Rafael Nadal, Roger Federer ou encore Novak Djokovic, sont les grands noms du tennis d’aujourd’hui. Mais connaissez-vous Julien NAULEAU, juge de ligne dans le tennis ? Moins connu que ses prédécesseurs, il n’en reste pas pour autant essentiel pour le déroulement d’une rencontre. Roland-Garros, Internationaux de Tennis de Vendée, Challengers et tournois locaux, voilà un condensé de sa carrière dans l’arbitrage. Retour sur l’interview de ce vendéen de dix-neuf ans, travaillant dans l’ombre et côtoyant les plus grandes stars du tennis français et international.

Bonjour Julien, pouvez-vous, vous présenter (début dans le tennis et carrière dans l’arbitrage) ?

“J’ai commencé le tennis à l’âge de douze ans, après avoir fait du football. Je me suis inscrit dans un petit club pas très loin de chez moi. Suite à cela, étant licencié dans le tennis, j’ai vu un jour une annonce pour être ramasseur de balles à Roland-Garros, donc, je m’y suis lancé. Je suis allé passer les sélections et j’ai été pris. J’ai toujours continué le tennis, mais cette aventure m’a fait découvrir autre chose de tout aussi intéressant. Par la suite, je me suis lancé dans l’arbitrage en fin d’année 2014, en continuant à jouer au tennis.”

Comment se passent  les sélections pour devenir arbitre ?

“Pour devenir arbitre, il faut s’inscrire aux formations. Cela commence par la formation A1, le tout premier niveau d’arbitrage. À cette formation, on apprend tout d’abord l’arbitrage de chaise avant l’arbitrage de ligne, car l’arbitrage de ligne vient après. On commence à voir comment préparer un match vis-à-vis des joueurs, la position à adopter sur la chaise, les différentes annonces à faire pendant le match et donc après on peut commencer sur de l’arbitrage de matchs de petit niveau (quatrième série) pour mettre en place ce qui a été vu pendant la formation. Si cela fonctionne bien et que l’on se sent à l’aise, on peut se lancer dans l’arbitrage de ligne qui est quelque chose de différent, mais tout aussi bien.”

Quelles sont les qualités requises pour être juge de ligne ?

“Selon moi et par rapport à mon expérience personnelle, je dirai que pour être un bon juge de ligne, il faut avoir une bonne vue, c’est important pour bien voir ce qui se passe sur le court et pour être le plus précis dans ses annonces. Après il y a l’utilisation de la voix, pour apporter de la confiance à l’arbitre de chaise, lui montrer que l’on est sûr de son annonce, qu’on n’a pas douté de ce que l’on a vu. Il y a également la concentration d’important. Parfois, c’est dur de le rester sur un temps qui peut être très long, il y a aussi l’instant où la balle touche parterre où l’on doit être concentré pour donner la meilleure annonce possible.”

Avez-vous déjà rencontré des difficultés? (avec un joueur, autre arbitre, supérieur..) ?

“En général, quand on est juge de ligne, on ne rencontre pas de difficultés avec des joueurs, car si jamais un joueur vient nous dire quelque chose, on ne doit rien dire et le reporter vers l’arbitre de chaise. Les problèmes arrivent surtout quand on est juge de chaise. Par exemple, j’ai été amené, sur des matchs assez tendus, comme des matchs de Championnat de France en catégorie jeune où il y a eu des insultes et des comportements interdits sur un court de tennis, pas acceptables. Donc en général les problèmes sont entre joueurs et arbitres de chaise comme sur le court, c’est lui le grand patron.”

Comme vous nous l’avez dit, vous avez été joueur de tennis avant d’être arbitre, qu’est-ce que l’arbitrage, vous apportes de plus, comparé à votre statut de joueur ?

“Déjà en tant qu’arbitre, je peux me permettre de côtoyer de grands tournois : Roland-Garros, des Challengers, peut-être un jour des tournois ATP, avec des grands joueurs, voir de beaux événements. Ce sont des choses très difficiles à vivre en tant que joueur. Je ne pense d’ailleurs pas que cela aurait été possible pour moi. De plus, comme j’ai plus de réussite en tant qu’arbitre qu’en tant que joueur, cela me motive à faire plus et à aller plus loin. Un moment, il a fallu que je fasse un choix entre les deux et aujourd’hui, je ne le regrette pas.”

