Ancien joueur de rugby et devenu coach de basketball, John DELAY a connu un chemin atypique. De ses débuts comme analyste vidéo à son rôle actuel d’entraîneur principal de l’Étoile Angers Basket, il revient sur son parcours, ses valeurs et les objectifs qu’il fixe à son équipe. Entretien.

Bonjour John, vous avez été rugbyman par le passé. Qu’est-ce que ce sport vous a appris dans votre métier actuel de coach au basket ?

« C’est un passé dont je suis très fier. Le rugby m’a appris l’humilité, mais aussi beaucoup de choses à travers des rencontres humaines incroyables. C’est ce sport qui m’a donné envie d’être entraîneur. Même si aujourd’hui, cela fait des années que je suis dans le basket professionnel, je m’en inspire encore. Le rugby, c’est le combat, le collectif, l’engagement : des valeurs que j’essaie d’inculquer à mes équipes au quotidien. »

Vous avez d’abord été assistant, avant de devenir coach principal après le départ d’Ali BOUZIANE. Comment avez-vous vécu cette transition ?

« Cela s’est fait très rapidement, ce n’était pas prévu dans mon plan de carrière. Pour moi, être assistant et être coach sont deux métiers complètement différents. J’ai eu la chance de travailler avec des entraîneurs extrêmement compétents, comme Christophe HENRY, Jérôme FOURNIER en équipe de France ou encore Ali BOUZIANE. Mais, malgré ma proximité avec eux, je ne mesurais pas réellement la responsabilité qui incombe à un coach principal. »

Vous avez aussi été analyste vidéo. Est-ce que cette expérience vous a aidé dans votre rôle actuel ?

« Bien sûr. On se nourrit de chaque expérience. Même si aujourd’hui, je fais beaucoup moins de vidéo qu’avant, ce travail m’a permis de développer ma capacité à analyser le jeu, à mieux comprendre le basket. J’ai vu différents styles de jeu, à tous les niveaux, en France comme à l’international, chez les filles comme chez les garçons. Cela m’a enrichi et m’a permis de trouver ma propre façon d’utiliser la vidéo. Aujourd’hui, c’est un outil important dans ma méthode de coaching. »

La vidéo reste donc un outil central dans votre travail ?

« Oui, absolument. Avec mon assistant, qui est très compétent dans ce domaine, nous l’utilisons beaucoup. Dans une saison longue et exigeante, il faut savoir gérer les charges de travail, et la vidéo permet d’apprendre et de progresser différemment. »

La saison passée a été une saison de transition pour l’EAB. Qu’en retenez-vous de positif ?

« Beaucoup de choses. Quand le club est descendu de Pro B, il a fallu rebâtir un projet. Certains joueurs emblématiques sont partis, et il fallait lancer un nouveau cycle. Après un début compliqué, nous avons fait une très belle deuxième partie de saison. Et surtout, le club s’est énormément structuré grâce au travail en profondeur des dirigeants. »

L’effectif a changé cet été, quel type de profil avez-vous cherché à recruter ?

« Je ne dirais pas que l’effectif a beaucoup évolué. Nous avons conservé cinq joueurs sur dix, soit la moitié de l’équipe. Pour moi, c’est une vraie stabilité : cinq joueurs qui connaissent ma méthode de travail, mon système offensif et défensif. Cela nous a fait gagner du temps. La saison dernière, je n’avais qu’un joueur qui me connaissait vraiment, ce n’était pas suffisant pour poser une base solide. À partir de là, nous avons cherché trois critères : des joueurs jeunes, athlétiques et ambitieux. Je crois que nous avons réussi à cocher toutes ces cases. »

Quels seront vos objectifs pour la saison à venir ?

« Quand on sort d’une saison, où l’on a terminé premiers de la poule basse, on doit viser au minimum la poule haute. Mais il faut rester humbles, c’est un championnat difficile, et chaque équipe a la même ambition que nous. »

Pour finir, quelle place occupe la formation dans le projet de l’EAB ?

« Une place très importante. L’équipe espoir a fait une très belle saison et évoluera encore en National 3, coachée par mon assistant. Cela facilite la transmission des idées et du travail entre les deux groupes. Nous avons aussi la satisfaction de voir un deuxième joueur issu du centre intégrer l’équipe pro, après Mateo VALTON. Cette saison, c’est Tidiane NAHAM, qui franchit ce cap, et nous en sommes très contents. Par ailleurs, six jeunes partenaires d’entraînement s’entraînent régulièrement avec nous. Et plus largement, l’EAB, ce sont plus de quarante-cinq équipes, des U15 et U18 France jusqu’aux équipes régionales. C’est une immense richesse pour le club et pour l’avenir. »