Rencontre avec Clément MASSON, l’attaquant des Ducs d’Angers de hockey sur glace. L’attaquant angevin nous a confié les raisons de son départ à la suite de cette fin de saison. Il reviendra aussi sur son aventure chez les Ducs, avec tous les bons souvenirs qui vont avec, malgré le fait de n’avoir acquis aucun titre, ce qui restera une déception. Puis, il nous donnera son avis sur la saison qui vient de se terminer avec un goût d’inachevé, à la fois sur la saison régulière et sur la série des quarts de finale des play-offs face à Bordeaux. Puis, il nous racontera sa relation avec le staff technique. Enfin, il nous expliquera son futur projet chez les Pionniers de Chamonix.

Bonjour Clément, pourquoi avoir décidé de quitter le club des Ducs d’Angers, en cette fin de saison ?

« Il faut savoir que c’est moi qui ai décidé de quitter le club, alors que le club souhaitait me conserver dans son effectif pour la saison prochaine. Ensuite, je n’étais pas fermé à d’autres propositions, mais il n’y avait pas dix mille options. Soit, je rentrais chez moi en Haute-Savoie à Chamonix, ou soit je restais à Angers. Ce fut une réflexion assez dure et longue, car je me sentais bien à Angers, ma famille était bien installée dans cette ville. Mais je vieillis aussi et il était temps de penser à l’après hockey. A Chamonix, il y avait un projet sur du plus long terme, avec une possibilité de reconversion après ma carrière. Et puis, il était temps de poser ma famille, car si j’avais prolongé à Angers, cela aurait été une bonne chose, mais dans un ou deux ans, j’aurais à nouveau redémarré de zéro. Il n’était pas certain que je m’installe ici à Angers et on ne sait pas si la proposition de Chamonix se serait représentée ensuite. Je voulais un peu poser ma famille, mes enfants et que ma femme retrouve un emploi stable. Je ne pensais pas que cela serait si tôt, mais d’un autre côté, je suis très content de mon choix. C’est un choix professionnel qui est réfléchi, même si je sais que le club des Ducs d’Angers va jouer le haut de tableau pendant les prochaines années et certainement jouer un titre sur les deux prochaines saisons. Ce n’est pas un choix facile à faire, mais c’est plus un choix de la raison, un choix de carrière et de famille, c’est un mixte de tout. A mon âge, il faut savoir réfléchir et anticiper à l’après-carrière, si l’occasion se présente. »

Votre décision a quand même été une petite surprise ?

« Bah écoutez, je sentais que l’aventure dans deux saisons allait être terminée. Le club a de grandes ambitions et de gros projets. J’ai pris ma décision à la fin du mois de mars et je l’ai ensuite annoncé au club. »

Est-ce frustrant de n’avoir pas décroché un titre durant vos saisons au sein du club angevin ?

« Déjà, concernant la saison qui vient de se terminer précipitamment, il n’y a pas forcément de frustration, car dans n’importe quel club, cela aurait été la même chose. C’est surtout frustrant de ne pas terminer une saison, qui a été gâchée par les événements que l’on connaît actuellement. »

Que retiendrez-vous de vos trois saisons au sein des Ducs d’Angers ?

« D’un point de vue global, je suis très content de ce que j’ai vécu à Angers. J’ai rencontré beaucoup de personnes, je me suis bien senti dans le club, j’ai toujours été bien traité, par l’ensemble du club, je n’ai rien à dire. Je remercie tout le monde. J’ai aussi eu la chance de connaître la nouvelle patinoire. Je prends cette expérience comme une chance, mais il y a un temps pour tout. Si j’ai décidé de partir, c’est que j’avais le sentiment de retrouver mieux ailleurs sur le long terme, même si on ne le saura jamais. Durant cette aventure, j’ai pris beaucoup de plaisir dans le hockey et en dehors du hockey. »

Avez-vous des moments qui vous auront marqué ?

