Rencontre avec Jean-Michel BOURDEAU, le responsable de la catégorie seniors du club du Foyer Espérance de Trélazé, depuis deux saisons. Il reviendra en détail sur les faits qui l’ont poussé à démissionner de son poste de responsable seniors, entre les reproches, le manque de communication et de franchise… Celui qui aura contribué à redorer le blason du club, à travers la catégorie seniors, reviendra sur ses deux belles saisons à la tête de l’effectif seniors ponctuées par une montée en championnat de Régional 1. Enfin et malgré la grosse déception de cette fin douloureuse sous les couleurs tango, il ne s’interdit pas de rebondir dans un nouveau projet à taille humaine, si l’occasion se présente.
Bonjour Jean-Michel, pouvez-vous, nous expliquer exactement ce qui vous a poussé à démissionner de votre poste de responsable de la catégorie seniors ?
« Je tiens tout d’abord à préciser que je n’ai pas été forcé de démissionner, mais j’y ai (pour moi) été gentiment invité par un manque de soutien et surtout le fait que je n’ai pas senti que l’on souhaitait me conserver et travailler avec moi. »
Vous avez pourtant réalisé une belle saison avec une montée en championnat de Régional 1 pour l’équipe première, avec certainement aussi une montée en première division, pour votre équipe réserve ?
« Certains, à juste titre, diront une saison aux trois-quarts remplie, car il ne faut oublier qu’elle n’a pas été jusqu’à son terme. On pourra toujours dire que la montée est administrative, mais jouer treize matchs, avec neuf victoires, deux matchs nuls et seulement deux défaites, prouve que la saison est avant tout positive. Cependant, j’ai la sensation qu’au club, tout le monde ne souhaitait pas cette montée et qu’elle dérange plus qu’elle ne séduit. »
On vous sent très déçu par rapport à cette situation et le comportement de certaines personnes du club ?
« J’avoue être déçu de quitter le club après seulement deux saisons, et qu’à aucun moment, je n’avais prévu cette issue. Cependant, je préfère partir plutôt que de rester dans un club, où je n’aurais pas travaillé sereinement et en toute confiance. »
Vous estimez que le club ne vous a pas assez soutenu et n’a pas été honnête avec vous, dans sa façon de gérer votre cas ?
« Suite à l’annonce de la FFF de mettre un terme à la saison, lors d’un échange verbal avec le président, ce dernier m’a confirmé sa confiance. Quelques détails restaient à définir dont l’accord des membres du bureau. Mais tout a basculé, quelques jours plus tard, où l’on m’a demandé de patienter une semaine. Ensuite, j’ai appris qu’un autre projet avait été proposé, dans lequel je ne faisais pas partie. C’est à travers cela, qui me fait dire, qu’aujourd’hui, j’ai pris la bonne décision. Après cela, j’ai demandé des explications. Dans cette histoire, j’ai alors eu trois versions différentes. Mais qui était vraiment sincère et qui ne l’était pas ? J’ai fini par douter moi-même des arguments de chacun. Quoi qu’il en soit, un gros manque de fidélité et/ou d’honnêteté plane au-dessus de cette histoire et le confinement n’a pas arrangé les choses, car le fait de se voir autour d’une table aurait peut-être permis d’éviter cette situation. Mais, est-ce que la sincérité aurait été présente ? Je finis aussi par en douter… »
Comment expliquez-vous le fait que le club vous ait, dans un premier temps confirmé dans vos fonctions en vue de la saison prochaine, pour finalement choisir un autre projet avec le binôme « Yohann CHIBANI et Yohann CESBRON », qui s’est à priori, créé en seulement quelques jours… ?
« La parole du président, comme indiqué précédemment, n’était que verbale, qu’il fallait l’aval du bureau pour valider la décision. Cependant, pour moi et mes valeurs, il était important de se sentir soutenu. Le projet avec le binôme « Yohann CHIBANI – Yohann CESBRON » n’a été retenu qu’après mon annonce de quitter mes fonctions. »
A ce sujet, comment avez-vous réagi, lorsque vous avez appris le projet sportif de Yohann CESBRON, en vue de prendre clairement votre place, pour la saison prochaine ?
« J’ai tout d’abord été surpris, puis sachant qu’avec Yohann, nous n’avions pas les mêmes idées de la vie d’un groupe seniors, je me suis dit qu’il était logique qu’il puisse avoir des envies de revenir dans le coaching. Cependant, j’attendais un signe du club et surtout un soutien du président. »
En gros, il postulait pour prendre votre place, en binôme avec Yohann CHIBANI, c’est bien cela ?
« Dans la proposition de son projet, il se proposait en effet avec Yohann CHIBANI, comme binôme. C’est quelque chose qui, sincèrement, m’a surpris et je peux le dire, cela m’a blessé, car pour moi, cela voulait dire que Yohann CHIBANI ne comptait plus travailler avec moi. Cependant, je tiens à préciser, que de mon côté, je n’ai appris qu’après mon annonce de démission, que Yohann CHIBANI faisait partie du second projet et donc qu’il avait accepté d’y être associé. »
Certains vous reprochent de n’être pas assez communiquant envers les joueurs, dans le choix des joueurs convoqués dans les équipes, lors des matchs du week-end, que certains entraînements étaient compliqués à gérer, que la relation avec certains joueurs n’était pas toujours au beau fixe, quelle est votre réponse sur ces sujets ?
