Rencontre avec Jean-Michel BOURDEAU, qui viendra nous donner son avis sur l’exercice spécifique du penalty et l’aspect psychologique entre le tireur et le gardien de but. L’actuel entraîneur seniors du club d’Angers SCA, nous parlera ensuite, de la gestion et des choix des tireurs en tant qu’entraîneur, lors d’une séance des tirs au but. Enfin, il évoquera ses meilleurs souvenirs, lorsqu’il était joueur, où il était un spécialiste en la matière.
Bonjour Jean-Michel, que vous inspire le penalty, lors d’un match de football ?
« Pour ma part, un penalty lors d’un match de football est perçu différemment que tu sois joueur, gardien de but ou coach. Idem, si ce penalty est en ta faveur ou contre toi. En tant que coach, je dirais que c’est un moment assez spécial, car même si tu as défini un tireur attitré, le déroulement de la rencontre peut faire que tu sois obligé de changer le tireur. Cependant, j’avoue que cela est plus facile à gérer en tant que coach qu’en tant que joueur. Tu es en dehors du terrain, et donc tu n’as pas à te soucier de l’après (but ou pas) dans l’immédiat, si ce n’est de placer tes joueurs lors d’un penalty pour toi en anticipant un éventuel raté et une contre-attaque qui pourraient suivre. »
Comment une séance de tirs au but est gérée, à la fois sur le terrain et sur le banc de touche ?
« Pour moi, le plus dur à gérer pour un coach est la séance de tirs au but à la fin d’un match de coupe. En général, tu as fait tes changements pour que tes cinq voire six meilleurs tireurs soient sur le terrain. Pour ma part, je demande qui veux tirer (car même si j’ai mon idée, je veux que les joueurs soient prêts à le faire), je désigne ensuite les six premiers tireurs (même si seulement cinq sont nécessaires dans un premier temps). Je laisse le choix aux joueurs de définir l’ordre. En tant que coach, je choisis toujours les joueurs qui pour moi sont les plus propres techniquement et surtout capables d’allier la puissance et la précision (même d’un plat du pied). Pour moi, un joueur techniquement capable de réaliser de bonnes passes claquées est un tireur de penalty hors pair. »
Parlez-nous de la préparation d’un bon tireur de penalty ?
« J’aime préparer mes équipes avant, en leur faisant réaliser de temps en temps des séances aux entraînements. Un bon tireur de penalty doit aussi, comme pour tout autre geste technique, le répéter encore et encore, d’où l’importance de l’entraînement, même individuel. Pour exemple, j’ai été (dans mon club sur Paris), le tireur attitré pendant de nombreuses années, je m’entraînais beaucoup en séance, comme dans mon quartier. Même seul face au but sans gardien, à trouver le bon angle et surtout la bonne puissance. J’aimais beaucoup également prendre la place du gardien de but, pour comprendre sa vision et anticiper sa réaction. Pour moi, un bon penalty est un tir appuyé à ras de terre et au ras d’un poteau. C’est souvent plus difficile pour un gardien de but d’y être. Maintenant, en tant que joueur, je raffolais du tir extérieur du pied opposé à ma course d’élan, afin de surprendre l’anticipation du gardien de but adverse, mais je le faisais qu’à l’entraînement. »
Avez-vous des souvenirs à ce sujet ?
« Lors d’un match de coupe avec le RC Doué-la-Fontaine, j’ai le souvenir d’une séance compliquée, où nos deux premiers tireurs avaient loupé. Je me suis élancé en troisième position et je me suis fait chambrer fortement par les supporters adverses. De colère, je décide, vu la situation, de faire « ma spéciale » et le ballon frappé extérieur pied gauche (je suis droitier) est parti se loger en pleine lucarne du but. Ce fut un gros silence des spectateurs, puis des applaudissements. Nous avions été éliminés à la fin, mais j’ai le souvenir des félicitations des supporters et du gardien de but adverse. »
Quelle serait votre conclusion sur le sujet du penalty ?
« En conclusion, le penalty est quelque chose de sévère quand il est contre toi, peu importe à quel moment il a lieu dans un match. C’est un exercice très compliqué pour un joueur comme pour un gardien de but. C’est un peu une guerre psychologique entre deux personnes (joueur-goal), l’avantage malgré tout est, pour moi, au gardien de but : Si le joueur marque, c’est logique, s’il arrête le tir, c’est un héros. »