« Dans les moments difficiles, je dirais l’année où je suis arrivé au club, où nous avons traversé une crise due à l’élimination prématurée en coupe de France. Je me suis posé la question de savoir si j’avais fait le bon choix de venir à Angers, si j’avais fait partie de ceux qui avaient fait échoué l’équipe. Ce fut une grosse remise en question, à cette période négative de la saison, puisque ensuite, tout s’est débloqué dans le bon sens. Concernant les moments positifs, il y en a beaucoup, à commencer par les rencontres avec les supporters et les partenaires du club, avec les jeunes que j’entraînais, le staff que j’ai beaucoup apprécié. Ensuite, il y a tous les moments passés avec mes coéquipiers, lorsqu’il a fallu gagner des matchs importants, ou encore le match d’inauguration de la nouvelle patinoire de l’Ice Parc face à Rouen, dans une patinoire pleine. J’ai vécu trois très belles années à Angers. »

Vous entraîniez un peu les jeunes ?

« Disons que comme mon fils pratiquait le hockey à Angers, je donnais un petit coup de main. Comme il manque souvent du monde pour encadrer les enfants, et comme j’allais voir mon fils, autant que je propose mon aide. C’est vrai que lorsque les enfants voient un joueur professionnel venir les entraîner, ils adorent cela. C’était aussi de bons moments. »

Est-ce que vous diriez que vous avez progressé lors de votre passage à Angers ?

« Oui, car de toute façon, on progresse toujours. On mûrit, on apprend à être coaché par de nouvelles personnes. Il y a plein de choses, où l’on est obligé de prendre de l’expérience et de progresser, que cela soit mentalement ou physiquement, sur la glace ou en dehors. Que l’on vieillisse ou non, on progresse différemment, on a un système de jeu qui fait que l’on apprend des choses. On est obligé de prendre en expérience. Donc, oui, c’est sûr que ces trois saisons à Angers m’ont enrichi dans tous les domaines. »

Avez-vous une certaine déception de quitter le club sans avoir obtenu un titre ?

« Ah bah si, c’est sûr. Si je suis arrivé à Angers, c’était pour enfin gagner des titres. Voilà, en retournant à Chamonix, il est évident que cela va être beaucoup plus compliqué de gagner un titre. Cela a fait partie de mes réflexions. Je ne pouvais pas avoir une réflexion égoïste, en me disant que j’allais encore faire deux saisons à Angers et ensuite voir ce qui allait se passer. Je suis très famille et j’aime aussi cette sécurité pour pouvoir protéger ma famille en ayant un petit coup d’avance sur mes projets et d’être sûr de mes choix. Donc sur cet aspect de ne pas avoir remporté un titre avec Angers, c’est une certaine déception. Je souhaite à Angers de remporter un titre sur ces prochaines saisons. Je ne serais en aucun cas déçu de mon choix, je serais surtout très content pour le club d’Angers. Cela n’est pas mon tempérament. »

Est-ce que vous pensez qu’avec l’effectif que vous aviez, cette saison, Angers avait un coup à jouer pour le titre de champion de France ?

« On ne saura jamais ce qu’aurait donné la série de la demi-finale des play-offs contre les Dragons de Rouen. Mais oui, il y avait un coup à jouer, car cette année, nous avons battu toutes les équipes. Il n’y avait pas de raisons pour que nous ne battions pas Rouen en demi-finale, car en saison régulière, chacune des équipes a gagné deux matchs et en a perdu deux. Cela aurait été une série très serrée, où cela se serait joué sur des détails. Mais en tout cas, on n’avait pas à rougir de notre équipe, qui était très performante. »

Quel est votre avis sur le staff technique ?

« Pour moi, Brennan SONNE est un coach très professionnel, il travaille très dur. Avec lui, l’idée, c’est vraiment le travail. Il aime que les joueurs soient travailleurs, c’est une très grande qualité. Sinon personnellement, avec la barrière de la langue, je n’avais pas spécialement de relation privilégiée avec lui, même si on s’entendait très bien et que le peu de fois que l’on se parlait, il n’y avait aucun souci. J’étais surtout concentré dans mon rôle de joueur avec l’objectif de répondre à ses attentes, c’était mon patron et j’exécutais ce qu’il me demandait de faire. En tout cas, cela s’est toujours très bien passé avec lui, dans sa qualité de travail et d’analyse, je ne pense pas revoir ce genre de coach d’ici la fin de ma carrière de joueur. »

Pensez-vous qu’il fait partie des meilleurs coachs de la Ligue Magnus ?

