Rencontre avec Baptiste JANNIOT, l’un des arbitres de référence, de la Ligue des Pays de la Loire de Football, où il sera de nouveau affecté dans la catégorie Élite Régionale en 2020-2021. Avec son attitude toujours posée et réfléchie, celui qui a été bercé par le monde du football depuis tout petit, prendra le temps de nous parler de son parcours de joueur de bon niveau et de ses débuts dans l’arbitrage, avec la rencontre de personnalités marquantes du monde du football et de l’arbitrage. Ensuite, il nous fera partager ses meilleurs souvenirs et nous exposera les qualités requises pour être un bon arbitre, où les échanges et les relations humaines sont importants. Puis, il reviendra sur sa saison 2019/2020 avec les objectifs qu’il s’était fixés, et qui s’est achevée prématurément dû au virus du Covid-19. Enfin, il nous présentera ses futurs objectifs pour la prochaine saison 2020/2021, avec son rôle de formateur chez les jeunes arbitres, tout en nous évoquant son avenir sportif. Un long entretien à ne pas manquer !

Bonjour Baptiste, pouvez-vous nous faire votre présentation en tant qu’arbitre et nous parler de vos débuts dans l’arbitrage ?

« Je suis issu d’une famille de football ! Mon grand-père ayant été formateur et entraîneur dans les meilleures catégories Jeunes à son époque et mon père ayant côtoyé le monde professionnel en tant que joueur dans les années 80, je crois que je n’avais guère le choix que de me retrouver à mon tour sur un rectangle vert ! Tout d’abord, balle au pied, avec une carrière plutôt honorable en Jeunes. J’ai intégré le centre de préformation du football du Grand-Est dans les années 2000 (centre de préformation de la Madine (devenu Pôle Espoirs de Reims aujourd’hui), sous la direction de Yannick STOPYRA – ancien avant-centre international français). J’ai eu la chance d’évoluer dans les meilleures catégories Jeunes en 14 ans Fédéraux à Chaumont (52) puis en 16 ans Nationaux au Stade de Reims (51), tout en intégrant les différentes sélections départementales et régionales (en Champagne-Ardenne). J’ai également pu encadrer différentes équipes en Jeunes, tout en validant mes diplômes d’éducateur. Puis, en 2007, par choix personnels (notamment en lien avec mes études), j’ai troqué mes crampons de footballeurs et ma palette d’éducateur pour un sifflet d’arbitre et ainsi franchir le cap de l’arbitrage. Aujourd’hui, plus d’une dizaine d’années après, en m’étant donné les moyens de réussir et en ayant su saisir les opportunités de pouvoir gravir les différents échelons, j’y suis toujours et je m’épanouis pleinement. Je suis également Formateur 1er degré en arbitrage, ce qui me permet de pouvoir encadrer les stages et les formations en arbitrage, et observer les arbitres, notamment les jeunes, sur leurs prestations « terrain ». »

Quels sont vos meilleurs souvenirs dans l’arbitrage ?

« Plutôt qu’un souvenir ou un évènement ponctuel, je retiens de très belles rencontres et de beaux moments partagés avec l’ensemble des acteurs du football. Dans le cadre de la formation et de la préparation aux concours fédéraux, j’ai été amené à participer à des stages et des séminaires où j’ai pu côtoyer des arbitres de l’élite française, comme Clément TURPIN, Rudy BUQUET, Benoît BASTIEN, Antony GAUTIER ou Saïd ENNJIMI pour ne citer qu’eux. Il en ressort des moments simples, faits de discussions et d’échanges, de franches rigolades, de partages d’expériences et d’anecdotes, avec des gens ouverts, humbles, investis et heureux de parler de football et d’arbitrage. D’autres personnalités de l’arbitrage ont aussi été marquantes et enrichissantes, comme Éric POULAT, que j’ai pu côtoyer pendant plusieurs années et qui a été un précieux formateur, fort de sa personnalité et de son expérience. Il y a aussi d’autres très bons moments de convivialité, partagés avec les joueurs, les entraîneurs et les dirigeants de clubs après des finales (Coupe de l’Anjou en 2019 notamment) ou des tours de Coupe de France (en Bretagne particulièrement), où j’ai eu la chance d’être désigné. Les meilleurs souvenirs dans l’arbitrage sont donc, pour moi, des rencontres, des ambiances et des relations humaines plutôt que des aspects purement techniques de l’arbitrage. »

Quelles sont les qualités requises pour être un bon arbitre ?

