Élu en novembre dernier, Sébastien CORNEC est arrivé au poste de président du district du Maine-et-Loire dans un contexte particulier et compliqué pour le monde du football amateur. Dans un entretien exclusif pour PassionSports49, il nous livre sa volonté de remobiliser les clubs, afin d’éviter une possible baisse du nombre de licenciés dans le département.

Bonjour Sébastien, quel est votre parcours dans le football dans le Maine-et-Loire ?

“J’ai toujours été dans le monde du football depuis l’âge de quinze ans à l’Eglantine de Trélazé. A l’âge de dix-huit ans, j’étais dirigeant de l’équipe première, puis je suis rentré dans le conseil d’administration de l’Églantine. J’y étais secrétaire adjoint, puis vice-président. En 2001, j’ai pris la présidence du club du FC Chalonnes-Chaudefonds jusqu’en 2006, puis de nouveau de 2009 à 2014. Je suis rentré au comité de direction du district pour la période 2012-2016, puis 2016-2020, qui fut une deuxième mandature cette fois-ci dans le bureau en tant que secrétaire adjoint du district. Enfin, j’ai été élu président du District depuis le 6 novembre 2020.”

Comment s’est déroulée l’élection ?

“Nous étions vingt sur la liste et il n’y avait qu’une seule liste. Les clubs avaient toujours la possibilité de voter contre, mais ils nous ont plutôt soutenus à une grande majorité puisque nous avons été élus à plus de 94% des voix. C’est un vrai soutien qui a été affiché de la part des clubs du département pour nous conduire à la tête du district pour les cinq prochaines années. La liste que je conduisais était représentative de l’ensemble du département avec des personnes qui viennent du Segréen, du Saumurois, des Mauges… Nous essayons d’avoir des représentants des six secteurs.”

Quelles étaient vos ambitions et vos projets pour vous faire élire ?

“C’est plutôt compliqué de répondre puisque l’on était en pleine crise sanitaire. Il est vrai que des ambitions, on peut en avoir, mais tant que l’on ne joue pas au football et qu’il n’y a pas de compétitions, c’est un petit peu compliqué. Ce qui est important pour nous, c’est de garder de la proximité avec nos clubs, d’être à leur écoute, de garder ouverte la maison du district et de pouvoir répondre à leurs attentes. La pandémie étant passée par là, je pense que notre principal axe de travail jusqu’à la fin de notre mandature, c’est de remobiliser l’ensemble des dirigeants. Depuis un an et demi, nous avons des dirigeants qui sont habitués à faire d’autres choses puisqu’il n’y a plus de compétitions. Je pense qu’il va falloir aider nos clubs à aller chercher de nouveaux dirigeants, à les fidéliser et à les remotiver pour qu’ils reviennent dans le monde du football.”

Comment comptez-vous aider les clubs du département après la pandémie ?

“Nous allons les aider financièrement. Nous avons fait quatorze visios avec tous nos clubs le 5 mars qui étaient co-animées en simultané. Ensuite, nous avons fait une autre visio de restitution le 2 avril dans laquelle nous avons apporté un certain nombre de réponses, et notamment des réponses financières. Sur la saison prochaine, nous allons faire une gratuité ou un avoir sur tous les engagements en championnat, cela représente 70,000 €, mais également les engagements en coupe, cela représente 48,000 €. Lors de la dernière Assemblée Générale, nous nous étions engagés à redonner aux clubs l’excédent qu’il y avait eu sur la saison dernière qui était de 19,000 €. C’est un engagement que l’on maintient et que l’on redonnera, sous une certaine forme ou une autre, à nos clubs sous forme d’actions. En plus du soutien financier, nous leur donnons aussi un soutien logistique en leur fournissant des informations sur d’autres aides qu’ils peuvent toucher : des aides départementales, des aides régionales, des aides nationales… Nous sommes également en train de voir avec la Ligue et la Fédération si nous pouvons faire une campagne de communication pour fidéliser ou recruter de nouveaux dirigeants et de nouveaux bénévoles, car nous nous devons de préparer la saison 2021-2022 le plus tôt possible.”

Est-ce qu’il existe une crainte de perdre des licenciés dans le département ?

“Oui, c’est un écueil possible. Nous avons déjà eu une baisse de licenciés cette année, de l’ordre de 5 à 6 %. La saison prochaine, il se peut que nous en ayons une également, ou du moins nous pouvons avoir des licenciés qui ne resignent pas tout de suite en attendant de voir comment va se passer cette crise sanitaire. Nous savons que nous avons une tranche de licenciés très attachés à leur club et à leur discipline. Je crois que c’est vraiment ce trio que nous devons avoir entre nos clubs, les instances et les municipalités qui ont tout intérêt à ce que leurs associations, footballistiques ou non, soient dynamiques au sein de la ville. Nous avons tous à y gagner à se fédérer pour réussir à capter et à conserver nos licenciés.”