« C’est difficile de dire si c’est le meilleur, je dirais plutôt qu’il fait partir des meilleurs dans le travail et d’analyse de jeu, je pense que c’est un très bon entraîneur. Et puis, je ne connais pas tous les autres entraîneurs de la Ligue Magnus pour faire des comparaisons ou pour juger. Je peux aussi citer des personnes comme Mario RICHER (entraîneur des Gothiques d’Amiens) ou encore Yorick TREILLE (entraîneur des Scorpions de Mulhouse), ils sont nombreux à être de très bons entraîneurs. »

Est-ce que vous pensez que vos bons résultats de cette saison ont été galvanisés par la ferveur de la nouvelle patinoire, l’Ice Parc ?

« Je pense que c’est un peu un cercle vicieux qui s’est créé dès le début de la saison. Nous, on a fait le match qu’il fallait lors du match d’inauguration, avec une victoire face à Rouen. Ensuite, tout s’est enchaîné dans le bon sens et positivement. A contrario, je pense que si nous avions enchaîné cinq défaites consécutives dans cette nouvelle patinoire, je ne pense pas que l’on aurait vécu la même saison. Nous, d’un point de vue des résultats, on a été poussé par ce public, mais le public a aussi été poussé par nos résultats positifs. Je pense qu’il y a eu une certaine complémentarité entre les deux, une certaine synergie, ce qui fait que cela a fonctionné dès le début, car nous avons gagné tout de suite. Et le fait de monter en puissance, que cela soit du côté de nos résultats ou du côté du public, cela a créé une dynamique positive durant toute la saison. »

Avez-vous le regret d’avoir un peu gâché la fin de saison régulière, en terminant finalement que troisième ?

« On ne peut pas avoir de regrets sur une saison régulière. On sait qu’il y a des passages plus difficiles que d’autres. Nous, notre passage creux a été un peu en fin de saison. On savait que l’on allait arriver aux play-offs et qu’il fallait rester concentré. Cette fin de saison régulière nous a servis pour débuter la série des quarts de finale de play-offs contre les Boxers de Bordeaux. Durant la saison, il est aussi important d’avoir des moments faibles, afin de mieux les aborder lors des play-offs. Lorsque tout s’est bien déroulé en saison régulière et que tu débutes la série des quarts de finale par deux défaites, tu peux vite être dans le doute et te poser des questions. C’est toujours positif d’être dans le dur durant la saison, pour voir les caractères des joueurs, pour voir comment l’équipe va réagir, donc cette fin de saison, il faut la prendre positivement. A l’image du dernier match de la saison régulière à Bordeaux, on passe au travers, il n’y a pas d’autres mots pour décrire notre performance. Mais en abordant les quarts de finale, on n’allait pas se dire que cela allait être difficile. On s’est juste dit qu’il fallait que l’on reprenne notre jeu, notre niveau et c’est ce que l’on a fait. On ne peut pas regretter notre classement en fin de saison régulière, que l’on termine premier, deuxième ou troisième, notre objectif était le top 3 et c’est ce que l’on a réussi à faire. Ensuite, on a fait ce qu’il fallait en quart de finale de play-offs contre Bordeaux (victoire 4-0), il n’y a donc aucun regret à avoir sur la saison. »

Avez-vous été surpris par votre série facilement remportée face à Bordeaux, quatre victoires à zéro ?

« Je savais que l’on allait gagner et que d’affronter Bordeaux en quart de finale, était un très bon tirage pour nous. »

Avec un super gardien de but, Florian HARDY, qui a été décisif à de multiples reprises ?

« De toute façon, pour gagner un championnat, il faut avoir un bon gardien de but durant toute la saison. C’est une pièce maîtresse dans une équipe. Si tu as un bon gardien de but, tu peux gagner des titres, si tu n’as pas un bon gardien de but, tu ne peux pas gagner de titre. »

Avez-vous un message à faire passer aux supporters des Ducs d’Angers ?

« J’aimerais simplement les remercier, car ils sont toujours restés fidèles à eux-mêmes, que cela soit dans les moments forts ou dans les moments un peu plus compliqués. Ils sont toujours là. Ils savent être présents, mais en même temps, être très discrets. C’est vraiment un très bon public. Je les remercie pour tout. Avec tous les messages que j’ai reçu à l’annonce de mon départ, cela m’a touché. Ce sont des gens vraiment humains et cela fait plaisir de donner à notre échelle, ce qu’eux nous apportent de par leur soutien. Après, le hockey est mon travail et je me dois de me donner à fond. Je pars le cœur léger, avec la mission accomplie. Je pars après une belle aventure à Angers, même s’il n’y a pas eu de trophée à l’arrivée, ce qui sera mon seul regret. Il faut maintenant que je tourne la page et que je pense à autre chose. »

Justement, quels seront vos futurs objectifs et vos attentes dans ce nouveau projet à Chamonix ?

