Rencontre avec Erwan André, le joueur de l’Étoile Angers Basket. Il nous raconte son riche parcours et ses souvenirs. Malgré les embûches, il a su persévérer pour retrouver la compétition cette saison. Entretien.

Bonjour Erwan, pouvez-vous, nous parler de votre parcours sportif ?

“J’ai commencé le sport en pratiquant la natation, la judo, le vélo, puis j’ai accroché avec le football. Vers l’âge de de treize ou quatorze ans, j’ai vite grandi et c’est là, que je me suis dirigé vers le basket, où j’ai commencé en catégorie minime à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe, au club du New Star Basket. Ensuite, j’ai rejoint la sélection de Guadeloupe “GUY-MAR-GUA”, qui regroupait les jeunes minimes des Iles des Antilles-Guyane. Ce fut une belle expérience, car ce fut la première fois que j’allais en Guyane. Nous avions participé à des tournois inter-zones, qui représente en France à des tournois inter-régions. Ensuite, l’équipe qui remportait le tournoi allait disputer la phase finale en Métropole. A cette occasion, il y avait des recruteurs de basket qui étaient susceptible de nous repérer puis de nous recruter. A l’époque, il y avait eu Jean-François Martin, l’entraîneur des espoirs à Cholet Basket, qui était venu faire du repérage et superviser Rodrigue Beaubois (actuellement le meneur du club espagnol de Saski Baskonia) avec qui je jouais au New Star. J’avais seize ans.”

Et vous, comment avez-vous été repéré par un club ?

“Ce sont lors des détections, au pôle espoirs de Guadeloupe, que j’ai été repéré. C’est comme cela que j’ai intégré le centre de formation de Cholet Basket, l’Été suivant. Le plus difficile a été de quitter ses parents pour rejoindre la Métropole à l’âge de seize ans. C’était aussi le fait d’arriver dans un nouvel environnement et avec un changement de niveau. Avec en plus le changement de club, cela a été démoralisant. Il a fallu travailler dur et s’adapter.”

Que pouvez-vous, nous dire sur le club de Cholet Basket ?

“Cholet Basket est un club formateur, qui n’hésite pas à aller chercher des joueurs prometteurs, des Dom-Tom, en France d’outre-mer. J’ai évolué dans le centre de formation de Cholet pendant cinq ans, de l’âge de seize ans à vingt et un ans. J’ai eu la chance de faire tout mon cursus dans ce club. J’ai évolué deux saisons en Cadet et trois saisons en espoirs. J’estime avoir eu de la chance de rester aussi longtemps. D’ailleurs, j’ai signé mon premier contrat professionnel à l’âge de vingt ans.”

Puis, vous avez quitté le club ?

“Ensuite, j’ai été prêté au club d’Aix Maurienne qui évoluait en Pro B. Cela a été compliqué, car je quittais Cholet pour avoir du temps de jeu et cela ne fut pas le cas. Malgré une saison compliquée, j’ai appris d’un point de vue sportif. Je n’ai pas de regrets, même si j’aurais sans doute dû faire un autre choix sportif, car mon objectif était de trouver du temps de jeu en Pro B. Puis, je suis arrivé à Saint-Étienne en NM1. Ce ne fut pas non plus un bon souvenir, car j’ai été victime d’une grave blessure qui m’a coûté une saison blanche, l’année suivante.”

Après votre grave blessure, vous être revenu dans le Maine-et-Loire et en particulier à Angers ?

“Mon arrivée à Angers s’est faite naturellement. A l’époque, j’avais le statut de non muté, avec mon année blanche. C’est à ce moment-là, que Vincent Lavendier, l’entraîneur d’Angers Basket Club, m’a appelé pour que je rejoigne son effectif. Je me souviens que l’équipe était composée de jeunes joueurs, associés à des joueurs à la relance. Je suis arrivé dans un environnement que j’avais connu à Cholet Basket, ce qui était idéal pour moi afin de me relancer.”

Que pouvez-vous nous dire sur votre saison avec le club d’Angers Basket Club ?

“Ce fut une saison exceptionnelle, car sans avoir une grosse équipe, nous avions une superbe cohésion d’équipe. Cela nous a permis de monter en Pro B, avec un final four à la salle Jean Bouin d’Angers, dans une ambiance de folie.”

Malheureusement pour vous, l’aventure n’a duré qu’une saison avec l’ABC ?

“En effet, après une belle saison, le club n’a pas souhaité me conserver dans l’effectif de Pro B. Ce fut une grosse déception, même si c’est la loi du sport. Ayant fini la saison blessé, j’ai profité de la fin de saison pour me faire opérer.”

