Après un nouveau gros match, notamment deux premiers sets très serrés, l’équipe de France féminine s’est inclinée jeudi à Bangkok face au Brésil en quarts de finale du Championnat du monde (27-25, 33-31, 25-19). Si les Bleues nourriront sans doute des regrets au regard du scénario, elles quittent la compétition avec les honneurs et de belles promesses.

Au revoir, bravo et merci pour tout ! Voici ce que l’on a envie de dire à l’équipe de France féminine à l’issue du quart de finale qui l’a opposée ce jeudi au Brésil à Bangkok et s’est conclu par une victoire 3-0 de ce dernier. Le score ne reflète pas la physionomie d’une rencontre qui, lors des deux premiers sets, aura vu les deux formations se rendre coup pour coup et les joueuses de Cesar Hernandez passer à deux doigts de remporter le premier et surtout le deuxième au terme d’un suspense insoutenable.

Que se serait-il passé si elles y étaient parvenues ? On ne le saura jamais, mais le doute se serait forcément installé dans le camp des partenaires de la capitaine et superstar Gabi qui, avec ces deux manches en poche, ont pu davantage dérouler dans la troisième pour, comme il y a quatre ans au Mondial (deuxième place finale) et il y a un aux JO de Paris (médaille de bronze), se hisser dans le dernier carré de la compétition, avec un choc à venir face aux championnes olympiques italiennes.

L’équipe de France termine quant à elle ce premier Championnat du monde depuis 51 ans en quarts de finale, un résultat que peu lui prédisaient avant son atterrissage en Thaïlande, mais bien mérité au regard des prestations qu’elle aura livrées depuis son entrée dans la compétition, le 22 août face à Porto Rico.

Celle du jour, la troisième confrontation de la saison face à la Seleçao, aura encore été de très haut niveau, avec un premier set qui voit les partenaires de Gabi (13 points) prendre les devants (5-10). Les Tricolores grignotent peu à peu leur retard pour revenir à hauteur (16-16) après un bloc sur Julia de la capitaine Héléna Cazaute, une nouvelle fois énorme et meilleure marqueuse de la rencontre (20 points, 18/41 en attaque, 1 bloc, 1 ace), avant de passer devant grâce à la bonne entrée au service d’Enora Danard-Selosse (21-20). Malheureusement pour la France, les Sud-Américaines renversent le score et se procurent une première balle de set après un block-out de Gabi, avant de conclure sur leur troisième suite à une faute de filet (25-27).

Pas du tout abattue par la perte de cette manche, l’équipe de France attaque la suivante pied au plancher, avec une bonne qualité de service qui met notamment la grande Julia Bergmann en difficulté (13-9). Et comme les attaquantes tricolores ne tremblent pas, les Bleues restent devant (19-15), avant de subir un léger trou d’air synonyme d’égalisation (19-19). La fin de la manche est irrespirable, le Brésil se procure les deux premières balles de set (22-24), la France s’en offre cinq et c’est finalement la précieuse centrale Julia (10 points) en « basket » puis Gabi à deux mains qui parviennent à inscrire les deux derniers points permettant à la deuxième nation au classement mondial de mener 2-0 (31-33).

Encore une fois, les joueuses de Cesar Hernandez ne baissent pas pour autant les bras et s’accrochent dans la troisième manche (11-11), avant de peu à peu plier (12-16, 16-22), victimes de l’insolente réussite offensive adverse, symbolisée par Bergmann (17 points), qui ne rate plus grand-chose, mais aussi de la supériorité d’ensemble des centrales brésiliennes. C’est d’ailleurs sur la dernière attaque de Bergmann (faute de filet française) que se conclut ce quart de finale (19-25), qui aura ravi le public de Bangkok.

Moins, en tout cas en ce qui concerne le résultat final, les supporters d’une équipe de France qui peut cependant être particulièrement fière de son parcours historique en Thaïlande, elle qui n’a cessé de progresser au fil des années. Cette place finale dans le top 8 mondial récompense des étés – et ce premier sous la houlette de son nouvel entraîneur espagnol – de travail et augure de lendemains qui chantent. Les Bleues, avec leur enthousiasme, leur insouciance, leur résilience et leurs qualités individuelles et collectives, auront assurément été la bonne surprise de ce Mondial 2025, rendez-vous dans un an pour un Championnat d’Europe (21 août-6 septembre) sur lequel, cette fois, elles seront attendues comme de sérieuses outsiders.

Les réactions :

Cesar Hernandez, entraîneur de l’équipe de France : « Nous sommes un peu déçus, parce que nous avons répondu présent, nous avons eu des opportunités de gagner les deux premiers sets. Maintenant, le Brésil a été très solide en attaque, ça a été difficile pour nous de trouver des solutions pour les stopper, des petits détails ont fait la différence, elles ont été capables à certains moments-clés de mieux contrôler le match que nous. Je suis très fier et très content des joueuses, je ne peux que les remercier pour tous les efforts qu’elles ont consentis et tout l’été que nous avons passé ensemble. Nous avons fait de bonnes choses et nous devons continuer à croire que nous pouvons jouer à ce niveau, nous pouvons devenir encore plus forts et un jour battre une équipe comme le Brésil, c’est un bon exemple pour nous. Le projet en est à son début, nous avons franchi les premières marches, dans un an, nous devrons continuer à progresser. »

Héléna Cazaute, réceptionneuse/attaquante et capitaine de l’équipe de France : « Les sentiments sont mélangés. Il y a évidemment de la déception, parce que l’aventure est terminée pour nous, mais on peut être fières du parcours qu’on a accompli. Gagner un huitième de finale contre la Chine, ce n’était pas écrit et on l’a fait, on a écrit l’histoire. On aurait aimé qu’elle continue, mais je suis super fière de l’équipe et de l’été qu’on a fait, et honnêtement, j’ai déjà hâte de retrouver cette équipe l’année prochaine. Le deuxième set, c’était chaud, on a su inverser la tendance à un moment donné, elles sont repassées devant, ça s’est joué à deux-trois petits détails, c’est dommage car on aurait pu revenir à un set partout, mais ça reste le Brésil, une équipe d’expérience, je suis sûre qu’on apprendra de cette défaite. Tout l’été nous a beaucoup appris, jouer la VNL avec de gros calibres en face nous a fait évoluer, maintenant, on sait qu’il nous manque de l’expérience, c’est en rejouant plusieurs fois des nations comme le Brésil qu’on arrivera à les titiller. On fait un gros hold-up contre la Chine, c’est positif, mais on sait qu’il y a encore du taf. »

Nina Stojiljkovic, passeuse de l’équipe de France : « Je suis vraiment fière de notre équipe, du parcours qu’on a eu, on progresse chaque année. Ça fait maintenant dix ans que je suis en équipe nationale et depuis le début, on espérait atteindre ce niveau, maintenant, on y est et on arrive à accrocher de grosses équipes. Il y a aussi forcément de la frustration par rapport aux deux premiers sets, c’est difficile à avaler, mais il faut continuer à jouer des matchs comme ça et à s’entraîner encore plus et on arrivera à les battre un jour. Ces deux premiers sets étaient assez serrés, avec différents scénarios ; dans le deuxième, on mène de quelques points, elles nous rattrapent en mettant un rythme intense, on commet des petites fautes, mais on y croit, on revient, et au final, elles font parler l’expérience, mais on a vraiment donné tout ce qu’on pouvait. Cet été aura été un grand pas vers le haut niveau pour le volley féminin français. »