Installé dans le milieu agricole, Alexis GRANNEAU a troqué les terrains de football pour les sentiers. Entre travail à la ferme et compétitions de haut niveau, il s’impose peu à peu comme un traileur à suivre. 

Bonjour Alexis, vous avez déjà une belle expérience sur des trails prestigieux comme l’UTMB, l’Ultra Tour des Quatre Massifs ou encore le Grand Raid des Pyrénées. Qu’est-ce que ces courses vous ont apporté en tant qu’athlète ?

« La plupart de ces gros trails, je les ai faits en relais, souvent avec mon frère et deux copains. On s’est pris au jeu au début, un peu par hasard, et finalement on s’est dit : pourquoi ne pas en faire chaque année ? Comme les relais se font sur de longues distances, cela nous a permis de participer à pas mal de grandes courses ces dernières années. »

À quel moment avez-vous senti que le trail allait devenir plus qu’un simple loisir, une vraie passion ?

« Il y a dix ans, je faisais encore du football. Mes parents couraient déjà, et je me suis inscrit à un petit trail local, un 5 km à Chalonnes-sur-Loire. J’ai pris beaucoup de plaisir et, à la fin de la saison de foot, je me suis demandé si je reprenais une licence ou si je me lançais dans l’athlétisme. J’ai choisi le trail, et je ne l’ai jamais regretté. »

Avec votre métier dans le milieu agricole, j’imagine que le football aurait été difficile à gérer ?

« Exactement. Je travaille souvent le week-end, donc cela n’aurait pas été compatible avec un sport collectif. »

Vous avez récemment remporté le Trail entre Loire-et-Vigne et le Trail des Moulins. Comment avez-vous vécu ces succès ?

« C’étaient deux courses très différentes. Le Trail des Moulins, c’était une grosse bataille avec Vincent COIFFARD, surtout à domicile. Quand c’est « à la maison », on a envie de donner le maximum. Celui entre Loire-et-Vigne, c’était une autre gestion. Je suis parti devant assez tôt et j’ai pu profiter du parcours. La sensation de victoire est la même, mais la manière est différente. »

Comment vous préparez-vous physiquement et mentalement pour enchaîner de telles distances ?

« J’ai la chance d’être bien entouré. J’ai un coach qui me suit depuis mes débuts, il me connaît par cœur et adapte mes plans d’entraînement à mon métier. On planifie la saison autour de trois gros objectifs. Les autres courses servent souvent de préparation. Et puis, je sais aussi lever le pied quand cela est nécessaire, afin d’éviter la blessure. »

Votre métier doit compliquer l’organisation de vos entraînements ?

« Oui, ce sont surtout les imprévus qui compliquent les choses : un robot de traite qui tombe en panne, un problème avec les bêtes… J’essaie de ne pas me mettre trop de pression. Si je rate une séance, ce n’est pas grave. Je vois l’entraînement sur le long terme. »

Ressentez-vous du stress avant le départ d’une course ?

« Pas vraiment sur les courses « secondaires ». Là, je prends du plaisir. En revanche, les relais me stressent plus : quand vous courez pour une équipe, vous n’avez pas le droit de vous rater. Pour gérer cela, je relativise, on s’est préparé, cela reste une course. Et si c’est raté, ce n’est pas dramatique, il y aura d’autres occasions. »

Quels sont vos prochains objectifs ?

« Dans dix jours, j’ai le semi-marathon de Chalonnes-sur-Loire, puis le marathon de Paris, le dimanche 2 novembre. En parallèle, je prépare surtout le Trail des Templiers mi-octobre, qui était mon gros objectif de la saison. »

Comment faites-vous pour gérer votre activité professionnelle quand vous partez sur de grands déplacements ?

« Je suis salarié, donc c’est plus simple que si j’étais patron. On est cinq sur l’exploitation, avec plusieurs productions, donc quand l’un s’absente, les autres prennent le relais. »

Enfin, qu’est-ce qui vous motive le plus dans la course à pied ?

« C’est la variété. Sur route, c’est le chrono : aller chercher quelques secondes, battre un record personnel. En trail, c’est plus la bataille avec les autres et le changement de paysages. Varier les deux, cela me motive énormément. »