« Au-delà des nécessaires aspects physiques et des notions techniques élémentaires, j’en vois principalement deux. La première des qualités, celle qui, selon moi, permet à chacun de pouvoir s’épanouir et progresser, c’est la passion ! Un arbitre passionné par le football en général et par l’arbitrage est un sportif qui prendra du plaisir dans sa fonction, qui fera partager ce plaisir d’évoluer au service du jeu et des joueurs, qui donnera du sens à ce qu’il pourra communiquer et faire partager aux acteurs et à l’environnement du football. C’est dans cette passion de notre sport et de l’arbitrage qu’il trouvera la motivation nécessaire pour donner le meilleur de lui-même dans sa préparation et sur les rencontres, se remettre en question, progresser et évoluer. La seconde des qualités pour un arbitre, c’est le courage ! C’est faire preuve de force et de caractère dans l’adversité et savoir prendre ses responsabilités (parfois difficiles) aussi bien sur le plan technique que disciplinaire. J’ai souvenir d’un de mes formateurs qui me disait : pas d’état d’âme et pas de demi-mesure dans des actes graves ou des situations incontournables. J’ai pour habitude de dire que dans 90% des faits ou des situations de jeu, tous les arbitres, quel que soit leur niveau ou leur expérience, sont capables de prendre la bonne décision (d’ailleurs, dans 90% du temps, les joueurs prennent eux-mêmes la bonne décision, il n’y a qu’à regarder leurs réactions sur des situations de sorties du ballon ou des contacts !). La différence entre les bons et les excellents arbitres se fera justement sur les 10% restants, là où, bien souvent, la lucidité, le courage et la prise de responsabilités sont forts et attendus ! »

Pouvez-vous revenir sur la dernière saison et l’arrêt COVID-19 ?

« Comme pour l’ensemble des joueurs et des acteurs du sport, nous avons dû stopper subitement notre saison, je dirais presque là où les enjeux et l’intensité des rencontres sont les plus intéressants dans la poursuite ou la réalisation des objectifs propres aux équipes et aux clubs. La période printanière est une période généralement très appréciée et très riche pour les joueurs et les arbitres. C’est une fin de saison 2020 très particulière que nous avons tous vécue et subie, avec tous les aléas et toutes les déceptions qu’un tel épilogue engendre. A savoir que les arbitres (tout du moins dans notre Ligue) ont également été classés par un système de ratio, avec des montées, des maintiens et malheureusement des descentes. Comme pour les clubs, nous n’avons pas eu de saison blanche. En tant qu’arbitre, nous avons pris acte de la décision des instances concernant notre système de classement et d’affectation retenu. Comme toute décision, elle peut être discutable, mais elle n’est sans doute pas condamnable, le système de ratio restant certainement le système de classement le moins inéquitable et le plus juste qui soit, que ce soit pour les clubs ou les arbitres. »

Avez-vous atteint vos objectifs pour la saison 2019-2020 ?

« D’un point de vue qualitatif, je pense avoir réalisé une saison tout à fait conforme à mes attentes et aux objectifs de l’encadrement régional. Je serai de nouveau affecté dans la catégorie Élite Régionale en 2020-2021. L’arbitrage en championnat de National 3 est prenant et exigeant à la fois. Nous devons être au top pour satisfaire aux attentes des clubs en termes d’arbitrage et de gestion de match : exemplaire dans l’attitude avant, pendant et après la rencontre, affûté physiquement, très juste techniquement et plutôt fort mentalement au vu de l’intensité des rencontres et des enjeux à ce niveau. C’est un niveau plaisant, qui nous donne beaucoup de motivation et de plaisir à arbitrer. Je pense également profiter de ma connaissance et de mon expérience à ce niveau pour créer, renouveler ou asseoir mes relations avec les joueurs et les clubs, on commence à bien se connaître avec la plupart d’entre eux. Je pense que c’est un vrai plus, on gagne tous en sérénité, les relations sont saines et la confiance devient réciproque. Tout cela à condition de maintenir une même ligne de conduite arbitrale, un haut niveau d’exigence et d’équité, avec sérieux, plaisir et humilité. »

Comment se passe votre préparation ?

