Sourd profond depuis une méningite contractée bébé, Théo MOREAU s’est forgé un parcours hors du commun. Passé du football au triathlon, il a brillé aussi bien chez les valides que dans le handisport, avant de surmonter un AVC en 2023. À vingt-sept ans, il repart à la conquête de titres mondiaux avec la même force : la passion et la volonté de prouver que rien n’est impossible.
Bonjour Théo, vous êtes devenu sourd profond après une méningite étant bébé. Comment ce handicap a-t-il influencé votre rapport au sport ?
« Au début, c’est arrivé par le football. J’avais envie de prouver que je pouvais faire des choses, que j’avais les capacités. Petit à petit, je me suis lancé dans les courses pour montrer que le handicap n’était pas un frein. »
Vous avez pratiqué le football jusqu’à l’âge de douze ans avant de vous tourner vers le triathlon. Qu’est-ce qui vous a poussé à franchir ce cap ?
« J’en avais un peu marre des sports collectifs. Au football, j’étais souvent sur le banc, sans pouvoir montrer mes capacités. Je savais que je pouvais faire plus et j’avais envie de mesurer mes qualités dans un sport individuel. C’est comme cela que je me suis dirigé vers le triathlon. »
Votre parcours reflète une grande persévérance. D’où vous vient cette force mentale ?
« C’est venu progressivement. Course après course, année après année, j’ai pris goût à l’idée de faire mieux à chaque fois. »
Vous avez brillé aussi bien chez les valides que chez les handisports. Que représente cette double reconnaissance ?
« Mes titres chez les valides, champion d’Europe et vice-champion du monde en duathlon, ont une saveur particulière. En handisport, nous sommes tous sur un pied d’égalité, mais réussir face aux valides, cela a un prestige supplémentaire. Cela dit, mon titre olympique en handisport reste un très beau souvenir. »
Parmi tous vos titres, quels sont ceux qui restent les plus symboliques à vos yeux ?
« Le premier, gagné chez les valides. C’est le plus valorisant pour moi. Et bien sûr, mon titre olympique, qui reste exceptionnel. »
En 2023, vous avez subi un AVC à Majorque. Comment avez-vous surmonté cette épreuve ?
« Mentalement, je n’avais pas le sentiment d’en avoir fini avec le sport. Ce n’était pas moi qui avais décidé d’arrêter. C’est ce qui m’a donné envie de revenir. Physiquement, cela a été plus long. Il a fallu retrouver la condition, les sensations, l’adrénaline en course. Ce n’était pas facile, mais petit à petit, j’ai retrouvé mes repères. »
Vous avez aussi dû vous battre pour obtenir à nouveau une licence sportive. Comment avez-vous vécu cette frustration ?
« C’était dur, le corps médical ne voulait pas prendre le risque, ni la responsabilité. »
Quand vous avez repris la compétition, qu’avez-vous ressenti ?
« De l’excitation, de l’adrénaline, et puis tous les souvenirs sont revenus. Je me suis rappelé pourquoi je faisais cela. »
Aujourd’hui, avez-vous retrouvé votre meilleur niveau ?
« Je sens que je progresse. Je suis revenu à mon niveau d’avant l’AVC, et même un peu mieux. Je n’ai plus le droit de faire certains formats pendant trois ans, donc je me concentre sur des formats plus courts, avec plus d’intensité. »
Quels sont vos prochains objectifs ?
« Je prépare les championnats de France paratriathlon (catégorie sourd) à Cabourg, le 28 septembre, et je vise aussi le championnat du monde 2026, à Abu Dhabi. J’ai raté le titre mondial pour trente secondes la dernière fois, donc j’ai un an pour préparer ça. »
Qu’est-ce qui vous rend le plus fier dans votre parcours ?
« De montrer que tout est possible. Que le handicap n’est pas une barrière, ni dans la vie sportive, ni dans la vie professionnelle. Avec de la volonté et de l’ambition, on peut réussir. Le plus dur, c’est de se lancer. »
Pour terminer, avez-vous un site internet où nous pouvons suivre votre actualité sportive ?
« Oui, bien sûr, vous pouvez me retrouver sur mon site internet, afin de suivre mon actualité sportive. »








