Romain ATTANASIO est un homme heureux. Malgré les quarante jours en mer, malgré les galères, malgré le rythme soutenu du plus prestigieux des tours du monde. À chacune de ses prises de parole, en vidéo, à la vacation ou par écrit, le skipper de PURE-Best Western, treizième du Vendée Globe, a le don pour savoir plonger l’homme à terre dans son quotidien, ses attentes, ses doutes et ses petits moments de joie.

Nouvelle illustration ce vendredi matin, à cinq heures, quand il s’est attelé à raconter sa dernière nuit : “J’ai eu vingt nœuds de vent au portant. En revanche, le vent refuse et je suis de travers à la mer. Le bateau part en surf, puis il y a une vague de travers qui le décolle. » La nuit était “facile”, sous petit gennaker, explique-t-il même s’il aurait bien “empanné par confort”. Puis, il se ravise : “pour la performance, ce n’est pas bon.

Le Vendée Globe, c’est une galère par jour.

Son tour du monde n’a rien d’un long fleuve tranquille parce que Romain a toujours en tête de donner le meilleur. De quoi éprouver son IMOCA et ressentir quelques frayeurs : “La nuit d’avant, j’ai fait deux départs au tas, c’était chaud”. Cette semaine, PURE-Best Western s’est évertué à longer la “ZEA”, la zone d’exclusion des glaces avec des conditions plutôt clémentes. “Il n’y a pas de tempête jusqu’à la Nouvelle-Zélande, confiait Romain dimanche dernier. On devrait avoir un temps magnifique dans les jours qui viennent” soulignait-il en précisant néanmoins l’importance de veiller “aux bulles anticycloniques” qu’il convient de slalomer.

Ces derniers jours, il a aussi fallu être combatif. Comme le répète Romain, “le Vendée Globe, c’est une galère par jour”. Il y a eu ce safran qui a sauté et ce souci de grand gennaker en fin de semaine dernière, les quelques gouttes qui s’infiltrent par la barre (là où se situe les pilotes automatiques) et puis les départs au tas qui peuvent s’avérer particulièrement dangereux. Ces petits soucis expliquent notamment pourquoi Clarisse Crémer (Banque Populaire X) a repris l’avantage, même si elle dispose ce matin de moins de quatre-vingt milles d’avance (en écart Est-Ouest)

Dauphin, shampoing et barres chocolatées…

Comme toujours avec Romain, la bataille sur les océans ne lui fait pas oublier le bonheur d’être là. C’est le cas quand des dauphins noirs et blancs s’amusent dans le sillage de PURE-Best Western. C’est le cas aussi quand il s’offre un shampoing bien mérité, qu’il promet à la maitresse de son fils de ne pas utiliser de gros mots, qu’il tourne la caméra pour montrer le sillage de son IMOCA ou qu’il offre une visite improvisée de l’intérieur de son monocoque. Il s’en veut de ne “pas arrêter de manger des barres chocolatées” et rêve autant d’un steak-frite que d’une douche. “Des semaines sans prendre de douche, c’est un peu raide”, admet-il.

Mais la course n’attend pas et la progression, aux confins d’un océan si inhospitalier, se poursuit. Lors des dernières vingt-quatre heures, il avançait à une moyenne de 13,3 nœuds (24,5 km/h) et il sait que rien n’est acquis. D’ici quatre jours, une dépression avec du vent de face de quarante nœuds se présentera devant lui. Romain Attanasio en est plus convaincu que quiconque : sa longue route autour du globe est “encore semée d’embûches”.