Après une saison réussie et une accession historique en Nationale 1, l’entraîneur du Saumur Loire Basket 49, Nadir Naïdji, revient sur les clés du succès, les défis à venir et l’ADN d’un club qui mise sur la défense et la cohésion humaine pour exister face aux équipes professionnelles.

Bonjour Nadir, pouvez-vous nous parler de la saison dernière pour commencer ?

« La saison dernière a été surprenante dans le sens, où nous avions changé 70 % de l’équipe au début de saison. Au départ, on ne pouvait pas s’attendre à grand-chose, mais la mayonnaise a fini par prendre. On s’est retrouvés en haut du classement toute la saison et, au final, on a réussi à monter en National 1 sur dossier administratif. Nous avons terminé meilleur deuxième des quatre poules de National 2. »

La deuxième partie de saison a donc été quasiment parfaite ?

« Oui. La clé, c’était d’adhérer à 100 % au projet de jeu, surtout défensif. Après une défaite début novembre, nous n’avons perdu qu’un match de novembre à avril, puis un en mai, celui qui comptait le plus malheureusement. Le groupe a développé une grande qualité humaine et cette combinaison entre l’état d’esprit positif et la solidité défensive nous a permis de réaliser une seconde partie de saison exceptionnelle. »

La défense, c’est votre marque de fabrique en tant qu’entraîneur ?

« Depuis cette saison, oui. Nous nous adaptons à l’effectif que nous avons et nous essayons d’imposer une identité défensive, non seulement à l’équipe première, mais aussi aux équipes de jeunes. Cela devient vraiment une marque de fabrique du SLB 49. »

Vous parlez aussi de la force humaine du groupe. Qu’est-ce qui a soudé l’équipe malgré les nombreux changements ?

« Le recrutement a été essentiel. L’année dernière, j’ai changé ma façon de faire : j’ai contacté d’anciens entraîneurs et coéquipières pour m’assurer que les joueuses correspondraient humainement et au projet de jeu. Tout cela m’a permis de constituer un groupe très cohérent. Je gère le recrutement seul. »

Votre équipe a atteint un niveau inédit pour le club. Qu’est-ce qui va changer pour le championnat ?

« Tout change. Nous entrons dans un monde semi-professionnel, voire professionnel, car beaucoup de clubs sont déjà pro. Nous restons semi-pro, toutes nos joueuses travaillent ou étudient, mais nous allons devoir rivaliser avec des équipes qui évoluent à un autre niveau. Cela concerne le niveau de jeu, la qualité de basket, mais aussi la structuration du club, les déplacements, l’organisation… Tout change. »

Et les objectifs sportifs ?

« Le principal objectif est de se maintenir. Dans les années précédentes, j’étais plus ambitieux, mais cette fois, nous allons y aller étape par étape, match par match, en nous concentrant sur le maintien. Nous avons déjà renforcé légèrement l’effectif pour répondre aux exigences du National 1. »

Comment rivaliser avec un déficit financier par rapport aux autres clubs ?

« Nous ne rivalisons pas financièrement. Toutes les filles travaillent ou sont étudiantes, à l’exception de Tiana CARTER, seule joueuse professionnelle. Nous fonctionnons uniquement avec les partenariats privés et nous n’utilisons aucun euro public, ni subvention municipale pour faire évoluer l’équipe nationale. »

Vous parlez souvent de l’ambiance comme d’un « sixième homme ». Qu’est-ce qui rend le public si particulier ?

« Saumur, c’est un club de ferveur. Nous avons une petite salle, mais un vrai chaudron. Le public nous pousse et nous transcende. Même les nouvelles joueuses sont impressionnées par cette ambiance, surtout en championnat. C’est notre force, et nous voulons la préserver. »

Concernant la préparation, êtes-vous satisfait des matchs joués ?

« La préparation a été difficile, notamment avec la montée en National 1, que tout le monde avait sous-estimée. Nous avons commencé avec des résultats mitigés, mais chaque match nous permet de progresser et de nous mesurer à des équipes de bon niveau. »

Vous avez un franc-parler et vous êtes décrit comme « chambreur ». Est-ce un atout ou un risque pour gérer le vestiaire ?

« Sur le terrain, je suis impulsif, parfois agressif ou arrogant, mais dans la vie privée, je suis très calme et posé. C’est ma nature. Cela me permet aussi de transcender mon groupe et de transmettre ma passion. Mes joueuses le savent et l’apprécient. Je suis exigeant, mais juste, et je tire le meilleur de chacun. »

Avez-vous une joueuse qui vous a particulièrement marqué dans votre carrière ?

« Isabella SLIM, une Hollandaise championne universitaire avec Syracuse, a fait des performances exceptionnelles à Saumur, jusqu’à quarante points sur un match. Mais ce qui me marque le plus, ce sont les relations humaines et la cohésion du groupe. »

Pour terminer, si vous deviez convaincre un supporter angevin de venir voir Saumur cette saison, que lui diriez-vous ?

« Je lui dirais que le SLB 49 est un club avec de fortes valeurs, où tout le monde mouille le maillot. L’ambiance à la salle du Sentier est exceptionnelle et rare dans le département. C’est un vrai spectacle à voir. »