Dans ce premier acte, nous sommes partis à la rencontre de Julien ALBERT, l’un des cadres du vestiaire angevin. Il nous fera le bilan de sa dernière saison chez les Ducs d’Angers, nous parlera de l’émulation autour du hockey à Angers et il évoquera l’attractivité que la nouvelle patinoire Ice Parc suscite pour le public, mais aussi pour le monde extérieur. Celui qui avait décidé en amont que cela serait sa dernière saison sportive, aura pu savourer chaque moment à sa juste valeur, malgré une petite pointe de déception, dû à cette fin de saison inachevée.

Bonjour Julien, quel bilan faites-vous de votre dernière saison de hockeyeur avec les Ducs d’Angers ?

« Le premier sentiment qui me vient depuis le confinement et l’arrêt de la saison, c’est un peu de frustration de n’avoir pas pu terminer la saison, de ne pas savoir ce qu’aurait pu donner les play-offs, sachant que l’on était bien parti après notre très belle série des quarts de finale face à Bordeaux. Ensuite, on sait que cela aurait forcément  été compliqué face à Rouen, car nous ne serions pas partis favoris puisque les Rouennais étaient bien revenus dans la course au titre, depuis le mois de décembre. En tout cas, je pense que l’on aurait eu notre carte à jouer. »

Surtout que cela se serait certainement joué sur des détails lors de cette demi-finale de play-offs face à Rouen ?

« C’est sûr que cela aurait été un match ouvert. Je pense que cette saison, on s’était rapproché un peu plus de Rouen et de Grenoble, même si nous étions encore loin de remporter la Ligue Magnus, car après Rouen, on aurait certainement dû affronter Grenoble en finale. J’espère qu’avec l’équipe que l’on aura la saison prochaine, on pourra encore plus rivaliser avec ce genre d’équipe. »

Vous sentez qu’il y a une certaine émulation qui s’installe autour du club ?

« Oui, clairement. C’est certain qu’avec la nouvelle patinoire, cela a donné lieu à une nouvelle attractivité autour du club. En arrivant dans cette patinoire, on ne savait pas comme cela allait se passer, comment le public allait réagir. De notre côté, en tant qu’hockeyeur, il a fallu s’adapter aux nouvelles dimensions de la patinoire. Dans la patinoire du Haras, les joueurs avaient l’habitude d’évoluer dans une petite patinoire, c’est d’ailleurs ce qui a fait notre force à un moment donné, lorsque les équipes adverses venaient jouer au Haras. Dans cette nouvelle patinoire de l’Ice Parc, il a fallu que l’on prenne nos repères. Et concernant le public angevin, ce fut la bonne surprise de la saison, avec une patinoire remplie à chaque fois. Donc oui, tout cela a joué dans cette émulation positive autour de l’équipe. Cela sera bénéfique pour l’équipe de la saison prochaine. »

Est-ce que vous avez été étonné du nombre de spectateurs à chacun de vos matchs à domicile, alors que c’était parfois compliqué de remplir la patinoire du Haras ?

« C’est certain que le sport spectacle, qui s’est rajouté autour de nos matchs, a donné plus d’attractivité à ceux-ci et cette nouvelle patinoire s’y adapte parfaitement. Il y a aussi certainement, l’effet de la nouveauté. Lorsqu’il y a un nouvel outil comme celui-là, les gens sont toujours curieux d’aller voir. Là aussi, où le club a été malin, c’est qu’il a proposé des tarifs très attractifs et très abordables, dès l’ouverture de la patinoire, et c’est ce qui a fait, je pense, la différence. Je crois que cela a attiré des personnes qui ne connaissaient pas le hockey sur glace, alors qu’au Haras, c’était relativement les mêmes personnes. Cela a permis de diversifier le public et de remplir des tribunes pleines d’étudiants, de familles etc… sans oublier toutes les prestations avec l’arrivée des loges. C’est tout un nouveau public que l’on peut attirer avec cette nouvelle enceinte. C’est ce qui change de ce que l’on avait avant. C’est ce qu’il fallait pour le club, pour que ce dernier passe à un nouveau stade. »

Au Haras, c’était un public d’habitués, alors qu’à l’Ice Parc, c’est plus un public au profil multiple ?

