chaque set, puis porter l’estocade dans le money-time.
A l’arrivée, le résultat final (3-1) reflète la physionomie d’une rencontre que les Bleues, avec Nina Stojiljkovic titulaire à la passe, ont parfaitement entamée, poussant d’entrée le coach chinois Yong Zhao à prendre deux temps morts pour tenter de remobiliser ses joueuses et à faire ses premiers changements en attaque (9-3). La France reste devant après le premier bloc du match signé Eva Elouga (13-7), puis le premier ace de la centrale (21-16), le contre tricolore, bien en place, poussant les Chinoises à accumuler les fautes (9 dans le premier set). La dernière, sur le service de la gauchère Li, permet aux Bleues de virer en tête (25-20).
Forcément, la Chine, 5e nation mondiale, réagit et prend le score (8-12) en début d’une deuxième manche en forme d’élastique, avec un écart qui se tend en faveur des partenaires de la capitaine Gong puis se détend au gré des remontées tricolores (15-15, 21-21). Les coéquipières de la centrale Wang (15 points) se créent deux balles de set sur deux grosses attaques (22-24), puis une troisième (24-25), à chaque fois sauvées par les Bleues qui finissent en trombe, avec un service d’Héléna Cazaute bonifié par Amélie Rotar, cette dernière enchaîne un énorme bloc, synonyme de deuxième set (27-25) !
Le début du suivant est à l’avantage de la Chine après un contre signé Gao (3-6), les partenaires de la jeune passeuse Zixuan Zhang se montrant plus efficaces en attaque, à l’image de Wu (13 points), tandis que la centrale Wang enchaîne les points en « basket », ce qui permet à son équipe de se créer cinq balles de set (19-24). Pour bien montrer qu’elles ne comptent pas capituler, les Françaises en sauvent trois sur le service d’Iman Ndiaye (22-24), la quatrième est finalement la bonne après un rallye conclu au contre par la capitaine Gong (22-25).
Mais la dynamique est bien bleue, en témoignent les six points de suite (de 2-3 à 8-3) sur une série au service d’Héléna Cazaute (encore meilleure marqueuse du match avec 23 points), véritable symphonie de volley, entre ace court de la capitaine, énorme attaque d’Amélie Rotar et blocs de cette dernière et d’Amandha Sylves (8-3). La Chine recolle après trois contres de suite (10-8), puis égalise par Wu (14-14), moment choisi par Amélie Rotar (18 points, 16/31 en attaque, 2 blocs) pour entrer en lévitation, avec un enchaînement de points en attaque sur le side-out français, qui permet aux Bleues de reprendre le score (18-15 puis 20-16).
Elles ne le lâcheront plus, grâce à la solidité mentale et technique en attaque de cette même Amélie Rotar, d’Héléna Cazaute, qui signe une diagonale décisive dans le carré magique, et d’Iman Ndiaye (21 points). Cette dernière donne quatre balles de match à la France (24-20), une seule suffit, d’un contre signé Lucille Gicquel, rentrée pour densifier le bloc, preuve que cette équipe de France a décidément bien des atouts dans sa besace (25-20).
Les larmes peuvent alors couler sur les joues des joueuses, notamment des plus anciennes qui se souviennent où était cette équipe de France quand le plan de reconstruction a débuté il y a bientôt dix ans. La voilà pour la première fois de son histoire en quarts de finale du Championnat du monde et au vu de sa dynamique, rien ne l’empêche de rêver encore plus haut, elle qui affrontera jeudi, place dans le dernier carré en jeu, le Brésil, qu’elle a poussé dans ses retranchements deux fois cet été (défaites 3-2 en VNL et en match de poule il y a une semaine), ou la République dominicaine.
