Nous sommes allés à la rencontre de Richard Doguet, président de la commission départementale de l’arbitrage et membre du comité de direction du district de football de Maine-et-Loire. Ancien joueur, ancien éducateur, ancien président de club et ancien arbitre, cet homme de 64 ans a consacré beaucoup de temps à sa passion, le football. C’est à l’issue de sa carrière d’arbitre qu’il a décidé de rendre ce que lui avait apporté l’arbitrage pendant dix-neuf ans, en devenant observateur d’arbitre, puis il est rentré dans la commission départementale de l’arbitrage (CDA). Il en est le président depuis cinq ans maintenant.

Au départ, Richard a décidé de devenir arbitre officiel pour rendre service à son club qui était en infraction au niveau du statut de l’arbitrage avec une amende à la clé et une diminution du nombre de mutés… A l’époque, il était le président de ce club, il a lancé un appel aux intéressés, malheureusement cela n’a pas porté ses fruits. Mais il se trouvait qu’il était éducateur d’une équipe de jeunes depuis dix ans, et il arbitrait régulièrement des matchs en tant que bénévole. Donc, il a passé sa formation d’arbitrage et cela lui a directement plu. Au bout d’un an et demi, il est passé arbitre de première division de district dans laquelle il a rempli sa fonction pendant tout le reste de sa carrière. 

Richard, étant le président de la commission départementale de l’arbitrage, est responsable de la formation pour devenir arbitre. Donc, nous lui avons demandé comment étaient formées les personnes à ce poste. D’abord, il faut savoir que la formation à l’arbitrage est différente selon les CDA. En Maine-et-Loire, elle dure un week-end, du vendredi soir à dimanche après-midi et elle se fait en internat pour gagner un peu plus de temps. Cette formation est intensive, il y a beaucoup de théorie notamment sur les lois du jeu et la partie administrative (feuille de match, rapports…). Il y a aussi une partie pratique, dans laquelle est réalisé le test VAMEVAL pour tester les capacités physiques des candidats. C’est aussi le moment où l’on apprend les déplacements de l’arbitre, les coups de sifflet et les signes à réaliser en fonction de l’arrêt de jeu (coup franc, corner, touche…). Selon Richard, malgré un week-end intense, ce stage ne nous donne que les bases, il est impossible de tout savoir en un week-end. C’est pourquoi, leur CDA, et ce sont les seuls au niveau de la ligue, propose trois modules de perfectionnement qui se déroule sur trois samedis matin après la formation. Lors de ces modules, il y a quelques révisions par rapport à la formation mais surtout des retours sur expériences des nouveaux arbitres qui vont permettre aux formateurs de les corriger et conseiller pour les prochains matchs.

Nous lui avons demandé quelles étaient les compétences/qualités à avoir pour être un bon arbitre. Il commence par rigoler puis nous donne la base selon son avis : “Déjà, il faut connaître les règles pour pouvoir les appliquer et il faut avoir un minimum de condition physique parce que si l’on n’est pas bien dans ses jambes, on n’est pas bien dans la tête et on ne peut pas arbitrer correctement.” Ensuite, il explique l’importance d’être pédagogue : “Nous ne sommes pas des gendarmes”, dit-il, l’arbitre a pour objectif principal, le plaisir des joueurs sur un terrain dans le respect des règles. Richard ne nous cache pas que le meilleur moyen de devenir un bon arbitre est de multiplier les expériences en match. C’est comme dans tout. Il y a notamment le côté psychologue et autoritaire qui se forge avec l’expérience. La notion d’autorité n’est pas à confondre avec l’autoritarisme. Selon Richard : “L’autorité, c’est se faire respecter, mais si l’on veut se faire respecter, il faut d’abord respecter les joueurs, les éducateurs, les dirigeants […] c’est aussi prendre ses responsabilités, et avoir du courage.” Il conclut en disant que si nous avons les bases (le règlement et la condition physique), il y aura déjà une autorité qui va transparaître auprès des autres acteurs du match.

Dans la suite de notre entretien, nous en venons à parler des débats au sujet de l’arbitrage qui ne concernent majoritairement que le football professionnel. “Ce n’est pas le même monde, apparemment c’est le même sport, mais je ne suis pas toujours sûr…” doute Richard. Il explique qu’il y a une différence d’arbitrage entre le monde professionnel et le monde amateur. Les lois du jeu sont les mêmes pour les deux niveaux, mais l’application est différente. Les arbitres professionnels ont des consignes particulières par rapport aux enjeux, aux comportements des joueurs tandis que les arbitres de district appliquent les règles à la lettre.

Pour bien finir cet entretien, nous avons demandé à Richard de nous donner son meilleur et son pire souvenir dans l’arbitrage. Il réfléchit. Et il nous avoue ne jamais n’avoir jamais eu de matchs à problèmes. En 19 ans de carrière, il a terminé tous ses matchs, personne ne l’a menacé physiquement. “Si, j’ai pris un coup de parapluie en sortant d’un match une fois mais il ne s’est rien passé d’autre après” se rappelle-t-il. La chance d’évoluer en 1er division est sûrement une des raisons à cela, car les comportements sont plus respectueux que dans les divisions les plus basses nous explique-t-il. A l’inverse, des bons souvenirs, Richard en a plein. Il se remémore ses nombreux matchs, et raconte que les meilleurs matchs étaient ceux qu’il pensait être difficile. Ces matchs là, il les préparait mentalement, et à l’avance, il y pensait un ou deux jours avant la rencontre. Et ce sont ces matchs qu’il réussissait le mieux parce qu’il les avait préparés avant. Il conclut, en souriant, en disant qu’il était heureux d’avoir réussi ces matchs qu’il pensait difficiles à la base.