La conservation des licenciés doit-elle passer par une campagne de communication ?

“Oui, nous avons posé la question à la FFF la semaine dernière pour savoir si elle réfléchissait à une campagne de communication. On nous a dit “peut-être que oui, peut-être que non”. Il y a un comité exécutif de la FFF qui va se tenir cette semaine et on espère qu’il y aura des informations qui seront descendues dans les ligues et dans les districts. En tout cas, si rien n’est fait au niveau de la FFF, je serais favorable et partisan pour que, au niveau de notre district, il y ait une campagne de communication auprès de nos licenciés.”

D’un point de vue général, que pensez-vous de la gestion de la crise sanitaire de la part de la Fédération Française de Football au sujet du football amateur ?

“Bonne question. Je pense que tout cela ne doit pas être très simple à gérer. Cependant, nous avons manqué d’informations et nous en manquons encore aujourd’hui. La réélection du président Noël Le Graët a eu lieu le 13 mars dernier et depuis le 13 mars, nous n’avons qu’une seule information, c’est l’annonce de l’arrêt des compétitions. Rien d’autre. Qu’est-ce qu’on fait au niveau des décisions disciplinaires sur les premiers mois du début de saison ? Qu’est-ce qu’on fait sur le statut de l’arbitrage ? Qu’est-ce qu’on fait sur le statut des éducateurs ? Qu’est-ce qu’on fait au niveau des labels ? Comment on reprend la saison en 2021-2022 ? Nous, nous avons besoin d’informations de la part de la FFF et, à ce jour (le 19 avril 2021), nous n’avons aucune information. Je trouve qu’il y a un manque d’information. L’arrêt des compétitions, c’était un secret de Polichinelle. Tout le monde savait que les compétitions allaient être arrêtées. Cela veut dire que, en amont ou dès le 13 mars, on pouvait commencer à travailler. Car, au final, ce sont nos clubs et nos licenciés qui attendent de voir comment tout cela va se passer. Mais nous aussi, les centres de gestion, nous attendons car cela peut avoir des conséquences sur nos finances. Donc oui, je pense qu’il y a un manque d’accompagnement ou de reconnaissance. Nous sommes un peu livrés à nous-mêmes et j’en ai un peu marre de dire à mes clubs “Désolé, je ne peux rien vous dire”. Nous attendons que ce soit la FFF qui nous donne les directives. De notre côté, nous travaillons sur la reprise des championnats, nous allons aussi relancer nos bénévoles qui sont moins présents.”

Qu’avez-vous prévu comme réformes pour la saison prochaine si elle reprend ?

“Au niveau des réformes, nous allons y aller progressivement sur la saison prochaine. Nos clubs sortent d’un an et demi dans lequel il ne s’est pas passé grand-chose. Je pense qu’il faut les laisser reprendre possession de leur club, retrouver la joie de se retrouver avec leurs licenciés, faire des manifestations pour faire rentrer de l’argent dans les caisses des clubs. Pendant toute la saison, nous serons à leur écoute et nous irons aussi les questionner sur la préparation de la deuxième partie de notre mandature, où il faudra que l’on réfléchisse à des modifications sur la composition de notre pyramide et des groupes. Je pense qu’il faut que l’on prenne le temps de la réflexion et que l’on associe nos clubs. La saison prochaine va plus être une remise en jambes, nous allons être à l’écoute, faire des groupes de travail et impliquer nos clubs.”

Comment définiriez-vous le football du Maine-et-Loire ?

“Il est fort. Nous avons six secteurs, ils sont à la fois différents et complémentaires. Nous avons des clubs très bien structurés, avec des emplois, et des clubs un peu moins structurés, mais cela leur convient, car c’est leur façon d’être. On a une représentativité complète au niveau du District, c’est ça qui fait sa force. Il y a des clubs partout sur le département, et puis surtout il n’y a pas de petits ou gros clubs. Tous les licenciés sont importants, qu’ils viennent d’un club de 100 licenciés ou d’un club de 500 licenciés.”

Pour terminer est-ce qu’un beau parcours comme celui de l’Olympique de Saumur en Coupe de France est un bon moyen de développer le football amateur dans le département ?

“Forcément. Après, la situation était particulière. Mais cela n’enlève rien au parcours de Saumur, que je félicite une fois de plus ici. J’ai eu l’occasion d’assister aux matchs contre Fontenay-le-Comte et contre la Montagnarde. C’était pour moi une joie d’être sur le stade Rives-du-Thouet à Saumur. Mais voilà, j’imagine qu’il y a eu de la frustration chez les autres parce qu’ils ne pouvaient pas jouer, mais surtout parce qu’ils ne pouvaient pas venir. Avoir le club de Saumur qui réalise un tel parcours en Coupe de France, c’est forcément bon pour le football du Maine-et-Loire et pour le football amateur, car cela montre que tout est possible dans notre sport.”