« Oui, c’est exactement cela. Je pense qu’il y avait vraiment un coup à jouer, à la fois d’un point de vue professionnel parce que l’on veut forcément attirer du monde, avoir une patinoire pleine, car on ne va pas se le cacher, lorsque l’on est un sportif de haut niveau, jouer dans une patinoire pleine te pousse vraiment à être performant tout au long du match. Il y a aussi toute la partie du hockey amateur (hockey mineur), qui, j’espère, va profiter de tout cela pour être encore plus attractif. Il y a forcément des familles qui vont venir voir nos matchs, et peut-être que leurs enfants seront attirés par la pratique du hockey sur glace, ou pour la découvrir. On parlait du sport spectacle, et le hockey sur glace est clairement un sport spectacle. Ce qui n’a pas été le cas, ces dernières années, c’est le fait que l’on a gagné pratiquement tout au long de la saison à domicile. Les gens, quand ils viennent découvrir quelque chose et qu’il y a la victoire au bout, cela change la donne. On peut venir voir un match, que la prestation est moyenne et qu’il y a une défaite à l’arrivée, cela n’est pas la même chose. Si tu vois une belle victoire des Ducs d’Angers, cela donne plus envie de revenir. Donc pour résumé, il y a plein de points positifs, que cela soit pour l’équipe professionnelle que pour la partie du hockey amateur. »

Il faut dire que tout s’est bien enchaîné ?

« C’est sûr que si nous avions débuté par cinq ou six défaites d’affilée, cela aurait été certainement différent. La saison que l’on a réalisée, d’un point de vue des résultats sportifs, tombe au bon moment. On a su être constant à domicile, du début à la fin de la saison. On a relativement fait une bonne saison. Cela a vraiment aidé au lancement de cette nouvelle patinoire. »

A commencer par le match d’inauguration de l’Ice Parc face aux Dragons de Rouen ?

« Clairement, s’il y a un match à sortir de la saison, c’est celui-là. Quand tu gagnes trois buts à zéro face à Rouen, pour lancer ta saison et ta nouvelle patinoire, on n’aurait pas pu rêver mieux. L’ambiance qui régnait déjà, cela a donné les prémices de l’engouement autour de l’équipe, durant la saison. »

En tant que joueur, le fait d’évoluer sur la glace avec une certaine ferveur autour de vous, cela a dû être très motivant ?

« Cela a été fort en émotion, fort en intensité, fort en encouragement. Je ne vous cache pas, que lors de certains matchs un peu moins intenses, cela nous a poussé. Au Haras, il y avait une ambiance particulière, alors qu’à l’Ice Parc, lors des remontées de palets par exemple, il y avait une ferveur qui montait et tu sentais des tribunes te porter. C’était déjà le cas au Haras, mais dans l’Ice Parc, c’était une autre dimension, c’était décuplé. »

Diriez-vous que cela vous a permis de gagner certains points au classement durant la saison ?

« Lors des deux ou trois dernières saisons au Haras, lorsque les matchs étaient serrés, on avait tendance à les laisser à l’adversaire en fin de match, où nous avions du mal à conclure les matchs. Et avec cette nouvelle saison, où un gros groupe de joueurs était déjà présent la saison dernière, il y a eu plus de maturité dans l’équipe. On avait assez d’expérience pour se remobiliser et faire en forte de les gagner. C’est aussi cela qui a fait la différence cette saison. »

Cette nouvelle patinoire est aussi l’opportunité d’être plus attractif envers de nouveaux joueurs ?

« Il est évident, qu’avec ce type de patinoire, il est toujours plus facile d’attirer de nouveaux joueurs. Le fait de leur vendre un projet autour de l’Ice Parc, ou de leur vendre un projet autour du Haras, cela n’est pas la même chose. Comme je vous le disais précédemment, nous sommes des sportifs et nous aimons le sport spectacle. On aime jouer devant du public et plus il y a du public et mieux c’est pour nous. De toute façon, il n’y a pas mieux en matière de patinoire. En France, on a égalé le tir avec des patinoires comme Grenoble ou Rouen. Maintenant, on n’a plus à rougir de notre patinoire, loin de là. »

A ce sujet, est-ce que cela va donner à de nouveaux joueurs, l’envie de relever le challenge des Ducs d’Angers, dans les années à venir ?