On sait que vous n’êtes pas tout seul en tant qu’arbitre sur un court, comment sont les relations entre les différents arbitres ?

“Pour ma part, que ce soit quand je suis arbitre de chaise ou de ligne, je côtoie des arbitres qui ne sont pas tout le temps les mêmes. Cependant, il y en a que l’on revoit toute l’année donc forcément cela crée des liens d’amitié, donc sur les tournois, c’est toujours une ambiance “bon enfant”, tout se passe super bien. On passe vraiment une super semaine et c’est très rare qu’il y ait des juges de ligne qui ne s’entendent pas. En général quand une personne se sent mal dans ce milieu, elle ne poursuit pas dans l’arbitrage. Tout se passe très bien, c’est vraiment une bonne ambiance.”

Quelles sont vos prochaines échéances ?

“Pour moi, la prochaine échéance, c’est le tournoi Future de Bressuire, la semaine prochaine en tant que juge de ligne. Ensuite, le gros objectif de l’année sera d’être sélectionné à Roland-Garros pour la seconde fois, ce ne serait vraiment pas mal (j’attends la réponse au début du mois de février). Sinon, j’ai postulé pour plusieurs tournois jeunes un peu partout en France, des Championnats de France, des tournois ITF Junior, donc sur le territoire de la France, entre avril et août. Donc, j’attends des réponses pour ces tournois.”

Quels sont vos objectifs principaux? Vous nous avez parlé de Roland-Garros, avez-vous d’autres souhaits de tournois majeurs?

“Cette année, j’ai aussi postulé pour le tournoi  Rolex Monte-Carlo Masters, donc évidemment la sélection est très compliquée, car il y a beaucoup de monde qui veut y aller et c’est un très beau tournoi donc il est très demandé. J’ai postulé, on verra ce que cela va donner, même si j’ai peu de chances d’y aller, il faut toujours tenter. Mon but, si je retourne à Roland-Garros, sera d’être encore meilleur que l’année dernière pour aller encore plus loin dans le tournoi et toujours continuer à m’améliorer. À très long terme, pour l’année 2019, mon objectif serait de passer le grade d’arbitrage national, l’A3.”

Vous êtes étudiant en deuxième année STAPS, est-ce compliqué de concilier études et arbitrage ?

“C’est vrai que c’est parfois compliqué, car déjà, on n’a pas beaucoup de vacances sur l’année universitaire. Souvent les tournois se déroulent pendant les cours, c’est donc à moi de gérer. Quand je postule sur des tournois, je sais que je peux être amené à manquer des cours donc c’est à moi de rattraper derrière. En général, cela ne se passe pas trop mal, surtout que l’IFEPSA (NDLR : école où Julien étudie) est à fond dans mon projet aussi, pour l’instant dès que j’ai eu des tournois où il fallait rater des cours, l’IFEPSA ne s’y est jamais opposée. Tant que j’arrive à concilier les deux, cela marche très bien et je continue comme cela.”

Comme vous le dites, cela peut être compliqué à concilier avec les études, avez-vous pour projet d’en faire votre métier ?

“C’est vrai que cela peut être possible, il y a plein d’arbitres internationaux qui ne font que cela toute l’année. C’est un métier de rêve, de faire le tour du monde, d’aller sur des très beaux tournois toute l’année, c’est quelque chose de très sympa. Après, moi je préfère que cela reste une passion et que je fasse un autre métier en parallèle. J’ai peur qu’à long terme, faire cela tout le temps ne me stimule pas assez. Je préfère donc aller au bout de mes études et grâce à ces études-là, faire un métier qui me plaît et garder l’arbitrage en parallèle. Faire les deux en même temps peut être bien. Après c’est vrai que cela peut être une solution de recours dans tous les cas.”

Donc, souhaitez-vous tout de même continuer l’arbitrage ?

“Tant que j’ai le temps et l’envie de le faire, je ne vais pas arrêter l’arbitrage. Après évidemment si un jour je trouve un métier qui me prend vraiment beaucoup de temps et qui m’empêche de faire de l’arbitrage, forcément je réduirai. Je ne pense pas que j’arrêterai complètement, dans tous les cas, car cela reste quelque chose que j’aime bien et je ne me vois pas du tout arrêter pour l’instant.”