« Du côté des objectifs, déjà, je vais avoir un rôle différent, car je vais arriver dans une équipe très jeune avec peu de moyens. Je vais être là pour encadrer l’équipe et la faire progresser, ainsi que d’apporter mon côté compétiteur, même si je sais qu’il sera difficile de rivaliser avec des équipes comme Angers. L’idée sera d’aller le plus haut possible et le plus loin possible, avec les moyens que l’on aura et avec le groupe que l’on aura. Il faudra aussi se battre pour atteindre les play-offs, cela sera un challenge différent, même si cela reste un challenge pour un sportif. Ensuite, pour ma part, il y aura tout le côté professionnel qui va rentrer en compte, au fur et à mesure des années. »

Que pouvez-vous nous dire sur votre après-carrière ?

« A la fin de ma carrière sportive, le club de Chamonix m’a proposé une reconversion au sein de la structure. De plus, d’ici trois ans, il y a un projet d’une nouvelle patinoire. Un peu comme l’évolution des Ducs d’Angers, cela pourrait être un sacré levier pour avoir une équipe encore plus compétitive. Alors cela ne sera pas un objectif de top 3, mais plutôt viser un top 6. Et puis, c’est comme à Angers, dès qu’il y a des loges, des places à vendre, bah cela pousse au développement. En Haute-Savoie, il y a de l’argent et je sais qu’il y a des entreprises qui rêveraient de s’acheter une loge et pour le moment, c’est compliqué. D’un point de vue sportif, que si cela se concrétise, le club aura pour objectif de se stabiliser dans le top 6 ou le top 8. »

L’avantage aussi pour vous, c’est que vous connaissez déjà le club ?

« Il est vrai qu’après avoir passé sept saisons au club, je connais tout le monde. J’arrive dans un endroit que je connais, je n’arrive pas dans l’inconnu. Et puis, cela va permettre à ma femme de se stabiliser d’un point de vue professionnel et moi avec mes connaissances sur place, cela sera plus facile. Comme je vous le disais, c’est un choix de la sécurité. »

Vous n’avez jamais eu le regret de jouer à l’étranger ?

« Quand j’étais jeune, je n’ai jamais été tenté par ce type d’expérience. Et plus j’ai vieilli et plus je me suis dit, c’est dommage, j’aurais dû tenter l’expérience, avant d’avoir des enfants et d’être marié. Mais après, je ne regrette pas tous mes choix et la vie que j’ai pu avoir. Pour ma part, dans le hockey, j’ai rarement eu des moments difficiles où j’ai toujours pris du plaisir dans ma pratique sportive. C’est comme à l’annonce de ma décision de quitter le club d’Angers, un club du haut de tableau de la Ligue Magnus m’a contacté. Mais mon choix était clair et sans regret. »

Pourquoi avoir choisi Angers, il y a trois ans ?

« Avant mon arrivée à Angers, j’avais reçu deux propositions. L’une venant d’Angers et l’autre venant de Rouen. Mon choix s’est orienté vers Angers pour la qualité de vie, plutôt que de regarder le côté sportif, où à l’époque Rouen était bien supérieur à Angers. J’ai toujours fait mes choix en fonction de ma famille. »

Que retiendrez-vous de la ville d’Angers ?

« Angers est une très belle ville avec une qualité de vie sympa. Et puis la ville d’Angers est bien située, avec l’aéroport qui n’est pas très loin. C’est la même chose concernant la distance avec la ville de Paris. De plus, le climat est agréable, c’est une ville à taille humaine et pas encore surchargée, où il n’y a pas de bouchons dans tous les sens. C’est une ville assez petite, très agréable à vivre, très sécurisée et très rassurante. »

En tout cas, vous serez certainement très bien accueilli, lors de votre retour à Angers, la saison prochaine ?

« Il y aura sans doute une certaine émotion de revenir à Angers, on verra comment cela se passera. Dans tous les cas, je serais très heureux de revenir dans cette nouvelle patinoire et de revoir les personnes avec qui j’ai pu travailler durant trois saisons, ainsi que le public qui m’a toujours soutenu. »

 

 

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