Comment s’est passée votre suite de votre carrière ?

“Forcément, après la belle saison avec Angers BC et la montée à la clé, j’ai eu pas mal de propositions. J’ai eu une proposition qui m’a tapé dans l’œil, provenant d’Orchies, qui venait d’être relégué en Nationale 1. Le club avait le projet de construire une grosse équipe afin de remonter immédiatement en Pro B. C’est d’ailleurs ce qui m’a fait signer dans ce club. Mais avec les réformes de la FFBB, deux semaines avant le début du championnat, le club a appris qu’il était repêché en Pro B. C’est à ce moment-là que le club s’est mis à recruter d’autres joueurs. Je me suis retrouvé dans une grosse équipe, où j’étais le seul à arriver de Nationale 1. Ce fut pour moi une saison difficile sur le plan du basket, car je n’ai pas eu beaucoup de temps de jeu. Mais collectivement, ce fut un bon souvenir, car nous avons effectué une belle saison en finissant à la septième place, qui fut le meilleur résultat du club à ce niveau. Et puis, nous avions de fervents supporters, avec la sixième affluence, Pro A et Pro B confondu, avec une moyenne de 4600 spectateurs. J’ai rencontré des personnes vraiment sympathiques. C’est une expérience qui m’a servi par la suite.”

Vous avez évolué principalement en championnat de nationale 1. Que pouvez-vous nous dire sur son niveau ?

“Je pense que c’est un bon niveau et un championnat qui me convient bien. Avec le recul, le niveau Pro B est sans doute trop haut pour moi, même si j’aspire à y évoluer un jour. On m’a souvent reproché d’être trop tendre pour la dureté de la Pro B. Ensuite, il y a plein de facteurs qui rentrent en jeu. Il y a plein de joueurs de qualité, qui n’ont jamais réussi à percer.”

Parlez-nous, un peu de vous ?

“Je pense que j’ai un gros mental, car avec toutes ses expériences et mes différentes blessures, je n’ai jamais rien lâché et cela m’a permis de toujours vivre de ma passion. C’est un atout.”

Puis, vous êtes parti en Provence ?

“Je suis parti jouer à Sorgues Avignon Pontet Vaucluse en Nationale 1 pendant six ou sept mois. Ce n’était pas évident de déménager à nouveau. Nous n’avions pas de grands joueurs, mais nous avions du cœur. D’ailleurs, on a manqué de peu l’accession pour les play-offs. J’ai été content d’évoluer dans ce club, car ce fut une bonne expérience, dans un bon climat.”

Vous avez alors fait votre retour en Anjou ?

“Étant en fin de contrat, Gilles Versier, l’entraîneur de l’Étoile Angers Saint-Léonard (Nationale 2), m’a appelé pour rejoindre le club. J’avais d’autres propositions, mais on me proposait moins de responsabilités dans le jeu. J’ai alors signé un contrat d’un an, car avec le projet de fusion avec le club d’Angers Basket Club, les contrats n’étaient que d’une saison. J’étais super motivé pour faire partie de la fusion entre les deux clubs. Tout était parfait, car je revenais dans la région, j’avais fait une bonne préparation d’avant-saison. Mais lors de la première journée de championnat, à Cognac (le 17 septembre 2016), je me suis fait la rupture des ligaments croisés. A ce moment-là, tout s’est écroulé et j’ai entamé une période de galère, tout ce que j’avais espéré et imaginé s’est écroulé d’un coup. C’est clairement la période la plus difficile de ma carrière. Je me souviens d’avoir voulu tout arrêter et de rebondir dans autre chose et pas forcément dans le basket.”

Comment s’est passée votre convalescence ?

“Je me fais opérer par Jérôme Pernin, qui est un très bon chirurgien à Angers, au village santé. Ensuite, je suis parti en rééducation à Nantes et je me suis investi à fond. Puis, je suis parti en région parisienne, dans ma famille, afin d’être soutenu dans cette épreuve. J’ai donc effectué une bonne rééducation de façon sérieuse, à Capbreton, c’était en février 2017. Ensuite, je suis rentré à Angers mi-mars, avec un moral et un physique retrouvé. C’est à partir de ce moment-là, que j’ai commencé à retoucher le ballon et à reprendre espoirs en mes capacités.”

Comment s’est effectué votre recrutement par l’Étoile Angers Basket ?