« La période d’entraînement (mars – avril – mai) a été compliquée, comme pour tout le monde, j’imagine. Il a fallu s’adapter entre vie professionnelle et vie familiale perturbées, tout en essayant de rester en veille sportive. Personnellement, j’ai repris un rythme d’entraînement plus adapté depuis le mois de juin, avec des séances de travail individuel auxquelles j’associe d’autres pratiques sportives comme le futsal, la randonnée ou le vélo, pendant les quelques semaines où je suis en congés. J’y inclus aussi la pétanque et la Molkky pour la précision ! Avec les matchs amicaux, je vais progressivement monter en puissance pour arriver prêt le week-end du 15/16 août à l’occasion de notre stage de rentrée, où l’on subira nos tests physiques obligatoires (tests de vitesse et d’aérobie) avant un retour en compétitions officielles à partir du 22 ou du 29 août. »

Quels seront vos objectifs pour la saison 2020-2021 ?

« Il s’agira de continuer à prendre du plaisir et à donner le meilleur de moi-même. Je souhaite continuer à entretenir de bonnes relations avec les clubs, les joueurs et les encadrants, et ainsi véhiculer une bonne image de l’arbitrage et de notre fonction. J’estime que nous devons, en tant qu’arbitre, ne pas nous mettre en marge des clubs et prendre le temps pour partager, échanger, expliquer, répondre (même brièvement) à certaines questions, incompréhensions, ou faits de jeu. L’arbitre est un acteur du jeu à part entière, avec une mission et des responsabilités particulières. A lui de faire preuve de pédagogie et de discernement pour répondre aux sollicitations des clubs, notamment après les rencontres. Enfin, je continuerai à m’investir auprès des différentes équipes de formations et d’encadrement aux niveaux régional et départemental, avec l’accompagnement et l’observation des Jeunes Arbitres ou la formation et la préparation des arbitres de District à l’examen Ligue. Là encore, il faut savoir s’impliquer au-delà de sa propre fonction d’arbitre, en participant à la formation et à la promotion de l’arbitrage dans les clubs ou dans les équipes techniques. Savoir donner pour l’arbitrage après avoir reçu, c’est important ! C’est aussi ce qui permet à l’équipe technique régionale en arbitrage, Anthony TORRALBA en premier lieu, très investi et qui fait un travail de formation remarquable, et à l’équipe technique départementale du District 49, composés de bénévoles, eux aussi particulièrement sollicités et impliqués, de pouvoir s’entourer de nouvelles ressources et compétences nécessaires à l’encadrement, à la promotion et à la valorisation de l’arbitrage. On remarque également que les jeunes arbitres ou les jeunes adultes s’impliquent davantage, aussi bien dans les commissions que dans les clubs, c’est un signe très positif et très intéressant pour la dynamique, la pérennisation et la valorisation de l’arbitrage ! »

Pour terminer, comment voyez-vous votre avenir dans l’arbitrage et le début de la nouvelle saison ?

« J’aime la qualité de vie de la région et l’offre sportive, et j’apprécie la qualité et l’atmosphère des rencontres proposées dans notre Ligue des Pays de la Loire. Je trouve les relations globalement saines avec les clubs, les joueurs et les encadrants. Je suis un passionné et j’ai plaisir à m’investir dans la formation et l’accompagnement des arbitres. Je dirais donc que si tous ces critères continuent à être réunis et que les équipes techniques continuent à m’accorder leur confiance à l’avenir, à l’heure actuelle, je ne vois aucune raison de ne pas poursuivre dans l’arbitrage, aussi bien en tant qu’arbitre que formateur. J’ai aussi la chance d’avoir une compagne sportive (elle fait du volley à un bon niveau), qui comprend et soutient mon investissement dans l’arbitrage. Mon petit garçon de deux ans semble aussi apprécier les ballons ronds (de football et de volley) ! Tous les voyants sont au vert pour relancer une nouvelle saison, j’ai vraiment hâte de retrouver les terrains, la compétition, les clubs, les collègues arbitres et les ambiances de match ! »

 

 

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