« Je pense que tous les joueurs du championnat, qui ont pu découvrir notre nouvelle patinoire, cette saison, avec leurs équipes respectives, ont été surpris autant que nous, lors de leur premier match à l’Ice Parc. Je pense que les équipes étaient pressées de découvrir notre nouvelle patinoire, surtout au fil des semaines. Je pense qu’il n’y a aucune équipe qui a évolué à Angers dans une patinoire vide, durant la saison. Tout le monde a pu profiter de ce spectacle-là. Le hockey sur glace est un petit monde, et forcément ça parle entre les joueurs. Toutes les photos et les vidéos qui ont été publiées sur les réseaux sociaux, cela a joué en notre faveur, au regard des Angevins, mais aussi des équipes adverses. »

Y a-t-il des regrets durant cette saison, surtout au niveau de la coupe de France ?

« On ne va pas se le cacher, le gros point noir de ces dernières saisons, c’est le fait d’avoir été éliminé prématurément de la coupe de France, alors que nous aurions eu l’occasion de réaliser de beaux parcours. Sur les matchs à élimination directe, on n’a pas fait le boulot. Cette saison, on avait encore une belle occasion, même si je n’enlève en rien les mérites de Nice, même si je pense que c’était un match abordable. Lors de ce match, nous étions favoris et on ne peut s’en prendre qu’à nous-mêmes. C’est aussi frustrant que cette saison qui n’arrive pas à son terme. Cela doit être un axe de progression, il faut que l’équipe travaille sur ce point, avec un peu plus d’expérience. »

Justement, est-ce qu’il y a aussi un goût d’inachevé, de n’avoir pas bien terminé la saison régulière ?

« Je ne vous cache pas que l’on aurait aimé accrocher cette deuxième place. Après, si l’on reprend les objectifs du début de saison, on s’était donné l’objectif de jouer le top 4. Malgré tout, plus la saison avançait et plus on se voyait haut. On a même été proche de prendre la première place du classement, au mois de janvier, lorsque l’équipe de Grenoble est venue jouer chez nous. Il y a eu des possibilités, mais on n’a pas su les saisir au bon moment. C’est vrai qu’il y a des fois où tu perds des points au début de saison contre telle ou telle équipe, sur le moment, tu n’en parles pas trop, mais quand tu fais le bilan de la saison, tu te dis « merde », si je n’avais pas perdu des points bêtement par ci, par là, on serait peut-être mieux classé à la fin de la saison régulière. Au final, ce sont ces petits points qui font la différence à l’arrivée. On a forcément des regrets de n’avoir pas réussi à terminer plus haut, mais tout cela est dérisoire par rapport à ce qui s’est passé avec cette fin de saison due au Coronavirus, par la suite. »

Est-ce que vous diriez que les temps faibles d’une saison, permettent à une équipe de se resserrer ?

« Bien sûr, une saison n’est jamais lisse, et peu importe les objectifs de chaque équipe. Cela arrive à toutes les équipes durant une saison. C’est là que l’on voit la solidité d’une équipe et ses capacités à réagir. »

Pour conclure, vous avez certainement savouré votre dernière saison avec les Ducs d’Angers ?

« Il y a différentes manières d’arrêter une carrière et c’est vrai que je me mets à la place des joueurs qui arrêtent brutalement leur carrière, alors qu’ils n’avaient pas décidé d’arrêter et qui ne profitent pas forcément de leur dernière saison. Pour ma part, sachant que j’avais décidé que cela serait ma dernière saison, j’ai pu profiter de chaque moment. Tu voyais les mois défilés, en te disant que c’était ton dernier camp d’entraînement, ton dernier match dans telle patinoire, contre telle équipe, etc… Le fait de prendre ce recul, cela permet de profiter de ces moments. Je suis content d’avoir préparé cela et d’avoir décidé moi-même de la fin de ma carrière. Mon envie était aussi d’arrêter avant que l’on m’arrête. »

 

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