“Avec la fusion entre les clubs de l’Étoile d’Or Saint-Léonard et celui d’Angers Basket Club, l’Étoile Angers Basket devait recruter des joueurs non-mutés et le club m’a alors fait une proposition. Je pense que parce que c’était une proposition à Angers et où je connaissais les installations, que j’ai accepté la proposition, car sinon, je pense que j’aurais arrêté ma carrière. Mais dès que j’ai appris que j’avais l’opportunité de signer à l’EAB, j’ai été très motivé pour retrouver mon niveau physique avec celui qu’impose le sport de haut niveau. Je suis arrivé pour la reprise de la nouvelle saison. J’ai signé un contrat de deux saisons. Malgré l’incertitude du sport, j’ai vraiment envie de m’installer dans le club sur la durée, car j’ai envie de stabilité après avoir beaucoup voyagé.”

Comment jugez-vous le début de saison de l’Étoile Angers Basket ?

“Collectivement, pour le moment, on est dans les objectifs fixés, même si sur certains matchs, on s’est fait surprendre par trop de confiance. Même si nous sommes les favoris, on ne doit pas se relâcher. A titre individuel, je me sens de mieux en mieux. Au départ, j’avais un peu d’appréhension, mais cela va mieux avec plus de contacts. J’ai extrêmement confiance en mes qualités.”

Quels sont vos meilleurs souvenirs dans votre carrière ?

“Déjà, le basket m’a permis de beaucoup voyager. J’ai eu des titres avec les espoirs de Cholet Basket, où nous avions eu une belle génération. Nous avions été champions de France espoirs, deux fois de suite. Il y a aussi la montée en Pro B avec le club d’Angers Basket Club, conclus avec un final four, à Angers. Et puis, à titre personnel, c’est ma faculté à avoir réussi à rebondir, malgré les blessures et trois saisons blanches. Décrocher un nouveau contrat est une fierté, mais aussi cela montre ma force de caractère de n’avoir jamais renoncé.”

Avez-vous des personnes qui vous ont marquées dans votre parcours ?

“Je pense à Jean-François Martin, car c’est lui qui m’a donné ma première chance de rentrer dans le basket professionnel. C’est une personne avec qui j’ai beaucoup d’affinités et qui me suit toujours actuellement dans mon parcours. Il est toujours présent si j’ai besoin de conseils. C’est une personne de confiance en qui je peux compter. Au niveau des joueurs, il y a mon ami Rodrigue Beaubois. Il a toujours été présent pour me conseiller dans mes moments de doute, c’est quelqu’un que j’écoute attentivement.”

Avez-vous un petit mot pour la Guadeloupe ?

“J’ai une pensée à mon père qui me suit et qui est attentif à mon évolution, ainsi qu’à mes résultats sportifs. C’est un de mes fervents supporters et il est très chauvin. Je ne viens pas d’une famille de sportifs, mais ma famille m’encourage dans mon évolution. La Guadeloupe est un endroit où j’ai toujours plaisir à retourner, afin de revoir ma famille et mes amis. Je n’oublie pas d’où je viens.”

Avez-vous un mot de conclusion ?

“J’aimerais dire aux supporters de l’Étoile Angers Basket, de continuer à nous soutenir jusqu’à la fin de la saison, comme ils le font déjà, même si la saison est longue. Et puis, j’ai une pensée à Yunss Ackinocho, à qui je souhaite un prompt rétablissement et de revenir plus fort après sa blessure. Et puis, j’ai un petit mot pour les jeunes guadeloupéens qui aimeraient tenter leur chance en métropole, qu’il faut se donner les moyens de par ses ambitions et de beaucoup travailler pour réussir.”

Erwan ANDRÉ

Né le 16 Juillet 1989 à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe)

Poste : Ailier fort.

Club actuel : Étoile Angers Basket (depuis cette saison et la création du club)

Anciens clubs : New Star (Guadeloupe), Cholet Basket (centre de formation, puis espoirs et Pro A), Aix-Maurienne (Pro B – prêt), Saint-Étienne (NM1),  Angers BC (NM1), BC d’Orchies (NM1), Sorgues Avignon Pontet Vaucluse (NM1), Étoile d’Or Saint-Léonard Basket (NM2).

Palmarès :

– 2013/2014 : Vainqueur des Playoffs N1
– 2009/2010 : Champion de France Espoirs
– 2008/2009 : Champion de France Espoirs
– 2005/2006 : Vainqueur du Tournoi International Cadets de la Jeune France

Crédit photos : Eric MEILLAT – Flou2Rallye

Vidéo souvenir du titre de champion de France Espois en 2010 avec Cholet Basket !