Il s’agit d’une journée historique, de celles qui restent gravées longtemps dans les mémoires et qui ont le don de marquer l’histoire. L’ARKEA ULTIM CHALLENGE – Brest, première course autour du monde, en multicoque et en solitaire, a donc débuté ce dimanche à 13h30 pour six skippers, acteurs d’un défi hors norme. Le décompte a été donné de concert par Julien Carmona, Président du Crédit Mutuel Arkéa et du Crédit Mutuel de Bretagne, François Cuillandre, Maire de Brest et Président de Brest Métropole, et Olivier Kersauson, illustre marin un temps recordman autour du monde.

Depuis le petit matin, tous les ingrédients étaient réunis pour une fête à nulle autre pareille avec un public venu en nombre. Ils ont découvert des marins émus, conscients de ce qui les attend puis ce ciel clair et lumineux en arrière-fond de leur « au revoir ». Les conditions clémentes du départ – 10 à 15 nœuds de vent – ont offert un départ à couper le souffle, une mise en jambe parfaite pour trouver les bons réglages et assurer la traversée du golfe de Gascogne. C’est le début d’une nouvelle histoire où les certitudes sont rares, les inconnues nombreuses et les organismes soumis à rude épreuve. Les skippers emportent avec eux le désir d’exploit, la garantie d’un spectacle haletant ainsi que la part d’insouciance et d’admiration qui flottaient parmi la foule massée pour les encourager.

LES DERNIÈRES CONFIDENCES DES MARINS AVANT LE DÉPART

Éric Péron (ULTIM ADAGIO) : “Hier soir, j’ai convié deux copains à boire un verre, et j’ai bien dormi. Comme le bateau est présent au ponton depuis longtemps, on a vu le village s’y monter, l’effervescence progresser, et ça a rythmé notre préparation. Hier, on réglait encore des détails pour partir. On est prêt… On accepte de l’être de cette manière. Il est temps de fêter un moment historique. Ce soir, après un empannage ou deux, on sera enfin en place pour ce tour du monde. Entre temps, il y a tout un protocole de départ que j’ai confié à l’équipe technique. On ne va pas être malmené, il y a beaucoup de manœuvres mais ça devrait bien se passer.”

Charles Caudrelier (Maxi Edmond de Rothschild) : “J’ai essayé de me blinder en matière d’émotions surtout pour mes enfants, qui ne m’ont jamais trop vu partir si longtemps. Ils sont inquiets, mais je les ai rassurés. Tout va bien parce qu’on fait ce qu’on sait faire, ce qu’on a envie de faire. Nous sommes des privilégiés d’être au départ de cette course et d’être aux commandes d’un bateau tel que Maxi Edmond de Rothschild. Il faut s’en rappeler à chaque fois qu’on se demande si on a peur ou qu’on se dit que ça va être dur. On ne peut pas se plaindre. C’est juste un peu dur mais ça va passer dès que la ligne de départ sera passée.”

Anthony Marchand (Actual Ultim 3) : “C’est cool, j’ai bien dormi cette nuit. J’ai une petite boule au ventre parce que la journée va être longue, pleine d’émotions. Les ‘au revoir’ ne sont jamais hyper agréables, tout le monde le redoute, mais c’est chouette. Le plus beau mouvement de la partition sera le top départ, je pense. Après on sera en course, on aura remis la casquette de régatier. On va partir sous gennaker. Il y a donc une grosse voile à déployer, il faudra bien se positionner et faire un bon départ pour remercier notre partenaire Actual et l’équipe. Jusqu’à l’équateur, on ne va pas avoir le temps de s’ennuyer.”

Tom Laperche (SVR-Lazartigue) : “C’est sûr qu’il y a beaucoup d’émotions. Des moments comme ça, on n’en vit pas beaucoup dans une vie. Voir l’équipe, ça fait quelque chose. Ces dernières semaines, ils ont été aux aguets sur tous les sujets du bateau et ils ont beaucoup travaillé. J’ai confiance en eux, j’ai une relation d’amitié avec eux. C’est fort de me sentir partir sur ce bateau en ayant toute cette équipe qui veille sur moi et sur ce bateau. J’ai plein de scénarios, plein de questions en tête et en même temps, je suis heureux d’avoir le privilège de faire ce tour du monde sur le trimaran SVR-Lazartigue. Je vais en profiter à fond !”

Thomas Coville (Sodebo Ultim 3) : “C’est mon premier tour du monde sans mes parents. Mes parents sont ailleurs, je fais cette course pour moi et pour eux, dans une logique de loyauté à leur égard. J’ai dit ça hier soir, ça a été terrible mais peut-être que le fait de le verbaliser a libéré quelque chose. Je me sens très heureux et très en phase avec un moment de ma vie très agréable. Des tours du monde sont des occasions privilégiées d’être vraiment quelqu’un et d’être avec mon équipe, ce groupe formidable que j’ai vraiment choisi. Je suis déjà dans le maritime, le sportif, l’opérationnel, très directement ancré dans le bateau. Mère nature a été cool avec nous avec ce départ qui va être très esthétique sous le soleil.”

Armel Le Cléac’h (Maxi Banque Populaire XI) : “J’espère que le spectacle sera à la hauteur de ce que le public nous a offert ce matin. J’avoue que je n’aime pas trop m’approcher du trophée, ça porte malheur. Ça fait longtemps que je rêvais d’une grande course qui s’élance depuis le Finistère, tout est réuni pour une belle histoire. Maintenant, à moi de réussir ma mission et revenir ici fin février. Comme un pilote de Formule 1, il faut rentrer dans sa course. Après ça reste un grand moment de partage, d’émotions et on ne peut pas y être insensible. J’ai vécu ça sur le Vendée Globe et là aussi, c’était fort. Je vis aussi pour vivre ça !”