Figure du basket angevin, David GIRANDIERE a connu le haut niveau avec l’Union Féminine Angers Basket 49, une Coupe d’Europe et de nombreuses saisons en Ligue Féminine. Aujourd’hui, il se consacre à la formation, entre passion de transmettre et exigence, avec un regard lucide sur l’avenir du basket féminin.
Bonjour David, quand vous regardez votre parcours d’entraîneur, qu’est-ce qui vous rend le plus fier ?
« D’abord, c’est le fait d’avoir pu accompagner des joueuses dans leur parcours sportif, mais aussi dans leur parcours professionnel. Et puis d’avoir permis à un club comme l’Union Féminine Angers Basket 49 de passer du niveau amateur, au niveau professionnel. Nous avons rapidement disputé une Coupe d’Europe et j’ai la fierté d’avoir participé au fait qu’Angers soit la première ville à voir un sport collectif en salle disputer une Coupe d’Europe. »
Vous avez connu des hauts, mais aussi des moments plus compliqués. Avec le recul, qu’est-ce que ces expériences vous ont appris ?
« Que la vie est faite d’expériences, bonnes ou mauvaises. L’important, c’est toujours de se remettre en question. Ces épreuves m’ont permis de me construire personnellement et surtout de relativiser la notion de performance. En tant que joueur, tu peux agir directement. En tant qu’entraîneur, tu guides, mais tu n’es pas celui qui met les paniers. Il y a forcément plus d’aléas. »
Vous entraînez depuis l’âge de quinze ans. Quelles qualités faut-il pour durer dans ce métier ?
« Je dirais que c’est la passion de transmettre, avant tout. Peu importe le niveau, tant que j’ai en face de moi des gens qui veulent apprendre, je donne 150 à 200 %. Ma vie est construite autour du basket : j’ai rencontré ma femme grâce à ce sport, mes filles en font aussi. C’est mon ADN. »
Après quatre saisons avec les U15, vous êtes désormais chez les U18. Ce changement, c’était une volonté personnelle ou une opportunité ?
« J’ai toujours fonctionné par des opportunités. Quand je suis revenu, John DELAY, responsable du centre de formation, m’a proposé les U15. Ensuite, on m’a demandé d’intégrer le centre de formation aux côtés de Johanna CORTINOVIS, avec une génération que je connaissais déjà bien. Aujourd’hui, avec l’arrivée de Damien BRACQ à la direction du centre, je poursuis ce travail avec les U18. Je retrouve une majorité de joueuses avec lesquelles nous avons été deux fois vice-champions de France en U15. »
Justement, quelle différence voyez-vous entre entraîner des U15 et des Espoirs ?
« Finalement, pas tant que ça. À Angers, nos effectifs sont jeunes, aussi bien en U18 qu’en Espoirs. Ce qui compte, ce n’est pas l’âge, mais la volonté des joueuses de se développer. »
Vous insistez souvent sur le fait de « mettre les joueuses dans les meilleures conditions ». Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
« Cela signifie leur faire comprendre que la compétition est le reflet de leur travail à l’entraînement. Si elles sont sérieuses et engagées dans la semaine, le match devient plus simple à aborder. Sinon, on paie forcément ce manque de rigueur. »
Vous avez entraîné votre fille Romane. Comment avez-vous vécu cette situation ?
« Très bien. Nous avons une relation particulière : sur le terrain, j’étais son entraîneur, en dehors, j’étais son père. Je pense que c’était plus compliqué pour elle, car il y a toujours des regards et des jugements extérieurs. Comme beaucoup me l’ont dit, j’étais peut-être plus exigeant avec elle. Mais cela l’a aidée à avancer. Cette saison, je ne la coacherais pas, ce sera différent. »
Vous êtes très attaché à la formation. Souhaitez-vous y rester ou envisagez-vous un retour vers le haut niveau professionnel ?
« Transmettre, c’est ce qui m’anime, que ce soit au comité départemental ou au centre de formation. Je suis très bien dans ce rôle. Après, je ne me ferme aucune porte. Si une opportunité intéressante se présente, je réfléchirai. »
Y a-t-il un parcours de joueuse dont vous êtes particulièrement fier ?
« Oui, celui de Carla CHERRY, elle est depuis ses années U13 à l’UFAB. Aujourd’hui, elle est championne d’Europe U16. C’est une vraie fierté, mais aussi la preuve que notre formation fonctionne. »
Pour terminer, selon vous, qu’est-ce qui manque aujourd’hui au basket féminin français pour franchir un cap ?
« D’abord de la visibilité, puis une assise financière plus solide. Aujourd’hui, le basket féminin est en danger à cause du manque de partenaires privés. Ensuite, il faut valoriser la formation. On a de très bons jeunes, mais encore faut-il les mettre sur le terrain, comme le fait Aurélie BONNAN, à Angers. Enfin, il faut être franc avec les joueuses, ne pas leur vendre du rêve irréalisable, mais leur donner les bons repères pour progresser. »








