Retrouvez une analyse complète de Baptiste JANNIOT, arbitre dans la Ligue Pays de la Loire où il officie en Élite Régionale pour la saison 2020-2021.
En tant qu’arbitre, le penalty fait partie des prises de décisions majeures de notre fonction. D’un point de vue technique, il s’agit sans doute de la décision la plus lourde à prendre. Je la place au même niveau, dans la prise de responsabilité et la gravité de la décision, qu’un carton rouge sur le plan disciplinaire. Ces décisions, pouvant avoir des conséquences sur le score ou sur le nombre de joueurs, sont forcément des temps forts et importants dans l’arbitrage et la poursuite d’une rencontre. C’est aussi, je le pense, ces décisions qui vont permettre de différencier les (bons) arbitres des très bons arbitres, avec une faculté de siffler (ou pas) avec justesse, cohérence, courage et prise de responsabilité, dans le respect des lois du jeu et des directives techniques.
Sur le plan purement théorique, le penalty (appelé « coup de pied de réparation » dans le temps réglementaire ou « tir au but » pour l’épreuve du même nom) est régi par la loi 14 des lois du jeu, avec également les motifs de fautes et d’incorrections mentionnés dans la loi 12.
Quel que soit le niveau, le placement de l’arbitre représente un aspect primordial dans la crédibilité de la décision de siffler le penalty (ou de laisser jouer !). Au niveau amateur, sans l’assistance vidéo, un arbitre bien placé, à proximité de (ou dans) la surface de réparation au moment de juger le contact (ou la faute), gagne en crédibilité et en légitimité. Une vision latérale des duels et des contacts nous permet également d’optimiser au mieux notre appréciation de la faute ou du « laisser jouer ».
Après, on le sait tous, il y a cette part d’interprétation qui nous est propre, ainsi que cette « sensibilité du contact dans la zone de vérité ». Je ne fais pas partie de ceux qui prétendent qu’un contact (ou qu’une faute) dans la surface de réparation reste une faute comme les autres, sous-entendu quel que soit l’endroit où elle se situe sur le terrain, elle doit être sifflée. En tant que décisionnaire, notre seuil de tolérance doit être forcément plus élevé pour les contacts dans la surface de réparation que partout ailleurs. Notre attention, notre vigilance, notre concentration également, en particulier sur les tacles et les contacts bras(main) / ballon qui représentent la plus grande partie des situations à analyser et à traiter, dans un laps de temps relativement très réduit, il ne faut pas l’oublier !
L’assistance vidéo, dans l’élite, offre sans doute un outil (presque un joker) rendant l’arbitrage « plus confortable » pour les collègues arbitres où les erreurs manifestes (je dis bien manifestes) peuvent être efficacement corrigées, on le voit d’ailleurs d’un point de vue purement statistique où une très grande majorité des faits de jeu non détectés, mais ostensiblement erronés a pu être corrigée. Certes, l’assistance ne résout pas tout, mais permet de réduire considérablement les erreurs dans les surfaces de réparation et agit sans doute comme un véritable outil de prévention des fautes ou des contestations.
A nous, en tant qu’arbitre, dans le football amateur, de maximiser la crédibilité de notre décision auprès des joueurs. Un placement optimal se traduit par une proximité immédiate de la surface de réparation et, comme je le disais plus haut, dans la mesure du possible, une vision latérale des duels. La gestion des contacts bras(main) / ballon reste (et restera toujours) problématique et anxiogène. Charge aux arbitres de s’appuyer sur les outils d’aide et d’analyse dont il dispose pour prendre la décision : augmentation de la surface de défense ? Position non-naturelle du bras ? Bras décollé ou au-dessus du niveau de l’épaule ? Bras d’appui sur un tacle ? Distance entre le botté du ballon et le défenseur ? Main qui va au ballon ou l’inverse ? Il en va de même pour les tacles et les sorties du gardien de but : il conviendra, entre autres, de savoir si l’attaquant a la pleine possession du ballon ? L’attaquant a-t-il pu joueur ou toucher le ballon avant le gardien de but ? Le gardien a-t-il touché le ballon ou la trajectoire du ballon a-t-elle été modifiée ? Le pied (la jambe) de l’attaquant est-il (elle) venu volontairement percuter le gardien pour provoquer la faute ? Autant de questions auxquelles les arbitres doivent répondre pour décider : un maximum de conséquences en un minimum de temps de réflexion, tel est tout le paradoxe !
Sachons également communiquer, même brièvement, auprès des autres acteurs du football, non pas forcément pour justifier notre décision (qui, bien souvent, sera acceptée par un camp et rejetée par l’autre) mais davantage pour expliquer notre position, notre décision et ce qui nous a amené à siffler le penalty, ou pas ! Les temps d’échanges (notamment après le match) me semblent importants pour lever les incompréhensions, les doutes et faire retomber la tension potentielle. Restons ouverts au dialogue, avec des échanges bienveillants, courtois et compréhensifs. On n’a pas le même maillot, on n’a pas toujours la même interprétation, mais on a la même passion !
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