« Vous savez, pour se justifier, on trouve toujours quelque chose qui ne va pas ou qui n’a pas été, comme cela, on ne passe pas pour le méchant… C’est humain. Comme j’ai toujours dit, j’ai toujours été disponible pour parler et expliquer les choix effectués, mais pas les soirs où il n’y avait pas d’entraînement, il faut savoir que j’ai aussi une vie de famille, à côté du football. Et concernant la journée, j’ai un travail et je ne suis pas employé par le club, donc, je ne suis pas joignable à toutes heures ! Concernant le temps d’échange, j’arrivais au minimum, trente minutes avant les séances et je repartais souvent entre 1h30 et deux heures, après les entraînements, donc, il était facile de venir me parler, si des joueurs éprouvaient le désir de venir me parler ou de me demander des explications. J’ai même réuni le groupe seniors, deux fois, pour les faire s’exprimer et j’ai aussi invité ceux qui le souhaitaient, à le faire individuellement. Mais comme souvent, personne ne parle ouvertement.
Malheureusement, à notre niveau, nous ne pouvons convoquer que quatorze joueurs par équipe, le dimanche, et seuls onze joueurs sont titulaires. Il y a donc toujours des frustrés, mais le terrain est la vérité et les résultats ont parlé d’eux-mêmes, cette saison. Les entraînements se sont bien déroulés, avec une moyenne de présence d’une trentaine de joueurs. A partir du mois de février, il est vrai qu’entre les joueurs blessés, les états d’âme et les difficultés à former une équipe C, le dimanche, certaines tensions sont apparues, mais comme dans tous les clubs et c’est cela qui prouve qu’un groupe vit. »
A priori, on vous reproche beaucoup de choses, mais au final, est-ce que l’on vous reproche la réussite que vous avez eue, cette saison, avec le groupe seniors, ce qui pourrait déranger certaines personnes au sein du club ou même de la part de certains joueurs qui ne jouaient pas avec vous, en équipe première ?
« Vous savez, on ne m’a rien reproché ouvertement, si ce n’est au coin d’un couloir ou après un entraînement. Mon rôle de coach de l’équipe première fait que l’on peut me reprocher des choses, cependant, je dois rendre des comptes au responsable technique, au président et au bureau du club. Pour moi, on se réunit dans un bureau ou autour d’une table et on parle « franchement », mais on ne parle pas n’importe quand et n’importe comment, surtout si l’on veut me reprocher ma gestion de l’effectif seniors. Vous savez, dès le début de la saison, quand j’ai annoncé vouloir jouer le haut du classement avec mon groupe A, afin de jouer la montée des deux équipes A et B, on a commencé à me prendre pour un fou. »
Ne pensez-vous pas qu’une réunion entre les personnes concernées, même par visioconférence durant le confinement, aurait été plus intelligente, afin de mettre les choses cartes sur table ?
« Je pense surtout que juste de la franchise aurait été intelligente, mais est-ce que le fait de se réunir aurait fait que les personnes auraient été toutes franches ? A ce jour, j’en doute. »
Que retiendrez-vous de cette aventure, qui aura duré deux saisons, au sein du club du Foyer Espérance de Trélazé ?
« L’aventure se termine tristement et j’en suis le premier touché. Cependant, je retiendrais de ces deux belles saisons, le plaisir que j’ai eu à entraîner les joueurs concernés et présents, les échanges avec les éducateurs et les dirigeants, le travail magnifique, souvent dans l’ombre de tous les bénévoles du club qui sont pour moi, les premiers responsables de la réussite et de la bonne tenue du club. Il y a eu la joie de partager les moments avec mes petits U6-U7 et leurs parents, cette saison, et la fierté d’avoir contribué à faire redorer le blason du club du Foyer Espérance de Trélazé, à travers la catégorie seniors, après une période compliquée.
Je souhaite le meilleur pour le club et comme je l’ai toujours dit, un coach d’une équipe seniors est toujours éphémère dans un club. Nous passons, certains joueurs restent et resteront, mais le club continuera toujours, car le plus important reste le club. »
Après cette fin de collaboration douloureuse et après avoir prouvé, cette saison, de votre réussite sportive, souhaitez-vous rebondir rapidement dans un autre club, que cela soit dans une catégorie de jeunes ou de seniors ?
« Pour tout vous dire, je n’avais pas réfléchi à un départ anticipé du club, donc je n’ai pas encore réfléchi à mon avenir. Malgré tout, je verrai si je reçois des propositions, et si ce n’est pas le cas, je profiterai de ma famille, lors de la prochaine saison. »