Les réactions :
Cesar Hernandez, entraîneur de l’équipe de France : « Je suis super fier des joueuses, du staff, de tout le monde, nous avons fait un travail magnifique aujourd’hui, nous avions très bien préparé le match, nous avons pris des risques au bloc et en défense, les joueuses ont été capables de bien suivre le plan. Nous avons bien attaqué en attaque, nous avons aussi réussi à les mettre sous pression et en difficulté avec notre service, ce qui nous a permis de nous mettre dans une position à laquelle nous nous étions préparés, j’avais dit aux joueuses que c’était important d’arriver dans les moments importants du match avec peu d’écart. C’est ce que nous avons réussi à faire dans ce premier set. Dans le deuxième, nous sommes revenus après avoir été derrière au score pendant tout le set, ensuite, les Chinoises ont bien réagi, mais dans le quatrième, nous avons réussi à creuser un petit écart d’entrée, ce qui nous a laissé la possibilité de prendre quelques risques en attaque, et là, on a marqué des points importants, par Héléna (Cazaute) dans le coin, Amélie (Rotar), Iman (Ndiaye), toutes les joueuses ont fait un gros job, Dada (Amandha Sylves), Nina (Stojiljkovic), Amandine (Giardino), Juliette (Gelin), Lucille (Gicquel)… Je suis super content, nous continuons à écrire l’histoire, nous voulons garder le livre ouvert pour encore écrire de nouvelles pages. Je suis vraiment fier parce que j’avais dit aux joueuses que pour devenir une grosse équipe, il fallait remporter des victoires importantes, comme celle d’aujourd’hui. Je suis fier d’elles pour ce match, mais aussi pour tout l’été, les joueuses ont mis beaucoup d’engagement, elles ont beaucoup travaillé, beaucoup écouté ; sur ce match, aux temps morts, nous ne faisions que parler de volley-ball, des adaptations à apporter, ce qu’elles ont très bien su faire à chaque fois. C’est incroyable, maintenant, nous devons récupérer et préparer le prochain match. »
Héléna Cazaute, réceptionneuse/attaquante et capitaine de l’équipe de France : « Je suis super fière de mon équipe, on mène 2-0, on sent qu’on est un peu fébriles dans le troisième, mais je pense que le match contre le Brésil nous a servi de leçon (défaite 3-2 après avoir mené 2-0), et à l’arrivée, on bat la Chine 3-1. Si au début du Championnat du monde, on nous avait dit ça, je pense qu’il n’y en aurait pas beaucoup qui l’auraient cru. On voit le chemin qu’on a parcouru depuis l’année dernière, aux Jeux Olympiques, on avait perdu 3-0, ça avait été une rude défaite, cette fois, on gagne 3-1, donc je suis super contente, j’ai juste envie de profiter avec les filles. On travaille beaucoup depuis le début de l’été, j’adore la mentalité dans cette équipe, ça bosse et ça ne dit rien, et voir que ça marche, c’est du pur bonheur. Sur ce match, on savait que si on servait mal, ça allait être compliqué, il fallait donc bien servir, ce qu’on a réussi à faire, le plan en bloc/défense a aussi été bien respecté, ce qui était super important. On continue à écrire l’histoire, mais on n’a pas envie de s’arrêter là. »
Amélie Rotar, réceptionneuse/attaquante et capitaine de l’équipe de France : « Il y a énormément de fierté et d’émotions, je pense qu’on ne réalise pas vraiment qu’on est en quarts de finale d’un Championnat du monde, bravo au staff aussi qui fait un énorme travail pour nous. On a commencé comme contre le Brésil en étant bien agressives sur les deux premiers sets, ensuite, on a encore eu cette rechute dans le troisième, dû en partie à l’excitation, à l’adrénaline de se dire qu’on avait pris deux sets à la Chine, mais cette fois, on a réussi à pratiquer un très bon volley dans le quatrième. Peu importe l’adversaire pour la suite, on sait déjà qu’on a fait un énorme parcours, l’important est de continuer à prendre du plaisir. »
Les 14 Bleues pour le championnat du monde (entre parenthèses, le club de la saison 2025-2026)
- Passeuses : Enora Danard-Selosse (Mulhouse), Nina Stojiljkovic (Zaon Kifisia/Grèce)
- Libéros : Juliette Gelin (Milan/Italie), Amandine Giardino (Le Cannet)
- Réceptionneuses/attaquantes : Amélie Rotar (Götzepe SK Izmir /Turquie), Sabine Haewegene (Chamalières), Nawelle Chouikh-Barbez (Chamalières), Héléna Cazaute (VakifBank Istanbul/Turquie)
- Pointues : Iman Ndiaye (Nilüfer Belediyespor Bursa/Turquie), Lucille Gicquel (Toray Arrows Shiga/Japon)
- Centrales : Amandha Sylves (Pinerolo/Italie), Fatoumata Fanguedou (Chamalières), Eva Elouga (Béziers), Camille Massuel (Cannes)
Le staff : Cesar Hernandez (entraîneur), Fikkret Ceylan, Marius Clerc et Félix André (entraîneurs adjoints), Romain Guivarch (statisticien), Thomas Guillaumond (préparateur physique), Jad Arbid (médecin), Guillaume Peyre (kiné), Marc Francastel (team manager)
Le programme des Bleues au championnat du monde en Thaïlande
Poule C, à Chiang Mai :
- Vendredi 22 août, 11h : Porto Rico/France – 1/3 (22-25, 18-25, 25-21, 14-25) Les stats
- Dimanche 24 août, 14h30 : Brésil/France – 3-2 (21-25, 20-25, 25-15, 25-17, 15-13) Les stats
- Mardi 26 août, 11h : France/Grèce – 3-1 (17-25, 25-21, 28-26, 25-17) Les stats
Phase finale à Bangkok :
- Dimanche 31 août, 12h, 8e de finale : Chine/France – 1-3 (20-25, 25-27, 25-22, 20-25) Les stats
- Jeudi 4 septembre (12h ou 15h30), quarts de finale : France/Brésil ou République dominicaine








