Ancien espoir du FC Nantes, Fréjus Sika a connu les sélections en équipe de France jeunes, mais n’a pas pu franchir le cap du professionnalisme. Loin d’être une frustration, cette expérience lui a permis de mûrir et de se forger une solide carrière d’éducateur. Aujourd’hui entraîneur des U18 au FC Beaupréau-la-Chapelle, il transmet sa passion et son exigence aux jeunes joueurs. En parallèle, entre football et basket, il accompagne ses filles dans leur parcours sportif. Ainsi, venez explorer les coulisses d’une vie de famille où le sport est au cœur de toutes les préoccupations. Rencontre avec Fréjus Sika, un entraineur passionné et un père engagé.
Vous avez été formé au FC Nantes, mais vous n’avez pas eu l’opportunité de passer professionnel. Comment avez-vous vécu cette transition ?
« Depuis tout petit, j’avais ce double projet : devenir joueur professionnel et, après ma carrière, me lancer comme entraîneur. J’espérais avoir le talent pour franchir cette étape, mais peut-être que je ne suis pas tombé sur les bonnes personnes au bon moment. Le football, parfois, se joue sur des petits détails. Ensuite, j’ai enchaîné les pépins physiques, ce qui ne m’a pas aidé, et mes choix de vie m’ont conduit à prendre du recul, notamment avec ma vie familiale qui a pris le dessus.
Je pense avoir eu le talent, car j’ai eu la chance d’être international avec les équipes de France jeunes, en U15 et U16. Forcément, quand on évolue avec des joueurs comme Jérémy Toulalan, on se met à rêver d’une carrière pro. Mais est-ce une déception de ne pas y être arrivé ? Non, pas forcément. Bien sûr, il y a une part de tristesse, car on espère toujours atteindre le haut niveau, mais j’ai toujours eu les pieds sur terre. C’est ce que j’explique souvent à mes enfants : on a des rêves, des objectifs, mais même si on ne les atteint pas, cela reste une expérience formidable qui nous enrichit et nous sert au quotidien. »
Depuis deux saisons vous êtes en charge des U18 au FC Beaupréau-la-Chapelle. Quelle sont vos objectifs avec cette équipe ?
« Mon objectif principal est de voir mes joueurs progresser, évoluer et s’épanouir. Je veux leur transmettre toutes les compétences pour qu’ils arrivent en seniors avec le plus d’outils possible. Peu importe leur niveau futur, l’important est qu’ils prennent du plaisir et qu’ils progressent.
Je suis un compétiteur, j’aime me challenger et repousser mes limites. Sur ces deux dernières saisons, nous avons été champions U19 R2 lors de ma première année à Baupréau, puis champions U19 R1 l’an dernier. Finir champion, c’est valorisant et c’est ce que je dis à mes joueurs : toujours chercher à se dépasser, à repousser leurs limites. Et si, en prime, on décroche un titre ou une coupe, c’est le Top ! »
Vous avez coaché des équipes masculines avant de prendre la tête de la section féminine du SO Cholet. Quelles sont les principales différences entre entraîner des garçons et des filles ?
« Alors, je suis arrivé dans le football féminin grâce à ma fille aînée, qui a commencé le foot à 7 ans. Au départ, elle jouait avec les garçons, mais à 12 ans, elle devait rejoindre une structure féminine. Elle a choisi le SO Cholet, et c’est là que l’entraîneur de l’époque, qui n’était pas diplômé, m’a proposé d’encadrer les seniors féminines et de seconder sur les U14. J’ai accepté sans hésiter, car c’est un autre football, une autre approche, mais tout aussi enrichissante.
Le principe reste le même, mais l’approche pédagogique est différente entre les garçons et les filles. Les garçons sont plus directs, on peut leur parler franchement sans qu’ils soient susceptibles. Avec les filles, il faut être plus pédagogue et explicatif dans l’enseignement. J’ai vécu sept saisons de grande qualité dans le football féminin, avec une montée de R2 en R1 et un rôle actif dans la progression des joueuses. C’est une grande satisfaction. »
Votre fille joue en R1 avec la réserve du FC Nantes et rêve de devenir professionnelle. Comment la soutenez-vous dans son parcours ?
« Avec ma compagne, nous avons toujours accompagné nos enfants dans leurs choix, que ce soit dans le sport ou ailleurs. Ma fille s’est prise de passion pour le football et son rêve est d’atteindre le haut niveau. Elle a la chance d’être passée par un club comme le FC Nantes et de bénéficier d’un double projet en préparant des diplômes d’éducatrice sportive.
En tant que père, je ne suis pas omniprésent à lui dire ce qu’elle doit faire. Je la laisse venir à moi. Si elle me demande si elle a fait un bon match, je lui donne mon avis en tant que père et éducateur, mais je n’en fais pas trop. En revanche, si elle veut rentrer dans les détails et comprendre comment s’améliorer, je suis là pour la conseiller. »
Votre troisième fille évolue en U15 avec Cholet Basket. Est-ce une fierté pour vous d’avoir deux filles qui brillent dans des sports différents ?
« C’est forcément plaisant et valorisant de les voir évoluer, mais ce n’est pas une fin en soi. On leur répète souvent que si elles veulent atteindre leurs objectifs, elles doivent se donner les moyens et écouter leurs éducateurs. C’est à elles d’aller chercher leurs limites. »
Assistez-vous régulièrement à leurs matchs ?
« Avec ma compagne, c’est toute une gymnastique d’organisation (rire) ! J’essaie d’assister à un maximum de matchs de mes filles, que ce soit Célia dans le football ou Thya dans le basket. Ce n’est pas toujours évident avec mon rôle d’entraîneur, mais on fait tout pour être présents. »
Pour terminer, si vous deviez donner un conseil à un jeune joueur qui rêve de devenir professionnel(le), quel serait-il ?
« Vivez vos rêves à fond et ne regrettez rien. Le pire, dans le sport de haut niveau, c’est d’avoir des regrets et de se dire qu’on aurait pu faire plus, s’entraîner davantage, se donner à fond. Alors, profitez de chaque instant et donnez le meilleur de vous-mêmes. Si vous atteignez le haut niveau, tant mieux ! Sinon, il y a bien d’autres belles choses dans la vie. »