Figure emblématique du hockey angevin, Robin GABORIT incarne depuis plus de douze saisons la fidélité et l’esprit des Ducs d’Angers. Entre souvenirs marquants, rôle de capitaine et réflexion sur l’avenir du hockey français, l’attaquant de trente-quatre ans reviendra avec nous sur sa carrière, ses ambitions et son regard sur l’évolution du sport.
Bonjour Robin, vous avez grandi à Cholet, joué à Briançon, mais c’est finalement à Angers que vous avez trouvé votre port d’attache. Qu’est-ce qui a rendu ce club si spécial pour vous ?
« En étant natif de la région, je voulais voir du hockey sur glace professionnel. Évidemment, j’allais voir Cholet, mais pour découvrir un niveau supérieur, je regardais les Ducs d’Angers avec des étoiles dans les yeux. Quand j’ai eu l’opportunité de revenir ici et de passer de l’autre côté, cela a été une décision très facile. J’ai toujours eu dans un coin de ma tête l’idée de jouer en Ligue Magnus avec ce club. »
Vous êtes resté plus de douze saisons à Angers, ce qui est rare dans un sport où les joueurs changent souvent d’équipe. Comment expliquez-vous cette fidélité ?
« C’est une grande chance d’avoir pu rester si longtemps, d’autant plus dans ma région. J’ai toujours essayé de mettre les ingrédients pour que le club ait envie de me garder. Le projet sportif a aussi été déterminant : viser des titres, grandir avec le club, tout en gardant un esprit familial malgré le professionnalisme. C’est une philosophie qui me correspond parfaitement. »
Vous avez inscrit le but décisif lors de la finale de la Coupe de France 2022. Que représente ce souvenir pour vous ?
« C’est un des buts les plus importants de ma carrière. Mais je ne le considère pas comme le but qui a offert la Coupe. C’est avant tout un titre collectif, et j’aurais été tout aussi heureux si c’était un autre joueur qui l’avait marqué. L’histoire est belle, mais c’est surtout la victoire d’une équipe. »
Y a-t-il un match qui vous a particulièrement marqué, positivement ou négativement ?
« Oui, malheureusement un mauvais souvenir : un match 7 de finale au Arras. Nous égalisons à trois secondes de la fin avant de perdre en prolongation. Nous n’avions jamais été aussi proches de remporter la Ligue Magnus. Cela reste une grande frustration, mais aussi une expérience qui forge et qui pousse à travailler encore plus. »
On vous décrit comme un joueur physique, parfois bagarreur. Vous reconnaissez-vous dans cette image ?
« Physique, oui. Bagarreur, non. Je n’ai pas peur du contact, j’aime ça. Mais je ne me considère pas comme un bagarreur. Je préfère dire que je suis un joueur de caractère. »
Vous avez porté le brassard de capitaine. Quel est votre style de leadership ?
« Je suis davantage un leader par l’exemple. Si je dois parler, je le fais, mais je ne me lève pas toutes les cinq minutes pour donner des consignes. Je préfère montrer par le travail et les petits détails. Être capitaine ne m’a pas changé : je suis resté le même, et c’est ce qui fonctionne. »
Vous avez vu passer plusieurs générations. Qu’est-ce qui a changé dans l’attitude des jeunes joueurs aujourd’hui ?
« Ils arrivent avec moins de complexes face aux anciens, moins « bridés ». Ce n’est pas un manque de respect, au contraire, mais cela leur permet de s’imposer plus vite. Cela nous pousse, nous les anciens, à rester au niveau. En revanche, le rapport avec les coachs a évolué : certaines méthodes plus dures passent moins bien aujourd’hui. »
Vous avez trente-quatre ans. Pensez-vous déjà à l’après-carrière ?
« Oui, j’y pense depuis l’année dernière. Je vais reprendre une formation cette saison, même si je n’ai pas encore choisi l’organisme. Mais je continue à prendre du plaisir sur la glace, et je pense encore pouvoir apporter à l’équipe. »
Qu’est-ce qui pourrait permettre au hockey français de franchir un cap médiatique ?
« La télévision, sans hésiter. Ce serait une énorme avancée, à la fois médiatique et financière. L’équipe de France qualifiée pour les Jeux Olympiques peut aussi donner une vraie visibilité à notre sport. »
Pour conclure, avec le recul, de quoi êtes-vous le plus fier dans votre carrière ?
« De ma longévité et de ma régularité. Peu importe le coach que j’ai eu, j’ai toujours été apprécié. Je n’ai jamais eu de conflit et je crois être un joueur facile à coacher, mais surtout un humain facile à vivre. »








